mercredi 29 août 2007

Pas bien surprenant...



On sait aujourd'hui quasiment que le 1er mai, Sarkozy présumait déjà de sa victoire. Qu'est-ce qui a bien pu le mettre dans un tel état de nerfs alors que le temps était magnifique ce jour-là en Bretagne (parce que je tiens à le préciser, si le temps est dégueulasse, c'est depuis le 6 mai, pas avant) ?


Je ne peux m'expliquer ce craquage verbal que de trois façons :

  • soit il était particulièrement furieux de ne pas pouvoir célébrer la fête du travail au côté de ses amis travailleurs ou en famille, obligé qu'il était de travailler en ce jour férié pour gagner plus dès le 6 mai
  • soit il était dans un état d'angoisse particulier ce jour-là, comme écrasé par le poids des fonctions qui l'attendaient quelques jours plus tard, et on peut en conclure que ce tout petit monsieur ne sait pas garder ses nerfs, contrairement à tout chef d'Etat qui se respecte
  • soit on part du principe qu'il était dans son état normal et alors on peut légitimement s'inquiéter de son équilibre ou de sa façon de percevoir certains de ses propres citoyens.
On connaissait déjà la filiation politique qui existait entre Pasqua et Sarkozy, elle se confirme, Pasqua ayant comparé les bretons aux cochons en 1992, paraphrasant avec la classe qui le caractérise l'immense Jacques Brel qui ne méritait pourtant pas cela.

vendredi 24 août 2007

Allez les Verts



Un samedi après-midi, j'ai été soudainement envahi par l'envie irrépressible de me promener en ville. Mais le petit crabe m'a dit : "allez, prends le bus, laisse ta voiture au garage, de toutes façons comme d'habitude, ce sera l'enfer pour te garer".
Je me rends donc à l'arrêt le plus proche. C'était le bon moment pour que le bus arrive, les premières gouttes tombaient déjà. A ce stade, il est important de noter que cette pluie ne me faisait pas peur. On a l'âme d'un aventurier des temps modernes ou on ne l'a pas. Certains sautent à l'élastique, je sors sans parapluie, chacun ses sports à sensation.

Le voyage se déroule délicieusement, je bouquine paisiblement, des klaxons se font entendre au dehors... un mariage me dis-je...

La pluie redouble d'intensité sur les vitres de l'autobus, les klaxons aussi, et la circulation après avoir été laborieuse devient franchement pénible pour notre chauffeur. Il décide de nous lâcher avant que nous soyions parvenus aux arrêts réglementaires de la place de la Résistance. En sortant du bus, première chose : c'est dur d'être un aventurier des temps modernes. Deuxième chose : il y a vraiment de plus en plus de 4x4 qui circulent en ville...


En l'occurence, après un coup d'oeil balayeur dont j'ai le secret, je constate qu'il n'y a QUE des 4x4 le long du boulevard Dupleix. Ils bouchent toute la circulation. Je comprends finalement au bout d'une demi-seconde que leur présence n'a rien à voir avec une coïncidence. Les klaxons, les moteurs qui rugissent, ces visages qui exultent à l'intérieur des habitacles... pas de doutes, ils manifestent. Et pas qu'un peu. Un flot continu au-delà de l'office de tourisme jusqu'au Conseil Général. Il y a même des policiers en faction qui refoulent tout véhicule à moteur qui ne serait pas un 4x4 afin qu'il ne vienne pas s'insérer dans le défilé. Ces messieurs (et dames) dans leur voiture bruyante et malodorante n'ont même aucun scrupule à rouler alors que le feu est rouge et que mon petit bonhomme est vert, laissant les piétons, qui n'emmerdent personne, sur le bord de la route sous une pluie apocalyptique.


Ces charmantes personnes manifestaient contre la circulaire Ollin du 6 septembre 2005 qui se contentait de rappeler une réglementation de 1991 interdisant à certains types de véhicules motorisés d'emprunter certains chemins de campagne. La justification était que le fait pour ces engins de parcourir ces fameux chemins mettait en péril la faune et la flore en plus de la tranquillité des promeneurs paisibles qui n'aiment rien tant que le face à face avec la nature sans le concours inutile et parasitaire de gros chevaux sous le capot.

