lundi 31 décembre 2007

Surtout


C'était dimanche 23 décembre la centième de la panique au Mangin Palace, l'émission écrite les deux doigts dans la prise, sur France Inter.
Chaque semaine, la Panique choisit de développer un thème à sa façon. De Jésus aux super-héros, de la gourmandise à la jalousie, de Marseille aux flics, tous les thèmes sont développés avec joie et allégresse sous un angle toujours rafraîchissant et délicieusement sarcastique au gré des actualités pipeulo-politiques.


Le génie de l'émission ne tient cependant pas tellement à la variété des thématiques qui passent au gril des doux dingues. La trouvaille remarquable est d'entrecouper le propos d'extraits de sons d'archives de toutes sortes (chansons, interviews, reportages, dialogues de films, vieux slogans publicitaires, journaux télévisés ou radiophoniques) qui viennent prendre le relais de la narration afin de l'illustrer pour le plus grand bonheur de nos zygomatiques.

L'émission a su imposer au fil des ans un ton véritablement reconnaissable. Drôle à n'en pas douter mais avec un oeil volontiers subjectif sur la façon dont se déroule le monde, elle donne quelques motifs d'espoir sur la capacité du monde audiovisuel à faire preuve à la fois de créativité, d'humour et de sens critique aiguisé.


Pour leur centième, les furieux de la Panique nous ont proposé d'être France Inter.
Ainsi pendant une heure se sont succédé de nombreux clins d'oeil émouvants pour qui aime cette station résolument éclectique. Philippe Collin n'oublia pas Jean-Luc Hees et bien d'autres qui ne figurent plus dans les murs familiers, dont Frédéric Bonnaud qui se déchaîne depuis lors sur les ondes d'Europe 1.
Ce fut un salut chaleureux et qu'on sentait vibrant de la part de la voix de la Panique, un tremplin qui ne donna que plus de sens à la rituelle phrase de clôture du programme pétillant comme du champagne qui jamais ne s'évente :


surtout, ne lâchez rien

vendredi 28 décembre 2007

French Vatican



Où est l'espérance ?
Pour certain personnage, elle se situerait dans le crâne (ou le coeur...), en tout cas, là où loge la foi en un dieu. L'espérance serait même, pour ce type de personnes-là, l'autre face de la foi.
Autrement dit, sans foi, pas d'espérance, donc vilenie, Mal, patin couffin...

Aussi, dès lors que des hommes de progrès cherchent à cantonner le domaine de la foi à celui des consciences et des options de vie privée de chacun (concept certes élastique pour certain jogger occasionnel), certain globe-trotter frénétique s'imagine que c'est l'espérance qu'on tue dans l'oeuf, le croyant qu'on paganise de force.

Penser à ce point que la lumière ne pourrait venir que de la religion, c'est faire bien peu de cas de la puissance de la raison (qui n'est pas réservée aux athées ou aux agnostiques, la raison contrairement à la foi, ayant cette extraodinaire particularité : elle est accessible à qui en prend la peine).

La raison n'est plus à la mode, elle est devenue ringarde à peu près en même temps que les Ray Bans sont revenus en grâce, invitant les sympathiques lunettes rondes de John Lennons utopiques à rejoindre le peloton de liquidation d'un esprit qui se voulait avant tout émancipateur, il y a bientôt 40 années.
Si l'on ne peut pas être fier d'être né quelque part, on peut faire un peu plus que s'accomoder de lois qui façonnent une nation. On peut aimer vivre en France pour sa loi de 1905, pour l'extraordinaire intelligence du compromis historique qui a été réalisé par les représentants du peuple.

Plus d'un siècle nous sépare de ce moment fondateur d'une façon de penser la liberté de l'individu dans la société...
Sheila n'était même pas née...
Benazir Bhutto n'était même pas morte...

lundi 17 décembre 2007

Montrer son coeur



Dur de décrire le sentiment qui nous traverse lorsque, entre un spot pour
l'indispensable désodorisant intérieur saturé de produits chimiques et un autre pour le jambon de tradition sous cellophane, nos oreilles reconnaissent des notes familières et desquelles on était déjà amoureux avant qu'elles soient ainsi jetées en pature à la voracité des consommateurs.
Compliqué de conserver son flegme et son vocabulaire empreint de courtoisie quand, confiant le privilège d'un coup de foudre musical bouleversant à un ami, celui-ci finit par vous lâcher "Ah oui, c'est la pub pour La Poste".


Assurément, tel qu'est fait notre monde, il y a là une reconnaissance que l'on juge légitime pour un artiste qui nous a procuré des émotions. Pourtant, au-delà du sentiment que l'utilisation de l'oeuvre pour la promotion d'un produit constitue un sacrilège, l'intime conviction que l'on aurait dû jalousement conserver pour soi ce joyau est encore plus puissante.


Pour que telle violation du domaine réservé du mélomane transi soit possible, il faut pourtant bien qu'une madame ou un monsieur dont c'est le métier aient consenti d'eux-mêmes à se livrer au sacrilège d'apposer des notes chéries sur un message publicitaire.

Ainsi certains n'hésitent pas aller au coeur de leur univers intime afin de trouver les ressorts inconscients qui contribueront à faire acheter un monospace au célibataire.

mercredi 12 décembre 2007

Sous les apparences



Ceci vous a peut-être échappé hier, mais l'Olympique de Marseille a remporté une victoire nette et sans bavure*.

Deux clubs français se présentaient cette année à l'examen de passage vers les huitièmes de finale de la Ligue des Champions. Deux Olympiques qui se livrent une concurrence clandestine hors terrain ont eu l'occasion de mesurer ce que jusque là tout le monde s'accordait à penser comme inévaluable : la popularité d'un club de football français.

On peut ne pas aimer TF1, c'est même très facile, mais on ne peut que reconnaître la capacité de ceux qui dirigent cette chaîne à flatter le spectateur dans le sens du poil. Aussi, alors que les deux clubs français se trouvaient dans une situation quasi-équivalente en terme d'enjeu sportif, le choix de diffusion du match de la première chaîne s'avérait crucial. Qui de Marseille (face à Liverpool) ou de Lyon (face à Glasgow) serait susceptible de séduire le plus grand nombre de cerveaux disponibles ?

Malgré plus de dix ans de résultats qui inspirent un rire moqueur obscène, malgré les coupes de cheveux de Djibril Cissé, malgré la déculottée magistrale que beaucoup redoutaient et qui ne manquerait pas de heurter la sensibilité des jeunes spectateurs, TF1 a opté avec courage, à une heure de grande écoute, pour le match de Marseille.
Il n'en fallait pas plus à tout nostalgique de la nuque longue de Chris Waddle pour en tirer la conclusion qui s'imposait quant à la popularité toujours vivace de l'Olympique de Marseille.
En toute objectivité, bien sûr.



* attention, article ayant vaguement trait au football


lundi 10 décembre 2007

Le battement d'aile



Jean-Paul Cluzel peste après les privatisations.
Le président de Radio France ne s'est pas pour autant engagé dans un combat pour la défense du service public. Simplement, le fait qu'une entreprise publique passe en des mains privées le prive d'en faire la promotion sur ses ondes. Libération nous rappelle en effet aujourd'hui qu'au terme d'un décret de 1987, Radio France est seulement autorisée à retransmettre des messages à caractère de «publicité collective et d’intérêt général».

Ainsi, dès lors que GDF représentera principalement des intérêts privés, terminées les jolies vocalises aériennes qui vantent les mérites du gaz naturel sur France Culture.

