mardi 20 novembre 2007




Les Cèdres,
12 mars 1986,
Chroniques de la Haine Ordinaire



Nous irons au Mexique pour voir trembler la terre quand les fêlés du ballon s'éjaculent des vestiaires.

Nous irons à Rio compter les enfants pauvres avant d'aller danser en bermuda résille.

Nous irons à Moscou faire de la planche à voile sur la Moskova bleue à portée des étoiles.

Nous irons à New York sucer des sorbets mous au fond d'un taxi jaune derrière un nègre roux.

Nous irons à Jérusalem comme à Berlin nous lamenter au pied du mur.

Nous irons à Colombey en chemise au nouveau son des deux églises.

Nous irons à Vichy dans la rue maréchale goûter les eaux thermales avec Anne-Sophie.

Nous irons, mon colon Bigeard, filmer l'ultime colon bêcheur à Colomb-Béchar...

Nous irons au fond du désert compter les bouts d'hélicopère oubliés cet hiver sous la poussière automobile.

Nous irons à Cuba pêcher la Langouste, nous irons à Lorient pêcher le hareng.

En revenant de Glasgow, nous irons à Bruxelles-Grand-Place baiser en parachutistes à l'hôtel Amigo dans la chambre à trois glaces, go.

Nous irons au fond des Carpates pour frissonner au loup-garou et voir s'enfiler les blattes dans le cimetière aux hiboux.

Nous irons à Tananarive, pour voir si ta nana revient.

Nous irons un de ces jours, c'est sûr, mon amour, avec l'AS Oradour aux Jeux d'été d'Hiroshima.

Nous irons à Pékin pour bouffer chez Maxim's et pour voir si la Chine commence à s'habiller Cardin.

Aux heures méditerranéennes, nous irons à Ibiza défoncer des Norvégiennes en chantant Mélissa.

Nous irons au sud du Portugal où chaque été des Anglais vieux viennent se shooter au Gardénal dans des palais ignominieux.

Nous irons au bout du monde. Et jusqu'à Paris-sur-Seine, où la Tour est folle, et la Joconde en bois, ce qu'on sait peu.


Nous irons au bout du monde, mais...


Nous n'irons plus au Liban, les cèdres sont coupés, les enfants que voilà ne savent plus chanter.


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