Et puis, on sait en Bretagne que pour certains terrains détrempés par la pluie il faut bien peu de choses pour que le sentier ne se transforme en ring pour combats de boue. Une fois rentré chez moi, j'ai voulu prendre connaissance de leur argumentation sur internet.
Ils n'avaient rien trouvé de plus fin et délicat que de mettre principalement en avant l'impossibilité pour certaines personnes en situation de handicap de se déplacer sur ces chemins autrement que par l'utilisation de quads adaptés. S'il existe une vraie interrogation à ce sujet, s'il nous faut repenser l'accès aux loisirs pour tous (et vraiment tous), il est dommage de n'avoir pas pu constater la présence de ces fameux quads dans le défilé bruyant et malodorant de l'après-midi. Ceci aurait permis de ne pas penser que certaines personnes étaient prêtes à aller loin dans la récupération de causes en réalité étrangères à leur égoïste intérêt.


Je préfère de loin l'invasion des rues de Quimper qui se produit depuis hier.

Bienvenue à nos copains les Verts.

mardi 21 août 2007

Une pas si vieille histoire



Good night and good luck.
C'est par ces mots qu'Edward R. Murrow concluait chaque numéro de son émission See it now. C'est aussi le titre du film que Georges Clooney a consacré à un épisode de la vie professionnelle de quelques journalistes de CBS dont Murrow était la tête télégénique après qu'il ait fait ses classes à la radio comme correspondant à Londres, alors sous les bombes nazies.

Le film relate le difficile combat d'indépendance d'esprit d'une équipe de journalistes aux Etats-Unis alors que le maccarthisme a le vent en poupe de l'autre côté de l'Atlantique. Tout particulièrement, c'est aux méthodes employées par le sénateur américain du Wisconsin, indignes d'un pays qui s'est édifié sur les principes de l'Habeas Corpus, que s'attaquent ces hommes courageux. A cette époque, c'est toute une nation, pourtant historiquement éprise de liberté, qui semble céder au chantage affectif de Mac Carthy : toute personne contestant ses procédés était illico désigné comme un anti-patriote qui aurait partie prenante dans le grand complot communiste. En dénonçant ceci habilement et consciencieusement, et mû uniquement par les sentiments libéraux de justice et d'équité, Murrow s'est exposé aux attaques hystériques du sénateur républicain.

L'émission de Murrow finira au placard quelques temps après le dénouement de l'histoire. Bizarrement, ceci n'aurait pas de fondement purement politique (encore que... qu'est-ce qui ne l'est pas?)... See it now s'avérait en réalité trop coûteuse par rapport à ce qu'elle rapportait... Les sponsors lui préféraient très nettement une émission davantage regardée par le public, autant dire le consommateur, telle un jeu télé...

En une heure trente, guère plus, Clooney est parvenu à condenser et à mettre en perspective presque toutes les problématiques contemporaines qui s'appliquent aux médias. Car au-delà de la description d'un bras de fer qui eut lieu durant les années 50, c'est bien de la télévision d'aujourd'hui dont il est question.
De là à y voir un lien avec l'absence d'une émission dans la prochaine grille du service public audiovisuel français, il y a un pas que vous choisirez de franchir ou pas. A vous de voir.
Mais nous en reparlerons certainement une autre fois...

dimanche 19 août 2007

La flamme à barbe



J'aimerais bien tenir le type qui a inventé la pousse des poils pour lui dire ma façon de penser.
A mon avis, si c'est pas le beau-frère de l'inventeur de la mousse à raser ou le cousin du concepteur du rasoir, je suis quand même pas tombé loin.

Tous les jours, c'est la même histoire, ça a repoussé et faut encore couper.
Tous les jours !
A côté, le supplice de Sisyphe, c'est du dessert.


Mes chers camarades, être socialiste, c'est ne pas être fataliste, il est grand temps de nous élever face à cet embrigadement quotidien. Notre quête du glâbre causera sûrement notre perte en nous éloignant de notre noble combat.

Arrêtons les frais dès aujourd'hui et laissons enfin en paix ces milliards de poils qui ne nous ont rien fait et qui ont tant fait pour la sauvegarde de notre espèce quand nos ancêtres auraient signé des deux mains pour le réchauffement de la planète s'ils avaient su écrire leur nom.


Ce que je vous propose n'est certes pas facile tant le carcan qui nous enserre nous apparaît légitime par la seule force de l'habitude. Mais ce que la société bourgeoise aux mains des tronçonneurs pileux nous a imposé comme une normalité peut cesser demain, si vous le voulez bien. Remisons nos rasoirs mécaniques, faisons recycler les batteries de nos rasoirs électriques, brûlons nos après rasages.