Le problème de Cluzel, c'est que des entreprises publiques finançant juteusement leur réclame sur les ondes, cela tend à devenir aussi rare qu'une émission de Frédéric Bonnaud sur France Inter.
Du même coup, voilà qu'à la définition du fameux décret empêcheur de financer en rond ne répondent guère plus que de vagues instituts confidentiels et bien peu généreux en termes de gratifications auto-promotionnelles (Matmut, MAIF, ministère du rachat des RTT, etc.)
Il deviendrait ainsi de plus en plus compliqué de financer le service public avec des partenaires aux capacités de financement de la communication moindres dans un cadre strict de durée de publicités sur les antennes publiques. De la quadrature du cercle.

Jouons un peu aux solutions envisageables :
- pour que l'on redistribue les bénéfices de Madrange à chaque passage de Bernard Laporte à l'antenne, tapez 1*.
- pour vendre 3% du capital d'EDF et en faire bénéficier Radio France, tapez 2*.
- pour délocaliser la Maison de Radio France en zone dollar, tapez 3*.
- pour que l'on finance la radio publique par la vente de calendriers coquins FIP, tapez 4*.

* 116 euros le sms hors coût opérateur, bénéfices entièrement reversés à l'association "sauvons le jeu des 1000 euros"

vendredi 7 décembre 2007

Une galaxie qui s'agrandit



Zoom Europa a dirigé son objectif sur Francesco Lotoro.
Ce musicien italien a entrepris depuis plusieurs années de chercher certaines partitions bien particulières.

Nombre de musiciens sont passés dans les camps de l'horreur. Les nazis s'en servirent parfois pour leur propagande en véhiculant l'image de camps qui laissaient place à l'expression créatrice de chacun.
C'est pourtant dans la plus fréquente clandestinité que les artistes penchés sur leur papier noircissaient de points les lignes horizontales qui leur permettaient l'évasion la plus totale. Lotoro ne veut pas que ces morceaux de vie écrits aux portes de la mort disparaissent à jamais. Il a donc entrepris de récupérer toutes les oeuvres qu'il pourrait, de les travailler et enfin de leur donner véritablement corps au coeur des instruments.

Certaines des oeuvres retrouvées se sont avérées être des bijoux. Ainsi en va-t-il des partitions rédigées par Emile Goué, Rudolf Karel et bien d'autres. La plupart d'entre elles trouveront prochainement place dans une médiathèque de Rome entièrement dédiée au recueil de ces pans de mémoire.
L'objectif du pianiste italien est cependant que le travail spécifique auquel il s'est astreint fasse des oeuvres exhumées des oeuvres comme les autres. Son labeur permettra à des morceaux qui auraient pu rester prisonniers de l'oubli de rejoindre les milliards d'étoiles au milieu desquels il nous est si indispensable de promener les oreilles.

mardi 4 décembre 2007

Elève appliqué




Tout à sa joie de compter parmi les prix d'excellence de la République, Nicolas Sarkozy s'est-il quelque peu laissé emporter par la griserie des félicitations internationales ?

On l'imagine, tout petit, admiratif et envieux devant les images des rencontres des chefs d'Etat français et étrangers. Leurs embrassades tantôt fraternelles, tantôt empreintes de réserve diplomatique, comblaient probablement la fascination du jeune homme pour la subtilité de l'exercice du pouvoir.
On le visualise très bien, attentif aux réactions officielles des Présidents qui ont jalonné l'histoire de la République. Des Présidents qui exprimaient leur indignation, leur horreur, leur soutien cordial, leur solidarité, au gré des événements du monde.

Chacun peut regretter la tiédeur ou bien encore les excès des positionnements qu'ont eu à tenir chacun des premiers élus de l'histoire récente de France. Ce qui leur est demandé est pourtant, avant toute autre appréciation qualitative, d'assumer une ligne claire et lisible, donc mûrement pensée.

C'est à cet ex-jeune homme désormais d'engager la voix de la France dans le concert des commentaires internationaux. La précipitation ou l'automatisme de l'adresse des hommages peuvent-ils y avoir une place ?


mercredi 28 novembre 2007

Dans la matrice



Ainsi le Président a profité de son voyage en Chine pour potasser des mesures à destination du pouvoir d'achat...

On avait dû mal comprendre lorsqu'il s'était enorgueilli d'être le candidat du pouvoir d'achat, car en réalité, c'est aujourd'hui que les choses sérieuses commencent.

Jusque là, tout un pays a été victime d'une hallucination collective.
Les choses se sont déroulées comme si les français avaient été les jouets d'une manipulation leur ayant fait gober que les promesses de pouvoir d'achat et la libération des heures supplémentaires, jusque là enserrées dans un carcan socialo-communiste, avaient eu un lien. L'autre répondant à l'une.

Alors quoi...
Faille spatio-temporelle ?
Bug d'une interface informatique qui aurait aspiré nos perceptions ?
Si les français attendent des réponses économiques et sociales, il n'apparaîtrait cependant pas inutile de les éclairer sur ce gigantesque mirage dont ils ont été les victimes pendant la campagne et durant les mois qui ont suivi.

Car là est bien le mystère.

Tout laisse à penser qu'on ne nous a jamais promis que gagner plus était une simple question de volonté.

Les heures supplémentaires défiscalisées n'ont jamais eu pour objectif d'augmenter le pouvoir d'achat.

Il n'y a jamais eu de loi TEPA.

samedi 24 novembre 2007

Brassens submergé



La plage de Sète va-t-elle disparaître ?

En transition du journal de 14 heures et de l'émission CO2 mon amour, la journaliste n'a rien trouvé de mieux après la litanie des mornes nouvelles, que de nous asséner le coup de grâce assassin.
Plage de Sète : tout un écosystème menacé par la disparition de dunes, une côte qui recule inexorablement devant la mer sans marée, des milliards de grains de sable qui ne s'aggloméreront plus en châteaux.

Sète n'est pas la seule plage menacée, loin de là. Mais aujourd'hui, il en va de la tombe imaginaire du sétois.
Imaginaire, mais très concrète pour qui s'est abandonné au rythme lancinant et fatal de la Supplique.
Alors, on imagine la croix du poète se dresser puis se coucher pour l'ultime bonheur post-hume avec les jeunes femmes prenant la butte pour oreiller, les pieds dans l'eau. Après quoi, la tombe rejoindrait définitivement les vieux amis dauphins qui remplaceraient les amis qui s'abritaient autrefois sous le pin parasol.

En bien d'autres endroits de France et d'ailleurs, les océans grignotent plages et falaises avec un appétit que l'on jugerait insatiable. Les hommes vont peut-être parvenir à dessiner le monde et les continents, mais sous l'empire de quelle folie tiennent-ils le crayon ?
Bientôt Quimper sur Plage ?

...
...

Si, oui... Où c'est qu'on met les parkings ?

mardi 20 novembre 2007




Les Cèdres,
12 mars 1986,
Chroniques de la Haine Ordinaire



Nous irons au Mexique pour voir trembler la terre quand les fêlés du ballon s'éjaculent des vestiaires.

Nous irons à Rio compter les enfants pauvres avant d'aller danser en bermuda résille.

Nous irons à Moscou faire de la planche à voile sur la Moskova bleue à portée des étoiles.

Nous irons à New York sucer des sorbets mous au fond d'un taxi jaune derrière un nègre roux.

Nous irons à Jérusalem comme à Berlin nous lamenter au pied du mur.

Nous irons à Colombey en chemise au nouveau son des deux églises.

Nous irons à Vichy dans la rue maréchale goûter les eaux thermales avec Anne-Sophie.

Nous irons, mon colon Bigeard, filmer l'ultime colon bêcheur à Colomb-Béchar...

Nous irons au fond du désert compter les bouts d'hélicopère oubliés cet hiver sous la poussière automobile.

Nous irons à Cuba pêcher la Langouste, nous irons à Lorient pêcher le hareng.

En revenant de Glasgow, nous irons à Bruxelles-Grand-Place baiser en parachutistes à l'hôtel Amigo dans la chambre à trois glaces, go.

