mercredi 7 novembre 2007

Culture, confiture, cyanure



Cédric Klapisch s'est fendu d'un article dans Le Monde. Il tire la sonnette d'alarme suite à une recommandation du Président de la République à sa ministre de la culture, Christine Albanel :
"La démocratisation culturelle, c'est veiller à ce que les aides publiques à la création favorisent une offre répondant aux attentes du public."


Une phrase a priori banale mais loin d'être innocente et dénuée de sens. Elle semble considérer que les formes d'expression culturelles en marge ou simplement un peu confidentielles n'aient plus droit de cité dans les budgets publics si elles ne sont pas économiquement auto-suffisantes. Au delà de l'aspect mécaniquement absurde, cette considération touche directement à ce qu'évoque Guillaume Bachelay lorsqu'il considère qu'un siècle après la séparation de l'Etat et de l'Eglise, le temps est venu d'un autre partage, d'une autre laïcisation entre ce qui relève du marché, du profit, du court terme, et ce qui n'en relève pas - la santé, l'éducation, la culture, l'énergie, l'environnement.

Un thème déjà évoqué brillamment par Monsieur l'éduc au PS, qui s'inquiétait à fort juste raison de la montée d'une opposition entre culture de masse et culture de l'élite, y compris à gauche. Plus que jamais, nous devons affirmer que la culture a cette particularité : elle s'adresse à ce qui nous est intime. C'est tout autant notre coeur que notre tête qu'elle vise à ébranler, à titiller, à amuser, à explorer, à éclairer.
Le coeur et la tête de chacun... autant de cibles à qui les cultures s'adressent. Seule la diversité des expressions artistiques a donc un sens puisqu'elle est la conséquence du caractère unique de chaque être.

La démocratisation culturelle, c'est considérer que, sans avoir aimé un film, on doit se battre pour que chacun puisse être en condition de le voir.

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