C'est par là et par là seul que passe la refondation de la pensée socialiste. Changer le monde par la révolution a été un échec et a été rigoureusement écarté par les plus éminents des socialistes. Nous avons récemment connu un revers électoral douloureux et beaucoup d'entre nous semblent perdus et hagards. Qu'ils se rassurent, si le grand frémissement ne s'est pas fait ressentir à Melle, alors il se produira à Poil.


Mes très chers camarades, c'est là une bien grande subversion que je vous suggère. Ensemble nous pouvons y parvenir.

Oui aux poils libres, non à la peau lisse.

mardi 14 août 2007

The law won



Le CNE a fêté ses deux ans ces derniers jours. Ni fête, ni bougies, pas même un petit cadeau pour le célébrer.

Il a été bien malmené ce contrat censé redonner à la France l'allant pour un marché de l'emploi prospère, attaqué de toutes parts, sur sa droite comme sur sa gauche, politiquement et juridiquement.


L'affrontement est comme souvent politique, la gauche s'opposant au projet tandis que la droite en est initiatrice, cependant que le centre... euh... le centre... non, euh... rien.

Plus particulièrement, le MEDEF s'est avéré ne pas être un grand soutien du projet alors que la CGPME, dont les membres sont les principaux destinataires de la mesure CNE, a défendu becs et ongles le maintien du contrat. A droite, la mesure ayant été préconisée par un gouvernement Villepin, Nicolas S. et ses sbires n'ont pas jugé utiles d'afficher un enthousiasme débordant... quand ils n'exprimaient pas un désaccord presque net (voir CPE).


Comme si tout ça ne suffisait pas, c'est la justice qui se mit à donner la fessée.

Ainsi, alors qu'il n'avait pas encore un an, il s'est vu requalifié en contrat à durée indéterminée par un conseil des prud'hommes. Selon cette juridiction, la possibilité de licencier un employé sans motif pendant une durée de deux ans était déraisonnable au regard de la convention 158 de l'Organisation Internationale du Travail ratifiée par la France en mars 1990.

Et paf.
L'employeur décide de faire appel de la décision.
Entre temps, c'est un imbroglio juridique qui va avoir lieu, propre à la France, de part sa dualité de juridiction (judiciaire et administrative), le gouvernement arguant, via le préfet, que les juridictions de l'ordre judiciaire étaient incompétentes pour juger de la conformité d'une ordonnance à une convention internationale. L'ordonnance n'avait pas été ratifiée par la loi et conservait donc une valeur réglementaire dont seule la juridition administrative est compétente pour juger de la conformité aux normes supérieures. Le tribunal des conflits considèrera toutefois que l'ordonnance avait été "implicitement" ratifiée par deux lois de décembre 2005 et mars 2006. L'ordonnance étant considérée comme ayant "force de loi", la Cour d'appel saisie par l'employeur pouvait donc à son tour juger au fond de l'affaire, le juge administratif s'avérant incompétent.
Badaboum.
La Cour d'appel de Paris a donné raison aux juges de première instance le 6 juillet 2007, là encore en se fondant sur la supériorité de la convention 158 de l'OIT sur un texte national de valeur législative.

Tout ceci pourrait paraître n'être que masturbation pour sombres juristes en mal d'émotions fortes. Et pourtant, c'est bien le politique qui devrait être titillé. Car ces nombreuses péripéties sont la preuve que le droit n'est pas neutre, la plupart du temps, il est même éminemment politique. Le fait que ce soit la norme d'une institution internationale qui ait été l'outil pour faire échec à l'ordonnance portant création du CPE devrait être un motif d'espoir. C'est bien la preuve que des remparts existent à la tendance actuelle de certains fatalistes considérant que face à la concurrence internationale sur le marché du travail, la réponse ne peut être que l'alignement social par le bas.

Voilà l'un des terrains d'action à privilégier pour les décennies à venir.
Les plus brillants éditorialistes nous resservent à intervalles réguliers le plat d'une gauche ringarde incapable de réforme. Il est temps pour nous, socialistes, de prouver l'exact contraire en internationalisant peu à peu le champ géographique de la réforme.
Il ne s'agit pas de remporter cette bataille pour les droits sociaux internationaux dès demain. On a pu constater déjà la difficulté toujours plus grande de s'accorder entre voisins européens.
La patience devra être notre plus grande alliée dans un dessein que plusieurs générations seront chargées d'alimenter et de porter.

jeudi 9 août 2007

Terrain France, Cornouaille, et les autres



Il y a toujours une bonne raison de préférer la radio à la télévision.