Nous irons au fond des Carpates pour frissonner au loup-garou et voir s'enfiler les blattes dans le cimetière aux hiboux.

Nous irons à Tananarive, pour voir si ta nana revient.

Nous irons un de ces jours, c'est sûr, mon amour, avec l'AS Oradour aux Jeux d'été d'Hiroshima.

Nous irons à Pékin pour bouffer chez Maxim's et pour voir si la Chine commence à s'habiller Cardin.

Aux heures méditerranéennes, nous irons à Ibiza défoncer des Norvégiennes en chantant Mélissa.

Nous irons au sud du Portugal où chaque été des Anglais vieux viennent se shooter au Gardénal dans des palais ignominieux.

Nous irons au bout du monde. Et jusqu'à Paris-sur-Seine, où la Tour est folle, et la Joconde en bois, ce qu'on sait peu.


Nous irons au bout du monde, mais...


Nous n'irons plus au Liban, les cèdres sont coupés, les enfants que voilà ne savent plus chanter.


Plus qu'un choix



Les militants quimpérois vont choisir. Dans deux jours, ils glisseront dans l'urne prévue à cet effet le nom de celle ou de celui qu'ils souhaiteront voir concourir à l'exaltante aventure que constitue la campagne municipale.

Tous les socialistes de cette section ont eu l'occasion de cotoyer et d'écouter Armelle Huruguen, Marc Andro et Bernard Poignant. En chacun d'eux vibre Quimper, sa culture, son histoire, ses quartiers. Aujourd'hui, il nous est demandé qui aura à engager son avenir. Qui amorcera le changement.

Armelle et Marc aiment leur ville et l'ont prouvé à maintes reprises en tant qu'élus. Leur contact et leur discours auront été éminemment enrichissants. Désireux que leur travail s'exprime encore à l'avenir pour le bien de Quimper, mon choix se porte cependant sur Bernard Poignant.


Fort d'une expérience incontestable, doté d'une vision ambitieuse et généreuse de sa ville, pétri de pédagogie et résolument ouvert d'esprit, Bernard peut être le maire qui saura faire vivre l'alchimie d'une équipe municipale.

Plus qu'un choix, une chance.
Il assumera cet avenir immédiat qui nous engagera pour les temps les plus éloignés.

jeudi 15 novembre 2007

Sacs non fournis

Mardi soir, l'association la Liberté de l'Esprit avait invité Noël Mamère afin de contribuer à la conférence mensuelle présentée depuis fort longtemps par l'association.
L'éduc au PS et l'éléphant rose se sont fait les relais de cette soirée sympathique et plutôt instructive qu'on s'intéresse un tant soit peu à la pensée politique. Le souci de Noël Mamère de toujours placer l'homme au coeur de l'enjeu du combat pour l'environnement ne pouvait que convaincre, si besoin était, de tenir pour acquise l'urgence de la préservation des équilibres naturels.

Ce n'est pas ce que semblaient penser deux des personnes présentes au moment de l'échange traditionnel entre la salle et l'intervenant.

L'un émettant d'abord plus que des doutes sur la responsabilité des hommes dans le bouleversement climatique avant d'avancer l'hypothèse que le réchauffement climatique n'était peut-être pas si mauvais pour la planète.
Amis de la bonne conscience, bonsoir.

L'autre n'hésitant pas à voir un lien entre combat pour la planète et combat pour l'interdiction de l'IVG.
Amis du prétexte nauséabond, bonne nuit.


lundi 12 novembre 2007

Foot culture



J'en vois déjà qui ricanent suite à la lecture du titre...

Pourtant, il y aurait tant à dire sur la culture football. Car culture foot, il y a. Et si l'évocation du mot "Bernard Mendy" ou de "Jack Kachkar" ne provoque pas chez vous de rires aussi fournis que la lecture du titre, c'est que cette culture vous a irrémédiablement échappé.
CQFD.

Le monde de l'édition française, notamment, commence enfin à reconnaître cette culture puisqu'elle laisse le champ à une vraie exploration du phénomène football. Les anglais connaissent ceci depuis fort longtemps, dans un pays où il paraît inconcevable que chaque individu n'ait pas de club de coeur à perpétuité. Le phénomène s'est accéléré en France après la Coupe du Monde 98. Comme si devant l'arrivée de nouveaux supporters marquetés, les amoureux du ballon rond de toujours avaient ressenti le besoin de redéfinir leur passion et de la mettre en mots avec tout ce qu'elle peut avoir de significatif sur leur façon d'appréhender le monde.

Ainsi Pierre-Louis Basse, auteur d'un livre sur Guy Mocquet avant que celui-ci ne détrône Che Guevara au hit-parade de l'insoumission chic, décrit la fin d'une illusion dans Séville 82 : un souffle de jeunesse virevoltant et inventif qui se heurte à un mur de brutalité réaliste. François Bégaudeau, en nous exhortant à Jouer Juste, vit quant à lui la philosophie d'un entraîneur de football comme la métaphore d'une façon d'aimer en allant droit au mur.

Cette dimension, jusqu'alors effleurée par la presse française, prend son essor avec la naissance d'un mensuel (voir ci-contre) tourné vers la thématique foot dans tous ses aspects : du tableau noir à la musique, du cinéma aux frasques de nos bipèdes en short préférés.
N'y est jamais négligée la tentative d'expliquer ce qui se passe dans les tribunes des stades.
Les tribunes naissent, vivent, évoluent et parfois meurent. On peut n'y voir qu'un troupeau d'écervelés beuglants... Pourtant, la population qui y prend place n'est pas monolithique, tout comme la constitution des spectateurs de Santiago Bernabeu, à Madrid, ne relève pas de la même histoire sociologique que celle du stade San Paolo, à Naples.

Parler de culture football, enfin, c'est aussi beaucoup parler de nostalgie. Comme si ce qui nous amenait au football, ce qui forge notre âme d'éternel gamin ne collait plus avec beaucoup des choses qui se déroulent sous nos yeux. Comme si tout cela était allé trop loin sans avoir pris la peine de nous laisser monter dans le wagon.

mercredi 7 novembre 2007

Culture, confiture, cyanure



Cédric Klapisch s'est fendu d'un article dans Le Monde. Il tire la sonnette d'alarme suite à une recommandation du Président de la République à sa ministre de la culture, Christine Albanel :
"La démocratisation culturelle, c'est veiller à ce que les aides publiques à la création favorisent une offre répondant aux attentes du public."


Une phrase a priori banale mais loin d'être innocente et dénuée de sens. Elle semble considérer que les formes d'expression culturelles en marge ou simplement un peu confidentielles n'aient plus droit de cité dans les budgets publics si elles ne sont pas économiquement auto-suffisantes. Au delà de l'aspect mécaniquement absurde, cette considération touche directement à ce qu'évoque Guillaume Bachelay lorsqu'il considère qu'un siècle après la séparation de l'Etat et de l'Eglise, le temps est venu d'un autre partage, d'une autre laïcisation entre ce qui relève du marché, du profit, du court terme, et ce qui n'en relève pas - la santé, l'éducation, la culture, l'énergie, l'environnement.

Un thème déjà évoqué brillamment par Monsieur l'éduc au PS, qui s'inquiétait à fort juste raison de la montée d'une opposition entre culture de masse et culture de l'élite, y compris à gauche. Plus que jamais, nous devons affirmer que la culture a cette particularité : elle s'adresse à ce qui nous est intime. C'est tout autant notre coeur que notre tête qu'elle vise à ébranler, à titiller, à amuser, à explorer, à éclairer.
Le coeur et la tête de chacun... autant de cibles à qui les cultures s'adressent. Seule la diversité des expressions artistiques a donc un sens puisqu'elle est la conséquence du caractère unique de chaque être.

