vendredi 24 août 2007

Allez les Verts



Un samedi après-midi, j'ai été soudainement envahi par l'envie irrépressible de me promener en ville. Mais le petit crabe m'a dit : "allez, prends le bus, laisse ta voiture au garage, de toutes façons comme d'habitude, ce sera l'enfer pour te garer".
Je me rends donc à l'arrêt le plus proche. C'était le bon moment pour que le bus arrive, les premières gouttes tombaient déjà. A ce stade, il est important de noter que cette pluie ne me faisait pas peur. On a l'âme d'un aventurier des temps modernes ou on ne l'a pas. Certains sautent à l'élastique, je sors sans parapluie, chacun ses sports à sensation.

Le voyage se déroule délicieusement, je bouquine paisiblement, des klaxons se font entendre au dehors... un mariage me dis-je...

La pluie redouble d'intensité sur les vitres de l'autobus, les klaxons aussi, et la circulation après avoir été laborieuse devient franchement pénible pour notre chauffeur. Il décide de nous lâcher avant que nous soyions parvenus aux arrêts réglementaires de la place de la Résistance. En sortant du bus, première chose : c'est dur d'être un aventurier des temps modernes. Deuxième chose : il y a vraiment de plus en plus de 4x4 qui circulent en ville...


En l'occurence, après un coup d'oeil balayeur dont j'ai le secret, je constate qu'il n'y a QUE des 4x4 le long du boulevard Dupleix. Ils bouchent toute la circulation. Je comprends finalement au bout d'une demi-seconde que leur présence n'a rien à voir avec une coïncidence. Les klaxons, les moteurs qui rugissent, ces visages qui exultent à l'intérieur des habitacles... pas de doutes, ils manifestent. Et pas qu'un peu. Un flot continu au-delà de l'office de tourisme jusqu'au Conseil Général. Il y a même des policiers en faction qui refoulent tout véhicule à moteur qui ne serait pas un 4x4 afin qu'il ne vienne pas s'insérer dans le défilé. Ces messieurs (et dames) dans leur voiture bruyante et malodorante n'ont même aucun scrupule à rouler alors que le feu est rouge et que mon petit bonhomme est vert, laissant les piétons, qui n'emmerdent personne, sur le bord de la route sous une pluie apocalyptique.


Ces charmantes personnes manifestaient contre la circulaire Ollin du 6 septembre 2005 qui se contentait de rappeler une réglementation de 1991 interdisant à certains types de véhicules motorisés d'emprunter certains chemins de campagne. La justification était que le fait pour ces engins de parcourir ces fameux chemins mettait en péril la faune et la flore en plus de la tranquillité des promeneurs paisibles qui n'aiment rien tant que le face à face avec la nature sans le concours inutile et parasitaire de gros chevaux sous le capot.

Et puis, on sait en Bretagne que pour certains terrains détrempés par la pluie il faut bien peu de choses pour que le sentier ne se transforme en ring pour combats de boue. Une fois rentré chez moi, j'ai voulu prendre connaissance de leur argumentation sur internet.
Ils n'avaient rien trouvé de plus fin et délicat que de mettre principalement en avant l'impossibilité pour certaines personnes en situation de handicap de se déplacer sur ces chemins autrement que par l'utilisation de quads adaptés. S'il existe une vraie interrogation à ce sujet, s'il nous faut repenser l'accès aux loisirs pour tous (et vraiment tous), il est dommage de n'avoir pas pu constater la présence de ces fameux quads dans le défilé bruyant et malodorant de l'après-midi. Ceci aurait permis de ne pas penser que certaines personnes étaient prêtes à aller loin dans la récupération de causes en réalité étrangères à leur égoïste intérêt.


Je préfère de loin l'invasion des rues de Quimper qui se produit depuis hier.

Bienvenue à nos copains les Verts.

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