Si vous avez déjà tenté de faire la vaisselle en regardant la télévision, vous saurez de quoi je veux parler.
Allumer la radio plutôt que la télévision, c'est s'ouvrir deux champs d'activité à la fois. L'un cérébral, l'autre pratico-pratique.
Le cerveau connecté, voilà que je peux préparer un café, remplir la machine à laver ras la tronche, faire la vaisselle, prendre une douche, boire un café les yeux rivés sur l'horizon, m'allonger et fermer les yeux en attendant que ce mal de crâne daigne foutre le camp, étendre mon linge, tapoter sur le clavier, faire chauffer l'eau des pâtes, faire mes valoches pour un voyage tout proche, nettoyer le réfrigérateur et même prendre un bouquin... pour peu qu'on parvienne à dégotter une radio aux goûts musicaux adaptés (exercice périlleux, sujet inépuisable).


Tout ceci ne vaudrait toutefois pas la peine si l'offre de programmes n'était pas si riche en long, en large et même en travers. Entre radios musicales, généralistes, spécialistes de l'info, régionales et j'en passe... il y a tout : à boire à manger, de l'apéro au digestif en passant par le grignotage. Nul autre média (lire medium, pour peu que vous soyez académicien) n'offre cette souplesse et cette richesse inépuisable.

A cet égard, "l'offre publique" en matière de radiophonie est assez inestimable. Ainsi, au lieu de vous emmerder à regarder le Jour du Seigneur, tentez donc un jour de vous brancher sur France Inter, à la même heure, depuis n'importe quel coin de France, et laissez vous tomber sous le charme de
Panique au Mangin Palace, l'émission écrite les deux doigts dans la prise (nous en reparlerons peut-être un jour) qui vous fera rire, réfléchir et même voyager avec une inventivité chaque semaine plus bluffante.
Par l'autre bout de la lorgnette (de par sa diffusion circonscrite), c'est
Radio Kerne qui scotche le tuner de Cornouaille et vous épargne le douloureux et ingrat exercice du choix d'un disque quand l'envie vous prend de régaler vos tympans et de préserver vos yeux et vos oreilles d'un agressif justicier des temps modernes. La programmation musicale de cette radio implantée à Plonéis a tout pour ravir le curieux : un pied en Bretagne et l'autre dans le reste du monde. Elle réussit ce grand écart sans jamais se froisser les adducteurs.

Voilà deux illustrations parmi tant et tant d'autres de ce que peut nous offrir ce support sans équivalent. Loin de se nécroser, la voici qui s'offre à nous en des moyens de diffusion de plus en plus variés : radio traditionnelle bien sûr, mais aussi radios internet, radios disponibles sur le câbleTNTsatellite (comme l'exige l'horrible formule consacrée), winamp, podcasts. Pour peu qu'on ait la possibilité de posséder l'équipement minimal ad'hoc (ordinateur + connexion), c'est une galaxie qui se révèle.

A l'échelle du temps qui nous est imparti sur cette Terre, ce serait presque un défi décourageant.

lundi 6 août 2007

A mort le Tour



En ce premier week-end d'août, c'est la reprise de la Ligue 1 Orange de football. Il était temps. Autour des machines à café, les discussions purement sportives vont pouvoir reprendre et évacuer tout ce qui n'est pas conforme à l'esprit de Coubertin.

Car cet été, immanquablement, pour peu que le sujet de conversation s'empare du Tour de France, c'est illico un sourire cynique qui s'affichait sur les visages des co-papoteurs. Les blagues entendues jusqu'à l'indigestion il y a dix ans (saluons Richard Virenque pour sa contribution acharnée au renouvellement du genre comique) pouvaient ressortir du frigo.

Bien sûr, il serait inutile de nier l'évidence (re-bonjour Richard), là n'est pas l'objet du propos. Seulement voilà, tout s'est passé comme si beaucoup de gens n'attendaient que ça et c'est avec des blagues teintées de méchants sarcasmes qu'inévitablement, le sujet était abordé.