La démocratisation culturelle, c'est considérer que, sans avoir aimé un film, on doit se battre pour que chacun puisse être en condition de le voir.

mardi 6 novembre 2007

lundi 5 novembre 2007

Ouverture



2003 a vu débouler dans nos oreilles deux drôles de minettes. Deux soeurs, pas siamoises pour un sou, mais qui ont à voir de près avec les félins. Cocorosie démarrait sa carrière et se posait là comme quelque chose qu'on attendait sans même y avoir jamais pensé.

Des bruits de rideaux que l'on tire, des boîtes à musique, des pianos de bébés, un chant de coq mal enregistré, on met très vite des images sur les sons qui nous parviennent. Alors qu'elles livrent petit à petit leurs morceaux enregistrés dans des pièces minuscules, elles dessinent de leurs doigts fins des scènes oniriques tantôt oppressantes, toujours intimistes. Dans ce drôle de souk, les voix des soeurs se mêlent et le chaos né des bruits étranges prend un autre sens, tous les éléments composent alors un art cohérent, délicat et très fragile. Ce sentiment traverse aussi bien leur premier disque, La Maison de Mon Rêve, que leur second, Noah's Ark, sur lequel figure le splendide Beautiful Boyz, en duo avec l'androgyne elvisien d'Antony and the Johnsons.



Coco et Rosie ont sorti cette année leur troisiéme opus. Il ne faut pas se le cacher, on a beau s'être régalé sur les premiers albums, on craint la lassitude dans un genre à l'équilibre si précaire.
Que nenni ! The Adventures of Ghosthorse ans Stillborn a mis d'énormes coups de maillet dans les murs qui servaient de studio d'enregistrement. Le son qui nous parvient désormais est plus chargé en oxygène que les poumons de quinze Jacques Mayol. Empruntant nettement plus aux rythmes hip-hop, elles élargissent leur palette comme une promesse d'un jeu toujours plus audacieux.
Un tournant risqué, un virage réussi, mais une fidélité à ce qui ont fait d'elles des déjà grandes. Après leurs atmosphères confinées, elles ont su nous montrer comment on pratiquait l'ouverture en intelligence et en sensibilité mais sans jamais rien céder de ses propres idéaux.


jeudi 1 novembre 2007

Légitimédiation



Les trompettes de la communication veulent nous faire croire que les pouvoirs du Parlement sortiraient renforcés des pages du rapport du comité Balladur. Ces éminents représentants, dont on sait qu'ils étaient pour la plupart notoirement favorables à une présidentialisation du régime, nous l'ont claironné sur toutes les ondes, tous les tons et à toutes les sauces.

Selon ses membres, le comité n'aurait fait que prendre acte de certains usages concernant le pouvoir réel du Président de la République, seul vrai chef de l'exécutif en temps de concordance des majorités

Deux solutions étaient dès lors envisageables.
Soit le comité, comme une chambre d'enregistrement, ménageait et confortait le rôle du Président en inscrivant les faits dans le droit.
Soit il corrigeait la perversité de l'usage du pouvoir en clarifiant les rôles de chacun des acteurs politiques dans la Constitution.
Comme certains préconisent la légalisation du dopage dans le sport au motif que celui-ci se banalise, le comité a choisi la première option, celle de la présidentialisation, notamment en réorientant, dans le texte, les pouvoirs principaux du gouvernement vers le Président lui-même. Il a donc considéré que le gouvernement aurait moins de légitimé que le Président de la République, papounet médiatique d'une nation toujours plus infantilisée... Je ne crois cependant pas me souvenir que le gouvernement de Lionel Jospin ait été soupçonné d'une quelconque illégitimité à côté d'un Président pourtant élu depuis moins de deux ans...

Car là est bien le problème, en identifiant le Président comme responsable de la définition de la politique de la Nation, le comité semble considérer comme peu probable l'hypothèse de la cohabitation, faisant fi de l'éventualité d'une crise politique, que le score de François Bayrou à l'élection présidentielle rend pourtant largement du domaine du possible dans les années à venir (fin du système bipolaire, émergence d'un centre déterminant pour l'identification des forces gouvernantes). D'autre part, la possibilité offerte au pouvoir législatif de contrôler l'action du gouvernement au point de pouvoir le démettre n'a de sens que dans la mesure où cet organe collégial est le véritable maître des décisions politiques.
En réalité, si on ne retire rien du pouvoir du Parlement (on en rajoute même un peu), on lui nie par la bande la possibilité d'une sanction politique à l'encontre de l'initiateur des politiques exercées.

mardi 30 octobre 2007

Ce qu'il y a derrière trois fois rien



La Question Humaine est un film de Nicolas Klotz adapté du roman homonyme de François Emmanuel.
Simon (Mathieu Amalric) est cadre d'une multinationale pétrochimique, la SC Farb. Il évolue dans un univers aseptisé où les cadres sont rasés de près et où l'initiative individuelle n'est qu'une illusion.
Tout concourt à mobiliser les esprits des cadres dans un objectif unique : le bien-être de la société Farb, pour la plus délicieuse satisfaction
de ses actionnaires.
De par son poste de psychologue, Simon a une place d'importance dans la tenue du dossier ressources humaines. Recrutement, séminaires d'adaptation et de motivation, plans sociaux; les dirigeants de l'entreprise, Mathias Jüst (Michael Lonsdale) et Karl Rose (Jean-Pierre Kalfon), sont parfaitement conscients de ses compétences et de son engagement.
Quelque chose cloche bien évidemment dans ce tableau trop gris et glacial.

Les mots sont parfois utilisés comme des systèmes froids, déresponsabilisants et destructeurs.
Simon et le spectateur vont découvrir (ou redécouvrir) que lorsque l'on vide la langue de son sens, on peut cacher derrière des mots vides, techniques et neutres des idées précises, orientées et dangereuses.
Ces tournures de phrases permettront d'autant plus facilement l'adhésion qu'elles donneront le sentiment de n'engager à rien... comme une notice d'utilisation agrémentée de conseils qui ne mangent pas de pains et qui ménagent la bonne conscience de ceux qui y souscrivent par leurs tâches quotidiennes.
La banalité n'est pas toujours là où on voudrait bien nous le faire croire. Elle peut se dissimuler derrière le sensationnalisme d'images bling-bling qui amusent les yeux et délient les langues, mais sert également de déguisement pour grignoter ou dévorer, bien planqué, toute idée de dignité.

dimanche 28 octobre 2007

Objectif Mars



Mars 2008 ne sera pas que l'épilogue du Combat Ordinaire.

Toutes les communes de ce pays seront amenées à désigner celle ou celui qui les représentera six années durant.

Pour la première fois, les enjeux municipaux transcendent les préoccupations locales habituelles. Jamais les nécessités de cohésion sociale et de développement durable ne se sont faites si urgentes. Ces enjeux dépassent le simple cadre communal, mais c'est probablement en son sein, au plus petit échelon démocratique que l'impulsion permettra l'action.
Hier, les socialistes de Quimper et d'ailleurs (car n'oublions pas nos camarades de Quimper Communauté avec lesquels nous aurons, espérons-le, à travailler sur les besoins de toute une population bien plus large que celle de notre chère ville) étaient invités à écouter le compte-rendu sur le travail des quatre ateliers qui se sont penchés sur la recette de la caféine de demain pour notre belle endormie.

L'ensemble des camarades a excellement travaillé. Déjà, de nombreuses réflexions ont tracé les axes d'une politique globale à court, moyen et long terme. De quoi concrétiser le rêve de se sentir pleinement citoyen d'une ville, qu'on y soit né ou qu'on la découvre depuis peu.

Les travaux présentés nous prouvent déjà que l'immobilisme ne sera pas la réponse socialiste pour les échéances à venir. Les leviers matériels et intellectuels sont là.
A nous des les actionner.

vendredi 26 octobre 2007

Pratiques vrais gens



AH OUI, MAIS TOI, T'ES PAS OBJECTIF !

