lundi 5 novembre 2007

Ouverture



2003 a vu débouler dans nos oreilles deux drôles de minettes. Deux soeurs, pas siamoises pour un sou, mais qui ont à voir de près avec les félins. Cocorosie démarrait sa carrière et se posait là comme quelque chose qu'on attendait sans même y avoir jamais pensé.

Des bruits de rideaux que l'on tire, des boîtes à musique, des pianos de bébés, un chant de coq mal enregistré, on met très vite des images sur les sons qui nous parviennent. Alors qu'elles livrent petit à petit leurs morceaux enregistrés dans des pièces minuscules, elles dessinent de leurs doigts fins des scènes oniriques tantôt oppressantes, toujours intimistes. Dans ce drôle de souk, les voix des soeurs se mêlent et le chaos né des bruits étranges prend un autre sens, tous les éléments composent alors un art cohérent, délicat et très fragile. Ce sentiment traverse aussi bien leur premier disque, La Maison de Mon Rêve, que leur second, Noah's Ark, sur lequel figure le splendide Beautiful Boyz, en duo avec l'androgyne elvisien d'Antony and the Johnsons.



Coco et Rosie ont sorti cette année leur troisiéme opus. Il ne faut pas se le cacher, on a beau s'être régalé sur les premiers albums, on craint la lassitude dans un genre à l'équilibre si précaire.
Que nenni ! The Adventures of Ghosthorse ans Stillborn a mis d'énormes coups de maillet dans les murs qui servaient de studio d'enregistrement. Le son qui nous parvient désormais est plus chargé en oxygène que les poumons de quinze Jacques Mayol. Empruntant nettement plus aux rythmes hip-hop, elles élargissent leur palette comme une promesse d'un jeu toujours plus audacieux.
Un tournant risqué, un virage réussi, mais une fidélité à ce qui ont fait d'elles des déjà grandes. Après leurs atmosphères confinées, elles ont su nous montrer comment on pratiquait l'ouverture en intelligence et en sensibilité mais sans jamais rien céder de ses propres idéaux.


Aucun commentaire: