jeudi 2 août 2007

L'écran de fumée


Clearstream par ci, Clearstream par là.
A intervalles réguliers, on en aura mangé du Clearstream.
Nicolas Sarkozy qu'on tente de mouiller.
Villepin qui souhaiterait l'éclabousser, incité par le chef de la bande de vilains garnements, le Président de la République d'alors.
Et vas-y que le nom du compagnon de la ministre de la défense serait apparu dans les listings truqués et v'là-t-y pas qu'en fait elle était peut-être au courant de la machination depuis le début...

Voilà qui fait beaucoup de mal à la République. Et là, il ne s'agit même pas de songer un instant aux conséquences pour les personnes physiques-protagonistes-serviteurs de l'Etat. Non, l'enjeu est de se soucier de la République elle-même. Après que le génial inventeur du septennat "2+5" (sur lequel pesaient d'immenses soupçons d'ordre judiciaire) soit réélu par le fait d'un scénario électoral catastrophe en 2002, après qu'un ministre de l'intérieur se soit mis à gigoter frénétiquement pour régler les problèmes de ses collègues (qu'ils soient de sa compétence ou pas), voilà que les plus hautes autorités de l'Etat, à pures fins électoralistes, nous jouaient une pièce bien avalissante avec pour décor les plus hauts lieux de pouvoir politique de ce pays.

On en oublierait presque le véritable fond de l'affaire. Quels seraient donc ces fameux comptes dont on aurait voulu attribuer l'usage à Nicolas Sarkozy ? Car ici , bien plus que dans le combat de coqs que se livrent tous ceux-là, se situe le réel intéret de l'histoire...
C'est à ce stade qu'il faut citer Denis Robert. Denis Robert est journaliste et a enquêté sur un système financier gigantesque et pourtant mal connu. Ce système s'appelle la compensation ou clearing. A l'origine, il s'agit d'un procédé permettant aux banques d'opérer des transactions en cercle fermé, à savoir entre elles. Les organismes offrant cette prestation, peu nombreux, sont en quelque sorte des banques de banques. Ceci n'a rien de répréhensible en soi.
Ernest Backes, qui a travaillé pour la CEDEL (ex-Clearstream), l'une de ces sociétés de compensation, a affirmé l'existence dans son ex-entreprise de comptes non publiés et tenus secrets desquels on aurait pu effacer toute trace de transaction, permettant donc techniquement un système massif d'évasion fiscale et de blanchiment d'argent. Denis Robert affirme avoir eu accès à ces comptes dont il affirme que, de facto, ils ne seraient pas réservés aux seuls établissements financiers... Depuis, Clearstream conteste farouchement ces allégations et contribue fortement à résorber le chômage dans le milieu des avocats d'affaires.

La mise à disposition de tels procédés auprès de personnes tant morales que physiques aurait de quoi laisser songeur. De nombreux magistrats se sont plaints de l'opacité qui règne dans le milieu financier. Que l'on s'en félicite ou qu'on le déplore, que l'on souhaite ou pas lui imposer davantage de régulation, la globalisation financière investit toujours plus ce monde. A aucun titre elle ne doit pouvoir échapper au peu de règles existant à ce jour.

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