Voilà le lot de tout adhérent fraîchement encarté sitôt que le débat politique s'enflamme autour d'un bon repas partagé entre amis fidèles qui se disent tout.
Pourtant :
- Mais toi, t'es pas objectif, t'es au PS !
- Mais j'ai pas attendu la carte du PS pour être de gauche nom d'une jambe de bois !

Car il faut le savoir, tant que vous n'avez de carte nulle part, tout en claironnant votre attachement à la gauche, on considèrera votre opinion - quoique potentiellement discutable - comme parfaitement valable.
En revanche, sitôt que vous tirez les conséquences de vos déclarations d'amour répétées à l'égard de ce puissant courant de pensée, voilà que tout crédit vous est retiré. Comme si votre parole n'était plus libre, comme si l'indépendance d'esprit dont vous pouviez faire preuve auparavant avait été annihilée par je ne sais quel psychotrope soumettant votre langue à une parole officielle inspirée par un Big Brother retranché dans Solferino...
Voilà donc qu'on vous prive d'un de vos sujets de conversation favoris pour cause de parti pris... sous le prétexte étrange et difficile à décrire que vous ne seriez plus un gens comme eux.

Car dès lors, vous ne faîtes plus partie des vrais gens.

Les vrais gens, ce sont ceux qui n'ont de carte nulle part, en tout cas certainement pas dans un parti politique. Le gens vrai peut avoir une opinion sur tout. Il en a le droit car il n'a de carte nulle part, ce qui lui confère la qualité d'être objectif. En revanche, le vrai gens qui adhérerait devient sur le champ "subjectif" et il n'a donc plus le droit à la parole.

Tant et si bien que le Parti Socialiste devient pour vous, l'encarté*, le seul lieu où l'on vous autorise à discuter librement et à avancer vos arguments sur votre façon de dessiner le monde idéal dans ses aspects les plus divers. Là-bas, on vous considère, on vous reconnaît comme individu à part entière.
Là-bas, on ne vous interdira pas le droit de penser à gauche. On ne jugera pas que votre opinion vaut moins que celle d'un vrai gens.

* à ne pas confondre avec l'entarté, qui lui, croit qu'il est de gauche alors qu'il est cinéaste.

lundi 22 octobre 2007

Droopy or not Droopy



François Fillon est un être étrange et assez insaisissable.

Je ne parviens pas à le percevoir tel qu'on le présente souvent : fade et triste.

Par exemple, les Guignols de l'Info croient bon de le présenter comme le Droopy gouvernemental en chef. Voilà bien l'une des choses qu'on pourrait leur reprocher. Pour le plaisir d'un bon mot ou d'un coup de trait psychologique qui permet facilement le gag récurrent, ils passent à côté du talent qui était celui des anciens auteurs, Jean-François Halin et Benoît Délepine, qui savaient décrypter les apparences. Mais nous y reviendrons probablement un jour.


En réalité, François Fillon n'a rien du sympathique Droopy. Depuis que par pur orgueil il s'est rallié au candidat Sarkozy, trahissant ainsi ses idées plus encore que punissant le Président en place, il lui semble de plus en plus compliqué de ne pas céder aux sirènes des mots qui feront mal. Ainsi, le triomphalisme de l'après 6 mai lui fera affirmer brutalement qu'
il faut rompre, pour rejeter l'imposture morale de cette gauche qui joue à colin-maillard avec l'Histoire, la gauche des grandes âmes sèches, qui pratique la justice sociale comme on offre un caramel mou, du bout des doigts, à la sortie des kermesses dominicales.

Ceci n'est évidemment qu'une illustration de son goût pour les mots choc et blessants.


Alors triste, oui. Mais pas au sens premier du terme.

C'est triste d'user de mots sans en mesurer toute la portée, symbolique ou non. En observant Droopy, on ne décèle rien d'une tristesse que l'on aurait à déplorer de par ses effets sur autrui. Rien de tel chez le chien placide.

Les Guignols feraient bien d'observer davantage le caractère du Premier Ministre. Jusque dans ses moindres détails.

lundi 15 octobre 2007

Mars 2008



Au mois de mars prochain, une page se tournera. Une drôle d'aventure prendra fin pour de nombreuses personnes au moment de manipuler la quatrième de couverture du quatrième tome du Combat Ordinaire. Alors que prendra fin une campagne électorale, il faudra bien se consoler du petit vide intérieur qui suit. Un monde de couleurs pourra y contribuer grâce à l'épilogue d'une bande dessinée au scénario a priori banal : la vie, en toute beauté et dans sa plus simple cruauté.

Le Combat Ordinaire - Manu Larcenet - Dargaud


Le Combat Ordinaire nous autorise à espionner l'intimité de Marco, photographe en proie aux doutes.

Dans un monde de droite décomplexée, Marco a tout d'un ringard. Ainsi, place-t-il certaines valeurs au-dessus de l'ardente soif de réussite professionnelle.
Non content de ne pas avoir un profil qui ferait passer JR Ewing pour un compagnon d'Emmaüs, il pousse le vice jusqu'à aimer la compagnie des chats, rester fidèle aux Clash et photographier les visages des ouvriers des chantiers navals.

Il est comme ça Marco. Il n'échappe à rien de tout ce qui est précieux. Il a ses névroses, ses crises d'angoisse, ses colères, ses égoïsmes. Par quelques pages introspectives, qui encadrent des instants de vie souvent cocasses (voire franchement hilarants) et parfois bouleversants, on redécouvre toute la complexité des sentiments qui nous animent et des contradictions intimes qui s'entrechoquent entre cortex et artères pour le plus grand bonheur des fabricants d'antidépresseurs.
Larcenet met en place un miroir magique. Les mots de Marco ne sont pas les nôtres, mais ils ont la faculté de nous révéler ceux qui nous appartiennent. Autant de mots comme des images, qui sont nos armes pour être à la hauteur de nos combats ordinaires.

mardi 9 octobre 2007

Wide shut



A bien y regarder, les débauchages effectués par Sarkozy et sa clique ne sont que couverture ou réconfort d'une politique.

Couverture, on le savait déjà. Ainsi en va-t-il de
Fadela Amara et de Martin Hirsh au sujet desquels j'attends encore qu'un journaliste pose la question institutionnellement incontournable de la solidarité gouvernementale.
Mais réconfort, je l'ai entendu plus rarement.

Jack Lang, au nom de l'ouverture et de l'éclatement des frontières politiques est appelé dans une commission de réflexion sur la révision de la Constitution. Jack Lang, comme le nouveau Président stagiaire, est un fervent partisan du régime présidentiel. Comme si la Vème République ne permettait pas déjà, de facto, une ultra-présidentialisation... Bien évidemment, Jack Lang a accepté, et peut-on sérieusement le lui reprocher ? Pas vraiment, même si l'on peut être convaincu qu'il s'égare (au gorille). Mais peut-on parler d'audace lorsque, sur un sujet précis, on fait appel à quelqu'un de la même obédience que soi ?

Il en va un peu de même concernant le choix de Bernard Kouchner au ministère des Affaires Etrangères.
Appeler à ce poste un Pierre Lellouche light, quelle audace pour un Président qui vient s'excuser de l'arrogance française auprès des hautes autorités texanes...

Pourtant, on s'obstine à nous présenter les choses de façon binaire, en dehors de tout approfondissement idéologique. Puisque X a sa carte à gauche, le faire rentrer dans un gouvernement de droite = ouverture. Oserait-on aller jusqu'à parler d'ouverture si Georges Frêche était appelé au ministère de l'Immigration et de l'Identité Nationale ? Oui, probablement. Pourtant... je vous fais juge.