Il y a même eu une jubilation à peine feinte qui a suivi les révélations égrenées chaque jour sur le Tour. C'est ainsi qu'on a pu voir dans le journal de 13 heures d'une chaîne de télévision publique un présentateur assaillir de questions toujours plus agressives l'un des organisateurs du Tour de France. Ce speaker relatait des événements de course en mélangeant les noms des coureurs et en s'empêtrant dans la chronologie des étapes (par exemple, il parlait d'un coude à coude dans une ultime ascension entre Contador et Vinokourov, alors que ce dernier se traînait à plus de vingt minutes de là). Il n'avait visiblement pas travaillé son sujet et on a pu le comprendre quand il est apparu évident que l'unique travail de la rédaction était en réalité d'amener l'organisateur du Tour invité du JT à lui faire dire que LE TOUR DE FRANCE EST MORT. C'est assez agaçant de voir que l'argent de la redevance télévisée est utilisé pour pratiquer les méthodes sensationnalistes de médias que l'on prend grand soin d'éviter habituellement. L'acharnement quand l'actualité accable suffisamment une cible facile, telle semble être la règle.

Mais le Tour est terminé désormais. Rideau. D'ici le prochain scandale où l'on se contentera de nous présenter du fait, rien que du fait, mais encore et toujours sans nous livrer le contenu d'un contexte sportif qui ne tolère plus la contre-performance et n'admet que l'excellence.

Car le grand cirque du cycle aura bien lieu l'année prochaine (
malgré les vraies fausses solutions suscitées par des quotidiens qui cherchent à doper leurs ventes du mois de juillet), d'ici-là, nous pourrons donc nous consoler avec un vrai sport vertueux duquel, en plus, la France a été championne du monde avec des joueurs au-dessus de tout soupçon.

jeudi 2 août 2007

L'écran de fumée


Clearstream par ci, Clearstream par là.
A intervalles réguliers, on en aura mangé du Clearstream.
Nicolas Sarkozy qu'on tente de mouiller.
Villepin qui souhaiterait l'éclabousser, incité par le chef de la bande de vilains garnements, le Président de la République d'alors.
Et vas-y que le nom du compagnon de la ministre de la défense serait apparu dans les listings truqués et v'là-t-y pas qu'en fait elle était peut-être au courant de la machination depuis le début...

Voilà qui fait beaucoup de mal à la République. Et là, il ne s'agit même pas de songer un instant aux conséquences pour les personnes physiques-protagonistes-serviteurs de l'Etat. Non, l'enjeu est de se soucier de la République elle-même. Après que le génial inventeur du septennat "2+5" (sur lequel pesaient d'immenses soupçons d'ordre judiciaire) soit réélu par le fait d'un scénario électoral catastrophe en 2002, après qu'un ministre de l'intérieur se soit mis à gigoter frénétiquement pour régler les problèmes de ses collègues (qu'ils soient de sa compétence ou pas), voilà que les plus hautes autorités de l'Etat, à pures fins électoralistes, nous jouaient une pièce bien avalissante avec pour décor les plus hauts lieux de pouvoir politique de ce pays.

On en oublierait presque le véritable fond de l'affaire. Quels seraient donc ces fameux comptes dont on aurait voulu attribuer l'usage à Nicolas Sarkozy ? Car ici , bien plus que dans le combat de coqs que se livrent tous ceux-là, se situe le réel intéret de l'histoire...
C'est à ce stade qu'il faut citer Denis Robert. Denis Robert est journaliste et a enquêté sur un système financier gigantesque et pourtant mal connu. Ce système s'appelle la compensation ou clearing. A l'origine, il s'agit d'un procédé permettant aux banques d'opérer des transactions en cercle fermé, à savoir entre elles. Les organismes offrant cette prestation, peu nombreux, sont en quelque sorte des banques de banques. Ceci n'a rien de répréhensible en soi.
Ernest Backes, qui a travaillé pour la CEDEL (ex-Clearstream), l'une de ces sociétés de compensation, a affirmé l'existence dans son ex-entreprise de comptes non publiés et tenus secrets desquels on aurait pu effacer toute trace de transaction, permettant donc techniquement un système massif d'évasion fiscale et de blanchiment d'argent. Denis Robert affirme avoir eu accès à ces comptes dont il affirme que, de facto, ils ne seraient pas réservés aux seuls établissements financiers... Depuis, Clearstream conteste farouchement ces allégations et contribue fortement à résorber le chômage dans le milieu des avocats d'affaires.

La mise à disposition de tels procédés auprès de personnes tant morales que physiques aurait de quoi laisser songeur. De nombreux magistrats se sont plaints de l'opacité qui règne dans le milieu financier. Que l'on s'en félicite ou qu'on le déplore, que l'on souhaite ou pas lui imposer davantage de régulation, la globalisation financière investit toujours plus ce monde. A aucun titre elle ne doit pouvoir échapper au peu de règles existant à ce jour.