jeudi 1 novembre 2007

Légitimédiation



Les trompettes de la communication veulent nous faire croire que les pouvoirs du Parlement sortiraient renforcés des pages du rapport du comité Balladur. Ces éminents représentants, dont on sait qu'ils étaient pour la plupart notoirement favorables à une présidentialisation du régime, nous l'ont claironné sur toutes les ondes, tous les tons et à toutes les sauces.

Selon ses membres, le comité n'aurait fait que prendre acte de certains usages concernant le pouvoir réel du Président de la République, seul vrai chef de l'exécutif en temps de concordance des majorités

Deux solutions étaient dès lors envisageables.
Soit le comité, comme une chambre d'enregistrement, ménageait et confortait le rôle du Président en inscrivant les faits dans le droit.
Soit il corrigeait la perversité de l'usage du pouvoir en clarifiant les rôles de chacun des acteurs politiques dans la Constitution.
Comme certains préconisent la légalisation du dopage dans le sport au motif que celui-ci se banalise, le comité a choisi la première option, celle de la présidentialisation, notamment en réorientant, dans le texte, les pouvoirs principaux du gouvernement vers le Président lui-même. Il a donc considéré que le gouvernement aurait moins de légitimé que le Président de la République, papounet médiatique d'une nation toujours plus infantilisée... Je ne crois cependant pas me souvenir que le gouvernement de Lionel Jospin ait été soupçonné d'une quelconque illégitimité à côté d'un Président pourtant élu depuis moins de deux ans...

Car là est bien le problème, en identifiant le Président comme responsable de la définition de la politique de la Nation, le comité semble considérer comme peu probable l'hypothèse de la cohabitation, faisant fi de l'éventualité d'une crise politique, que le score de François Bayrou à l'élection présidentielle rend pourtant largement du domaine du possible dans les années à venir (fin du système bipolaire, émergence d'un centre déterminant pour l'identification des forces gouvernantes). D'autre part, la possibilité offerte au pouvoir législatif de contrôler l'action du gouvernement au point de pouvoir le démettre n'a de sens que dans la mesure où cet organe collégial est le véritable maître des décisions politiques.
En réalité, si on ne retire rien du pouvoir du Parlement (on en rajoute même un peu), on lui nie par la bande la possibilité d'une sanction politique à l'encontre de l'initiateur des politiques exercées.

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