En fait d'ouverture, c'est bien de béton idéologique qu'il s'agit.

mardi 2 octobre 2007

Socialiste



Ainsi, nous devrions avoir honte d'être ce que nous sommes et ne plus afficher le caractère socialiste de notre pensée.

Une année à peine après mon adhésion, on me propose de changer l'en-tête de la carte que je conserve précieusement dans mon portefeuille aux côtés des documents marqués du sceau de la République.
Comme si cette adhésion ne signifiait rien. Changer le nom de ce parti ce serait agir comme si l'histoire et la pensée de ceux qui ont construit les identités socialistes n'étaient que mille feuilles sans cohésion, sans logique, sans qu'il y ait de valeurs communes.
Le nom de notre mouvement annonce par lui-même ce qui soude ses adhérents, il n'est pas un habillage lexical qui fluctue au gré des modes. Dire que l'on est socialiste, c'est déjà annoncer les valeurs qui lient nos pensées. Si celles-ci apparaissent ringardes aux yeux des citoyens, à nous de reconquérir le terrain par la persuasion plutôt que par la substitution de valeurs qui ne sont pas les nôtres. Non seulement nos valeurs sont excellentes, mais en plus, elles sont sexy.
Dire que l'on est socialiste, c'est déjà annoncer la couleur.

Pourquoi renoncer à le dire, sinon à ne plus l'être.

samedi 29 septembre 2007

Sur mon brin de laurier...

Je ne sais pas si ça vous le fait, mais je ne sais plus où donner de la tête tant je frissonne de terreur à l'écoute et à la lecture des actualités. Toutefois, une information, légère mais assez révélatrice de la drôle d'idée qu'on se fait du champ des possibles de nos jours, a retenu mon attention. Et plus encore quand j'ai pu constater qu'elle avait justifié le fait qu'on fasse parler l'épouse du maire le plus intègre de France en laissant penser que cela pouvait avoir le plus quelconque intérêt.

Voilà qui n'aurait pas manqué de fasciner un monsieur décédé que quelques camarades bien inspirés (big up) ne négligent pas dans leurs affectueuses pensées.


vendredi 21 septembre 2007

Echappatwar



Et plouf.
Et merde.

Voilà, dans les conditions du direct, ce qu'on a pu entendre en réunion ministérielle à l'annonce des chiffres de croissance pour 2007.
C'est fou ça quand même... Qu'est-ce que c'est que ce PIB qui n'est pas dopé par les photos du Président de la République en Ray-Bans ultra-glamours ?
Et je parle même pas des rabats-joie qui donnent des leçons sur les comptes sociaux.

Quand on connaît les règles élémentaires qui régissent les comptes publics ou les comptes sociaux, on sait qu'à un moment ou un autre, les cadeaux aux uns sont payés chers par les autres. RIGUEUR, le mot a été lâché ça et là par des journalistes qui l'auraient tenu de la bouche d'informateurs proches de tel ou tel ministre qui s'empressait aussitôt de démentir dès qu'il en avait l'occasion à la télévision ou à la radio (c'est à dire très souvent). Et effectivement, le terme de rigueur est inexact, tant celui-ci signifierait que tous les habitants de ce pays s'apprêteraient à en baver...

Leur problème à tous, et au premier chef celui de Sarkozy, c'est que ça va vraiment finir par se voir les cadeaux que l'on fait toujours aux mêmes et les perpétuels efforts "d'adaptation" que l'on demande aux autres. Redonner le moral aux français en faisant croire à tout le monde que le Conseil des Ministres, c'est un peu la version française de Planet Hollywood, ça fera son temps. Il serait peut-être temps, donc, de revenir aux bonnes vieilles méthodes de diversion qui se sont toujours avérées efficaces. Par exemple, en mettant bien les choquottes à toute une partie de la jeunesse et à leurs parents par la même occasion, au détour d'une boulette ô combien malencontreuse un dimanche soir sur LCI et subtilement reprise entre la poire et le fromage ce même dimanche soir au JT de TF1. C'est par des paroles simples parfois que l'on redonne aux gens le goût pour les choses élémentaires et sans artifice. Les soucis d'ordre matériel s'éclipsent alors devant le simple bonheur d'être vivant pour l'instant. Et qui, dès lors, viendra vous titiller pour 2 points de TVA supplémentaires ?

mardi 18 septembre 2007

Lettres de noblesse

On s’est beaucoup moqué de l’équipe de France de rugby après sa défaite face aux argentins. Pour ma part, je trouve que c’est faire là un bien grand affront à l’équipe d’Argentine. Cette nation du rugby a tout pour nous surprendre énormément d’ici les prochaines années.
Ainsi, l’équipe de France ne méritait pas tant de réprimandes et de persiflages.

On leur a reproché tant de choses, et notamment l’excès de présences publicitaires et un mépris vis-à-vis de l’adversaire dû à un excès de confiance.


Pour être tout à fait franc et objectif, je n’ai pas souvenir d’une présence massive des rugbymen dans la promotion de produits commerciaux. Quelques uns, particulièrement emblématiques, ont cédé aux sirènes du fast-food ou de la marque de leur équipementier, mais si les enseignes commerciales font énormément de place au rugby lui-même, les joueurs ne se mettent en réalité guère en scène dans ces spots. Il en va différemment bien sûr de leur sélectionneur…

Quant à l’excès de confiance, je sais qu’on a pu entendre des journalistes fanfaronner en se préoccupant exclusivement de l’écart que les français pourraient infliger aux argentins, sans envisager un instant la victoire albiceleste. Les joueurs, en revanche, n’ont pas manqué de rappeler la valeur réelle des pumas et les difficultés que le XV de France éprouvait systématiquement face aux argentins qui les connaissent si bien.


Et puis il y eut la lettre de Guy Mocquet, bien sûr… encore…

En dehors du clin d'oeil évident à l'avenir politique du sélectionneur national, il a été beaucoup avancé qu’en terme de gestion des ressources humaines de son groupe, c’était particulièrement malhabile, le caractère dramatique du contenu de la lettre du jeune résistant communiste ayant bouleversé les âmes.

Alors faut-il regarder de ce côté pour expliquer le brusque changement d’attitude de l’équipe au coq ce dimanche soir ? Bernard Laporte aurait-il tenu compte des critiques émises envers son management ? A-t-il compris que la trop forte puissance des émotions peut saper les jambes, la tête et les cœurs ? On peut penser que oui. Il est temps de vous offrir en exclusivité les coulisses de la préparation des Bleus. Le crabe et le surimi s’est décarcassé pour vous faire lire en intégralité le texte lu hier soir par Jean-Baptiste Elissalde à ses coéquipiers, deux heures avant le coup d’envoi. Il s’agit du mot adressé par Jean Jaurès à son épouse, Adélaïde Barbaza, le 30 février 1914 :


« Ma petite femme chérie, je suis parti au pain.
Je passerai sûrement voir les copains au Café du Croissant.
A tout à l'heure.
Bisous.
Ton Jean-Jean.
»


...

...


C'est que faudrait voir à pas prendre Laporte pour un jambon.

mercredi 29 août 2007

Pas bien surprenant...



On sait aujourd'hui quasiment que le 1er mai, Sarkozy présumait déjà de sa victoire. Qu'est-ce qui a bien pu le mettre dans un tel état de nerfs alors que le temps était magnifique ce jour-là en Bretagne (parce que je tiens à le préciser, si le temps est dégueulasse, c'est depuis le 6 mai, pas avant) ?


