samedi 5 janvier 2008

Aux bennes



Petit à petit, l'oiseau fait son nid.

Prochainement, il devrait être possible de sanctionner le chômeur refusant par deux fois une offre valable d'emploi... l'offre valable étant par définition interprétable et évolutive à l'envie, sa souplesse n'ayant d'égal que la flexibilité d'un job d'intérimaire.
M. Mariton, député UMP, défendait le bien-fondé d'une telle mesure hier sur les ondes en déclarant qu'il fallait inciter les gens à avoir un travail plutôt qu'à percevoir des prestations sociales. J'ai alors cru déceler chez le journaliste une drôle de façon d'exercer son métier. Alors que M. Mariton peinait à trouver ses mots, l'Albert Londres de la tranche 13-14h d'Europe 1 aida le député à aller au bout de sa pensée qui était la suivante : dans le vilain système socialo-marxiste actuel, les chômeurs ont "plus d'intérêt à ne rien faire plutôt qu'à avoir un boulot".

C'est désormais une évidence assez communément admise, presque un théorême. S'il y a du chômage, c'est parce qu'il y a des chômeurs. Etonnant, non ?


Le fait est que, de plus en plus, les solutions vis à vis du chômage ne se pensent plus en direction d'un accroissement de l'offre d'emploi, mais de l'offre de travail. En général, après qu'on vous ait déclaré que "certain préfèrent rester chez eux à ne rien faire plutôt que de prendre un boulot", l'exemple de la pénurie de main d'oeuvre dans la restauration et le bâtiment n'est jamais très loin. Cela fait partie des nouveaux poncifs qu'il faudra supporter... écoutez RMC Info pour vous en convaincre.


A entendre ces divers constats, on en viendrait presque à être convaincu : s'il y a du chômage, c'est bien évidemment à cause des aides sociales. Alors que si on offre aux gens comme perspective de crever de faim plutôt que de se fournir chez Leader Price (au mieux), on peut raisonnablement penser que les feignants vont finir par se bouger et aller au turbin sans rechigner... tout en continuant à se fournir chez Leader Price.


Tout se passe comme si la France ne comptait pas près de cinq millions de demandeurs d'emploi et travailleurs précaires, comme si être en situation de travail n'était qu'une question de volonté.

Les esprits sont conditionnés pour que la situation de non-travail devienne une honte telle que l'on soit prêt à reprendre le premier boulot qui passe, à n'importe quel prix, sous quelque condition que ce soit.

C'est en préparant ainsi les esprits que le démantèlement s'amorce et qu'on entend le faire accepter.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Cher Crabe,
Effectivement, le problème est dans le libellé: offre valable d'emploi.
J'ai lu hier, dans un journal français (je suis belge), le cas d'une jeune dame ayant fait des études universitaires d'archéologie et qui n'appréciait pas qu'on lui ne lui offre rien à Paris de "correspondant à ses études".
Le problème a été créé artificiellement: les études avec peu de débouchés (sport, psycho...) auraient dû être tributaires d'un "numerus clausus".
Maintenant, c'est trop tard et il y aura donc des chômeurs, des frustrés et des cumulards des deux handicaps!
Par contre, supprimer le salaire minimum (selon la fonction), est inadmissible car cela ne servirait pas à créer des emplois. Des délocalisations sans déménagements!
Amitiés
P.S. Je t'ai mis dans mes "marque-pages". Si cela t'intéresse, je suis lecteur habituel de plusieurs blogs qualifiés de "politiques" (de gauche comme de droite) car j'ai une allergie aux militantismes.

Anonyme a dit…

Je n'ai pas trop entendu nos chers syndicats s'offusquer de cette nouvelle disposition infamante (à part un 3ème couteau de la CGC)...Peut-être parce que leur électorat, je parle de la fonction publique, n'est pas trop concerné par le chômage ??? Je n'ose pas le croire....
Il serait temps que les Thibault, Mailly and cie se réveillent.....

Jéjé a dit…

Après avoir fait croire aux français que les cheminots pompaient tout l'argent des retraites des "bons" travailleurs qui se lèvent tôt, voilà maintenant la raison pour laquelle le pays ne s'en sort pas : il est plus confortable de toucher le chômage que de travailler, pourtant autour de moi, personne ne veut être virer de son taf, bizarre non! Bientôt on nous dira que les sans abris préfèrent mendier plutôt que de se loger vu le prix de l'immobilier. Et pourquoi pas expliquer que les bénéficiaires de la CMU profitent du système et qu'ils on vraiment beaucoup de privilèges! C'est vrai M. Le Crabe, les médias ne font pas leur boulot et nous pouvons avoir peur d'un tel manque d'impartialité.

Le crabe et le surimi a dit…

Merci Armand pour l'attention portée à ces lieux marins par définition accueillants, même si je ne partage pas ta vision du militantisme (à moins que tu ne pensais à un militantisme qui serait fanatique), j'en suis en tout cas très touché. A bientôt.

Monsieur Anonyme, merci pour ton attention de plus en plus assidue (tu me permettras de te tutoyer). Ma petite pince et ma radio me disent que les syndicats vont bientôt avoir à nouveau l'occasion de se faire entendre. Restons vigilants.

Mon Jéjé, ma seconde pince me dit que tu vas avoir de moins en moins de temps pour me lire. As-tu pensé à te procurer un lit de camp salvateur dans ton entrepôt dans la perspective de l'instauration des 48 heures payées 35 qui ne manqueront pas d'oeuvrer pour la politique de civilisation (celle du président, pas celle d'Edgar Morin, hein...) ?