vendredi 31 octobre 2008

Encyclopédie socialiste syndicale et coopérative de l'Internationale Ouvrière - 1




Comme Marcel Déat, Adéodat Compère-Morel tournera bien mal dans le courant des années 30. Avant d'être séduit par le néo-socialisme, il fut un socialiste actif et fort observateur du développement du parti. Un ami cher m'a offert le tome 1 de l'ouvrage intitulé Encyclopédie socialiste syndicale et coopérative de l'Internationale Ouvrière - La France socialiste.
Compère-Morel (alors guesdiste) demanda à Hubert-Rouger, député, de rédiger un travail consistant en l'étude de l'histoire du mouvement socialiste du point de vue des Fédérations. Un chapitre concernant notre belle finistérienne éclaire un peu plus ce que fut la consolidation de l'idée socialiste dans notre département.
Fédération du FINISTERE
La fédération du Finistère, qui a pris en si peu de temps un si rapide développement, est une des plus jeunes du Parti et on peut dire d'elle qu'elle n'a connu qu'une organisation nationale : la Section Française de l'Internationale Ouvrière.
Il convient cependant de relever les premières traces et les premières tentatives d'organisation ouvrière à Brest.
Dans cette dernière ville, un groupe important fut constitué dès 1894, qui comptait parmi ses militants Albert Wilm, et qui organisa des causeries et des conférences socialistes fort suivies.
A Lambezellec il existait également un petit noyau de socialistes qui firent élire dès 1884 le cotoyen Gouzie conseiller municipal.
Il existait également un groupement à Morlaix adhérent au P.O.F. * et fondé en 1900, faisant partie de la Fédération de Bretagne comprenant les départements des Côtes-du-Nord, Finistère, Ille-et-Vilaine, Loire-Inférieure et Morbihan, jusqu'en 1907 où les groupes respectifs de chaque département fondèrent des fédérations distinctes.

En 1904, la liste républicaine socialiste est élue tout entière à Brest. Ce fut un retentissement considérable dans toute la région; elle était composée d'éléments divers et hétérogènes; le citoyen Aubert fut nommé maire, les adjoints furent : Vibert, unifié puis dissident; Litalieu (unifié); Dr Gourivaud, radical; Goude, unifié; Robert, radical.
Une lutte très âpre et sans ménagement fut entreprise contre le Conseil municipal par les autorités et par la presse bourgeoise coalisée contre les élus ouvriers; toutes leurs déclarations, tous leurs actes furent odieusement travestis et dénaturés; cette violente campagne ne tardait pas à produire ses fruits; elle amena une scission au sein du Conseil et, en 1908, la liste ouvrière fut battue.
Des groupes se sont formés à Quimper, à Brest, à Douarnenez, à Lambezellec, tous adhèrent à la Fédération de Bretagne et ce n'est qu'en 1907 qu'ils forment, avec ceux de Rebecq-Kerhiron, Landerneau, Saint-Marc, Carhaix, une Fédération distincte qui tint son Congrès fondateur en novembre 1907, à Morlaix. En tout 250 cotisants.
* POF : Parti Ouvrier Français, fondé par Jules Guesde et Paul Lafargue

lundi 27 octobre 2008

Le riquiqui




Le débat sur la prolongation de la présidence française de l'Union Européenne semble avoir trouvé du crédit. C'est d'ailleurs devenu sujet de polémique et de débat.
Pourtant, personne ne méconnaît la règle qui veut que cette présidence "tourne" tous les six mois selon une rotation qui place les Etats de l'Union sur un strict pied d'égalité.
Après que l'idée ait été lancée comme une boutade, elle revient sous une forme maquillée : une présidence d'un gouvernement de l'eurogroupe.
Le fantasme perdure pourtant : Sarkozy, chef de l'Europe.

La crise aurait ainsi changé la donne. L'actuel Président des européens (qui ne méritaient pas cela) serait assez indispensable pour que l'on détourne la règle de droit (et son esprit), seule garantie de toute société contre l'arbitraire.
Celui-là aurait tout compris de la crise et des dérives qui l'ont entraînée ("écoutez son discours de Toulon" nous conseillent les pantins chevelus de l'UMP). C'est pourtant le même homme qui proposa à la France pendant sa campagne présidentielle de prendre exemple outre-atlantique. C'est le même homme qui a omis de compter l'Europe sociale et les efforts pour davantage d'harmonisation fiscale parmi les priorités de la présidence française de l'Union Européenne.