Je ne peux m'expliquer ce craquage verbal que de trois façons :

  • soit il était particulièrement furieux de ne pas pouvoir célébrer la fête du travail au côté de ses amis travailleurs ou en famille, obligé qu'il était de travailler en ce jour férié pour gagner plus dès le 6 mai
  • soit il était dans un état d'angoisse particulier ce jour-là, comme écrasé par le poids des fonctions qui l'attendaient quelques jours plus tard, et on peut en conclure que ce tout petit monsieur ne sait pas garder ses nerfs, contrairement à tout chef d'Etat qui se respecte
  • soit on part du principe qu'il était dans son état normal et alors on peut légitimement s'inquiéter de son équilibre ou de sa façon de percevoir certains de ses propres citoyens.
On connaissait déjà la filiation politique qui existait entre Pasqua et Sarkozy, elle se confirme, Pasqua ayant comparé les bretons aux cochons en 1992, paraphrasant avec la classe qui le caractérise l'immense Jacques Brel qui ne méritait pourtant pas cela.

vendredi 24 août 2007

Allez les Verts



Un samedi après-midi, j'ai été soudainement envahi par l'envie irrépressible de me promener en ville. Mais le petit crabe m'a dit : "allez, prends le bus, laisse ta voiture au garage, de toutes façons comme d'habitude, ce sera l'enfer pour te garer".
Je me rends donc à l'arrêt le plus proche. C'était le bon moment pour que le bus arrive, les premières gouttes tombaient déjà. A ce stade, il est important de noter que cette pluie ne me faisait pas peur. On a l'âme d'un aventurier des temps modernes ou on ne l'a pas. Certains sautent à l'élastique, je sors sans parapluie, chacun ses sports à sensation.

Le voyage se déroule délicieusement, je bouquine paisiblement, des klaxons se font entendre au dehors... un mariage me dis-je...

La pluie redouble d'intensité sur les vitres de l'autobus, les klaxons aussi, et la circulation après avoir été laborieuse devient franchement pénible pour notre chauffeur. Il décide de nous lâcher avant que nous soyions parvenus aux arrêts réglementaires de la place de la Résistance. En sortant du bus, première chose : c'est dur d'être un aventurier des temps modernes. Deuxième chose : il y a vraiment de plus en plus de 4x4 qui circulent en ville...


En l'occurence, après un coup d'oeil balayeur dont j'ai le secret, je constate qu'il n'y a QUE des 4x4 le long du boulevard Dupleix. Ils bouchent toute la circulation. Je comprends finalement au bout d'une demi-seconde que leur présence n'a rien à voir avec une coïncidence. Les klaxons, les moteurs qui rugissent, ces visages qui exultent à l'intérieur des habitacles... pas de doutes, ils manifestent. Et pas qu'un peu. Un flot continu au-delà de l'office de tourisme jusqu'au Conseil Général. Il y a même des policiers en faction qui refoulent tout véhicule à moteur qui ne serait pas un 4x4 afin qu'il ne vienne pas s'insérer dans le défilé. Ces messieurs (et dames) dans leur voiture bruyante et malodorante n'ont même aucun scrupule à rouler alors que le feu est rouge et que mon petit bonhomme est vert, laissant les piétons, qui n'emmerdent personne, sur le bord de la route sous une pluie apocalyptique.


Ces charmantes personnes manifestaient contre la circulaire Ollin du 6 septembre 2005 qui se contentait de rappeler une réglementation de 1991 interdisant à certains types de véhicules motorisés d'emprunter certains chemins de campagne. La justification était que le fait pour ces engins de parcourir ces fameux chemins mettait en péril la faune et la flore en plus de la tranquillité des promeneurs paisibles qui n'aiment rien tant que le face à face avec la nature sans le concours inutile et parasitaire de gros chevaux sous le capot.

Et puis, on sait en Bretagne que pour certains terrains détrempés par la pluie il faut bien peu de choses pour que le sentier ne se transforme en ring pour combats de boue. Une fois rentré chez moi, j'ai voulu prendre connaissance de leur argumentation sur internet.
Ils n'avaient rien trouvé de plus fin et délicat que de mettre principalement en avant l'impossibilité pour certaines personnes en situation de handicap de se déplacer sur ces chemins autrement que par l'utilisation de quads adaptés. S'il existe une vraie interrogation à ce sujet, s'il nous faut repenser l'accès aux loisirs pour tous (et vraiment tous), il est dommage de n'avoir pas pu constater la présence de ces fameux quads dans le défilé bruyant et malodorant de l'après-midi. Ceci aurait permis de ne pas penser que certaines personnes étaient prêtes à aller loin dans la récupération de causes en réalité étrangères à leur égoïste intérêt.


Je préfère de loin l'invasion des rues de Quimper qui se produit depuis hier.

Bienvenue à nos copains les Verts.

mardi 21 août 2007

Une pas si vieille histoire



Good night and good luck.
C'est par ces mots qu'Edward R. Murrow concluait chaque numéro de son émission See it now. C'est aussi le titre du film que Georges Clooney a consacré à un épisode de la vie professionnelle de quelques journalistes de CBS dont Murrow était la tête télégénique après qu'il ait fait ses classes à la radio comme correspondant à Londres, alors sous les bombes nazies.

Le film relate le difficile combat d'indépendance d'esprit d'une équipe de journalistes aux Etats-Unis alors que le maccarthisme a le vent en poupe de l'autre côté de l'Atlantique. Tout particulièrement, c'est aux méthodes employées par le sénateur américain du Wisconsin, indignes d'un pays qui s'est édifié sur les principes de l'Habeas Corpus, que s'attaquent ces hommes courageux. A cette époque, c'est toute une nation, pourtant historiquement éprise de liberté, qui semble céder au chantage affectif de Mac Carthy : toute personne contestant ses procédés était illico désigné comme un anti-patriote qui aurait partie prenante dans le grand complot communiste. En dénonçant ceci habilement et consciencieusement, et mû uniquement par les sentiments libéraux de justice et d'équité, Murrow s'est exposé aux attaques hystériques du sénateur républicain.

L'émission de Murrow finira au placard quelques temps après le dénouement de l'histoire. Bizarrement, ceci n'aurait pas de fondement purement politique (encore que... qu'est-ce qui ne l'est pas?)... See it now s'avérait en réalité trop coûteuse par rapport à ce qu'elle rapportait... Les sponsors lui préféraient très nettement une émission davantage regardée par le public, autant dire le consommateur, telle un jeu télé...

En une heure trente, guère plus, Clooney est parvenu à condenser et à mettre en perspective presque toutes les problématiques contemporaines qui s'appliquent aux médias. Car au-delà de la description d'un bras de fer qui eut lieu durant les années 50, c'est bien de la télévision d'aujourd'hui dont il est question.
De là à y voir un lien avec l'absence d'une émission dans la prochaine grille du service public audiovisuel français, il y a un pas que vous choisirez de franchir ou pas. A vous de voir.
Mais nous en reparlerons certainement une autre fois...

dimanche 19 août 2007

La flamme à barbe



J'aimerais bien tenir le type qui a inventé la pousse des poils pour lui dire ma façon de penser.
A mon avis, si c'est pas le beau-frère de l'inventeur de la mousse à raser ou le cousin du concepteur du rasoir, je suis quand même pas tombé loin.

Tous les jours, c'est la même histoire, ça a repoussé et faut encore couper.
Tous les jours !
A côté, le supplice de Sisyphe, c'est du dessert.


Mes chers camarades, être socialiste, c'est ne pas être fataliste, il est grand temps de nous élever face à cet embrigadement quotidien. Notre quête du glâbre causera sûrement notre perte en nous éloignant de notre noble combat.

Arrêtons les frais dès aujourd'hui et laissons enfin en paix ces milliards de poils qui ne nous ont rien fait et qui ont tant fait pour la sauvegarde de notre espèce quand nos ancêtres auraient signé des deux mains pour le réchauffement de la planète s'ils avaient su écrire leur nom.


Ce que je vous propose n'est certes pas facile tant le carcan qui nous enserre nous apparaît légitime par la seule force de l'habitude. Mais ce que la société bourgeoise aux mains des tronçonneurs pileux nous a imposé comme une normalité peut cesser demain, si vous le voulez bien. Remisons nos rasoirs mécaniques, faisons recycler les batteries de nos rasoirs électriques, brûlons nos après rasages.


C'est par là et par là seul que passe la refondation de la pensée socialiste. Changer le monde par la révolution a été un échec et a été rigoureusement écarté par les plus éminents des socialistes. Nous avons récemment connu un revers électoral douloureux et beaucoup d'entre nous semblent perdus et hagards. Qu'ils se rassurent, si le grand frémissement ne s'est pas fait ressentir à Melle, alors il se produira à Poil.


Mes très chers camarades, c'est là une bien grande subversion que je vous suggère. Ensemble nous pouvons y parvenir.

Oui aux poils libres, non à la peau lisse.

mardi 14 août 2007

The law won



Le CNE a fêté ses deux ans ces derniers jours. Ni fête, ni bougies, pas même un petit cadeau pour le célébrer.

Il a été bien malmené ce contrat censé redonner à la France l'allant pour un marché de l'emploi prospère, attaqué de toutes parts, sur sa droite comme sur sa gauche, politiquement et juridiquement.


L'affrontement est comme souvent politique, la gauche s'opposant au projet tandis que la droite en est initiatrice, cependant que le centre... euh... le centre... non, euh... rien.

Plus particulièrement, le MEDEF s'est avéré ne pas être un grand soutien du projet alors que la CGPME, dont les membres sont les principaux destinataires de la mesure CNE, a défendu becs et ongles le maintien du contrat. A droite, la mesure ayant été préconisée par un gouvernement Villepin, Nicolas S. et ses sbires n'ont pas jugé utiles d'afficher un enthousiasme débordant... quand ils n'exprimaient pas un désaccord presque net (voir CPE).


Comme si tout ça ne suffisait pas, c'est la justice qui se mit à donner la fessée.

Ainsi, alors qu'il n'avait pas encore un an, il s'est vu requalifié en contrat à durée indéterminée par un conseil des prud'hommes. Selon cette juridiction, la possibilité de licencier un employé sans motif pendant une durée de deux ans était déraisonnable au regard de la convention 158 de l'Organisation Internationale du Travail ratifiée par la France en mars 1990.

Et paf.
L'employeur décide de faire appel de la décision.
Entre temps, c'est un imbroglio juridique qui va avoir lieu, propre à la France, de part sa dualité de juridiction (judiciaire et administrative), le gouvernement arguant, via le préfet, que les juridictions de l'ordre judiciaire étaient incompétentes pour juger de la conformité d'une ordonnance à une convention internationale. L'ordonnance n'avait pas été ratifiée par la loi et conservait donc une valeur réglementaire dont seule la juridition administrative est compétente pour juger de la conformité aux normes supérieures. Le tribunal des conflits considèrera toutefois que l'ordonnance avait été "implicitement" ratifiée par deux lois de décembre 2005 et mars 2006. L'ordonnance étant considérée comme ayant "force de loi", la Cour d'appel saisie par l'employeur pouvait donc à son tour juger au fond de l'affaire, le juge administratif s'avérant incompétent.
Badaboum.
La Cour d'appel de Paris a donné raison aux juges de première instance le 6 juillet 2007, là encore en se fondant sur la supériorité de la convention 158 de l'OIT sur un texte national de valeur législative.

Tout ceci pourrait paraître n'être que masturbation pour sombres juristes en mal d'émotions fortes. Et pourtant, c'est bien le politique qui devrait être titillé. Car ces nombreuses péripéties sont la preuve que le droit n'est pas neutre, la plupart du temps, il est même éminemment politique. Le fait que ce soit la norme d'une institution internationale qui ait été l'outil pour faire échec à l'ordonnance portant création du CPE devrait être un motif d'espoir. C'est bien la preuve que des remparts existent à la tendance actuelle de certains fatalistes considérant que face à la concurrence internationale sur le marché du travail, la réponse ne peut être que l'alignement social par le bas.

Voilà l'un des terrains d'action à privilégier pour les décennies à venir.
Les plus brillants éditorialistes nous resservent à intervalles réguliers le plat d'une gauche ringarde incapable de réforme. Il est temps pour nous, socialistes, de prouver l'exact contraire en internationalisant peu à peu le champ géographique de la réforme.
Il ne s'agit pas de remporter cette bataille pour les droits sociaux internationaux dès demain. On a pu constater déjà la difficulté toujours plus grande de s'accorder entre voisins européens.
La patience devra être notre plus grande alliée dans un dessein que plusieurs générations seront chargées d'alimenter et de porter.

jeudi 9 août 2007

Terrain France, Cornouaille, et les autres



Il y a toujours une bonne raison de préférer la radio à la télévision.

Si vous avez déjà tenté de faire la vaisselle en regardant la télévision, vous saurez de quoi je veux parler.
Allumer la radio plutôt que la télévision, c'est s'ouvrir deux champs d'activité à la fois. L'un cérébral, l'autre pratico-pratique.
Le cerveau connecté, voilà que je peux préparer un café, remplir la machine à laver ras la tronche, faire la vaisselle, prendre une douche, boire un café les yeux rivés sur l'horizon, m'allonger et fermer les yeux en attendant que ce mal de crâne daigne foutre le camp, étendre mon linge, tapoter sur le clavier, faire chauffer l'eau des pâtes, faire mes valoches pour un voyage tout proche, nettoyer le réfrigérateur et même prendre un bouquin... pour peu qu'on parvienne à dégotter une radio aux goûts musicaux adaptés (exercice périlleux, sujet inépuisable).


Tout ceci ne vaudrait toutefois pas la peine si l'offre de programmes n'était pas si riche en long, en large et même en travers. Entre radios musicales, généralistes, spécialistes de l'info, régionales et j'en passe... il y a tout : à boire à manger, de l'apéro au digestif en passant par le grignotage. Nul autre média (lire medium, pour peu que vous soyez académicien) n'offre cette souplesse et cette richesse inépuisable.

A cet égard, "l'offre publique" en matière de radiophonie est assez inestimable. Ainsi, au lieu de vous emmerder à regarder le Jour du Seigneur, tentez donc un jour de vous brancher sur France Inter, à la même heure, depuis n'importe quel coin de France, et laissez vous tomber sous le charme de
Panique au Mangin Palace, l'émission écrite les deux doigts dans la prise (nous en reparlerons peut-être un jour) qui vous fera rire, réfléchir et même voyager avec une inventivité chaque semaine plus bluffante.
Par l'autre bout de la lorgnette (de par sa diffusion circonscrite), c'est
Radio Kerne qui scotche le tuner de Cornouaille et vous épargne le douloureux et ingrat exercice du choix d'un disque quand l'envie vous prend de régaler vos tympans et de préserver vos yeux et vos oreilles d'un agressif justicier des temps modernes. La programmation musicale de cette radio implantée à Plonéis a tout pour ravir le curieux : un pied en Bretagne et l'autre dans le reste du monde. Elle réussit ce grand écart sans jamais se froisser les adducteurs.

Voilà deux illustrations parmi tant et tant d'autres de ce que peut nous offrir ce support sans équivalent. Loin de se nécroser, la voici qui s'offre à nous en des moyens de diffusion de plus en plus variés : radio traditionnelle bien sûr, mais aussi radios internet, radios disponibles sur le câbleTNTsatellite (comme l'exige l'horrible formule consacrée), winamp, podcasts. Pour peu qu'on ait la possibilité de posséder l'équipement minimal ad'hoc (ordinateur + connexion), c'est une galaxie qui se révèle.

A l'échelle du temps qui nous est imparti sur cette Terre, ce serait presque un défi décourageant.