Une fois que le désastre est présent, il y a toujours des doigts pour désigner les fous qui nous conduisent dans le mur. Il s'agit alors d'être le plus vite possible un accusateur, pour ne pas être soi-même accusé. L'opportunisme et l'hypocrisie comme outils d'un putsch petit bras.

jeudi 9 octobre 2008

La République des Bleus - Episode 3 : de 1979 à 1986




A l'aube des années 80, la France de gauche se prépare à construire ses plus beaux souvenirs de joie collective.
En janvier 1981, François Mitterrand est investi candidat du PS pour les élections présidentielles. Quelques mois plus tard, les chars soviétiques promis aux rues de Paris laissent place jusqu'au Panthéon à des milliers de mains prolongées d'une rose.
L'euphorie qui suit la victoire n'est pas déçue.
Les réformes si longtemps attendues trouvent enfin les femmes et les hommes qui les mèneront à bien.
La bouffée d'oxygène est enivrante et totale. Le "tournant" sera aussi brutal que la hanche de Schumacher.

Séville - 1982 - la chaleur est étouffante et le spectacle étourdissant. Les Bleus de Platini et Hidalgo virevoltent et créent les conditions d'un tourbillon de football offensif. L'élimination des bleus en demi-finale (seulement ignorée des indécrottables méconnaisseurs de la baballe universelle) est une déflagration dans le coeur des amoureux d'un idéal. Ces mêmes là, intimement blessés par les chocs successifs continueront malgré tout d'aller à l'idéal.
Car malgré le tournant, la gauche reste au pouvoir, debout face à une droite déjà bien de droite et presque unanimement anti-européenne. En 1984, sous les yeux de François Mitterrand, Platini soulève la Coupe d'Europe des Nations au coeur d'un Parc des Princes plus douillet et consensuel que jamais.

1986 marque le coup d'arrêt d'une génération vouée à l'imagination malgré (toutes proportions gardées) un coup d'éclat brillant face au Brésil du Docteur Socrates. Encore une fois, face à l'Allemagne, mais cette fois sans lutter, l'Equipe de France rend les armes.
La France tout court, elle, passe quoi ? L'arme à droite.

mercredi 1 octobre 2008

"Que dit la Bourse aujourd'hui ?"




Chaque soir, chaque matinée, un speaker de l'information tel Moïse descendant du Sinaï nous annonce ce qu'a dit la Bourse.

A cette interrogation cruciale, trois réponses invariables :
- ça va mieux
- on sait pas faudra attendre demain
- ça va pas du tout.
Pour qui ? Comment ? Pourquoi ?

En réalité, personne ne le sait. Personne ne peut réellement dire ce qui se passe en ce moment. On peut vous donner les causes, objectives, du pataquès mondial : les subprimes et tout le toutim. Mais personne pour nous expliquer le plus délirant paradoxe que le monde ait connu durant plusieurs décennies.

Cette Bourse est communément présentée à tout apprenti lycéen comme un indicateur de santé. Un cliché à l'instant T du tour de biceps de l'économie mondiale.
Avec les multiples soubresauts qu'elle a connu, on peut douter du caractère véritablement musculeux dudit biceps. Tout laisse en réalité penser qu'il ne serait finalement qu'affaire de gonflette au mieux, d'illusion d'optique au pire. Le décrochage entre le fonctionnement de la finance internationale et la réalité économique est aujourd'hui tel que la Bourse est désormais observée comme un dieu tout puissant et autonome, tantôt punisseur (pour tout le monde), tantôt rétributeur providentiel (pour certains), plutôt que comme une véritable information économique.

Les commentateurs chargés de nous éclairer sont quant à eux aussi inspirés qu'un oracle aviné de Delphes. La déconnection du marché vis à vis de la réalité les conduit à l'exercice périlleux de prédire un avenir totalement inimaginable puisque basé sur des signaux totalement irrationnels. Les voilà donc se démentant de jour en jour, affirmant le lendemain le contraire de ce qui était assuré la veille la main sur le coeur.

A l'origine, l'économie, c'est une activité humaine qui consistait à produire et à échanger des biens auxquels ont ensuite été ajoutés les services, afin de satisfaire des besoins humains. Des chambres de compensation aux flux financiers décidant de l'avenir de femmes et d'hommes, qu'est devenue la part de l'Homme dans cette activité supposément humaine ?