mardi 30 octobre 2007

Ce qu'il y a derrière trois fois rien



La Question Humaine est un film de Nicolas Klotz adapté du roman homonyme de François Emmanuel.
Simon (Mathieu Amalric) est cadre d'une multinationale pétrochimique, la SC Farb. Il évolue dans un univers aseptisé où les cadres sont rasés de près et où l'initiative individuelle n'est qu'une illusion.
Tout concourt à mobiliser les esprits des cadres dans un objectif unique : le bien-être de la société Farb, pour la plus délicieuse satisfaction
de ses actionnaires.
De par son poste de psychologue, Simon a une place d'importance dans la tenue du dossier ressources humaines. Recrutement, séminaires d'adaptation et de motivation, plans sociaux; les dirigeants de l'entreprise, Mathias Jüst (Michael Lonsdale) et Karl Rose (Jean-Pierre Kalfon), sont parfaitement conscients de ses compétences et de son engagement.
Quelque chose cloche bien évidemment dans ce tableau trop gris et glacial.

Les mots sont parfois utilisés comme des systèmes froids, déresponsabilisants et destructeurs.
Simon et le spectateur vont découvrir (ou redécouvrir) que lorsque l'on vide la langue de son sens, on peut cacher derrière des mots vides, techniques et neutres des idées précises, orientées et dangereuses.
Ces tournures de phrases permettront d'autant plus facilement l'adhésion qu'elles donneront le sentiment de n'engager à rien... comme une notice d'utilisation agrémentée de conseils qui ne mangent pas de pains et qui ménagent la bonne conscience de ceux qui y souscrivent par leurs tâches quotidiennes.
La banalité n'est pas toujours là où on voudrait bien nous le faire croire. Elle peut se dissimuler derrière le sensationnalisme d'images bling-bling qui amusent les yeux et délient les langues, mais sert également de déguisement pour grignoter ou dévorer, bien planqué, toute idée de dignité.

dimanche 28 octobre 2007

Objectif Mars



Mars 2008 ne sera pas que l'épilogue du Combat Ordinaire.

Toutes les communes de ce pays seront amenées à désigner celle ou celui qui les représentera six années durant.

Pour la première fois, les enjeux municipaux transcendent les préoccupations locales habituelles. Jamais les nécessités de cohésion sociale et de développement durable ne se sont faites si urgentes. Ces enjeux dépassent le simple cadre communal, mais c'est probablement en son sein, au plus petit échelon démocratique que l'impulsion permettra l'action.
Hier, les socialistes de Quimper et d'ailleurs (car n'oublions pas nos camarades de Quimper Communauté avec lesquels nous aurons, espérons-le, à travailler sur les besoins de toute une population bien plus large que celle de notre chère ville) étaient invités à écouter le compte-rendu sur le travail des quatre ateliers qui se sont penchés sur la recette de la caféine de demain pour notre belle endormie.

L'ensemble des camarades a excellement travaillé. Déjà, de nombreuses réflexions ont tracé les axes d'une politique globale à court, moyen et long terme. De quoi concrétiser le rêve de se sentir pleinement citoyen d'une ville, qu'on y soit né ou qu'on la découvre depuis peu.

Les travaux présentés nous prouvent déjà que l'immobilisme ne sera pas la réponse socialiste pour les échéances à venir. Les leviers matériels et intellectuels sont là.
A nous des les actionner.

vendredi 26 octobre 2007

Pratiques vrais gens



AH OUI, MAIS TOI, T'ES PAS OBJECTIF !

Voilà le lot de tout adhérent fraîchement encarté sitôt que le débat politique s'enflamme autour d'un bon repas partagé entre amis fidèles qui se disent tout.
Pourtant :
- Mais toi, t'es pas objectif, t'es au PS !
- Mais j'ai pas attendu la carte du PS pour être de gauche nom d'une jambe de bois !

Car il faut le savoir, tant que vous n'avez de carte nulle part, tout en claironnant votre attachement à la gauche, on considèrera votre opinion - quoique potentiellement discutable - comme parfaitement valable.
En revanche, sitôt que vous tirez les conséquences de vos déclarations d'amour répétées à l'égard de ce puissant courant de pensée, voilà que tout crédit vous est retiré. Comme si votre parole n'était plus libre, comme si l'indépendance d'esprit dont vous pouviez faire preuve auparavant avait été annihilée par je ne sais quel psychotrope soumettant votre langue à une parole officielle inspirée par un Big Brother retranché dans Solferino...
Voilà donc qu'on vous prive d'un de vos sujets de conversation favoris pour cause de parti pris... sous le prétexte étrange et difficile à décrire que vous ne seriez plus un gens comme eux.

Car dès lors, vous ne faîtes plus partie des vrais gens.

Les vrais gens, ce sont ceux qui n'ont de carte nulle part, en tout cas certainement pas dans un parti politique. Le gens vrai peut avoir une opinion sur tout. Il en a le droit car il n'a de carte nulle part, ce qui lui confère la qualité d'être objectif. En revanche, le vrai gens qui adhérerait devient sur le champ "subjectif" et il n'a donc plus le droit à la parole.

Tant et si bien que le Parti Socialiste devient pour vous, l'encarté*, le seul lieu où l'on vous autorise à discuter librement et à avancer vos arguments sur votre façon de dessiner le monde idéal dans ses aspects les plus divers. Là-bas, on vous considère, on vous reconnaît comme individu à part entière.
Là-bas, on ne vous interdira pas le droit de penser à gauche. On ne jugera pas que votre opinion vaut moins que celle d'un vrai gens.

* à ne pas confondre avec l'entarté, qui lui, croit qu'il est de gauche alors qu'il est cinéaste.

lundi 22 octobre 2007

Droopy or not Droopy



François Fillon est un être étrange et assez insaisissable.

Je ne parviens pas à le percevoir tel qu'on le présente souvent : fade et triste.

Par exemple, les Guignols de l'Info croient bon de le présenter comme le Droopy gouvernemental en chef. Voilà bien l'une des choses qu'on pourrait leur reprocher. Pour le plaisir d'un bon mot ou d'un coup de trait psychologique qui permet facilement le gag récurrent, ils passent à côté du talent qui était celui des anciens auteurs, Jean-François Halin et Benoît Délepine, qui savaient décrypter les apparences. Mais nous y reviendrons probablement un jour.


En réalité, François Fillon n'a rien du sympathique Droopy. Depuis que par pur orgueil il s'est rallié au candidat Sarkozy, trahissant ainsi ses idées plus encore que punissant le Président en place, il lui semble de plus en plus compliqué de ne pas céder aux sirènes des mots qui feront mal. Ainsi, le triomphalisme de l'après 6 mai lui fera affirmer brutalement qu'
il faut rompre, pour rejeter l'imposture morale de cette gauche qui joue à colin-maillard avec l'Histoire, la gauche des grandes âmes sèches, qui pratique la justice sociale comme on offre un caramel mou, du bout des doigts, à la sortie des kermesses dominicales.

Ceci n'est évidemment qu'une illustration de son goût pour les mots choc et blessants.


Alors triste, oui. Mais pas au sens premier du terme.

C'est triste d'user de mots sans en mesurer toute la portée, symbolique ou non. En observant Droopy, on ne décèle rien d'une tristesse que l'on aurait à déplorer de par ses effets sur autrui. Rien de tel chez le chien placide.

Les Guignols feraient bien d'observer davantage le caractère du Premier Ministre. Jusque dans ses moindres détails.

lundi 15 octobre 2007

Mars 2008



Au mois de mars prochain, une page se tournera. Une drôle d'aventure prendra fin pour de nombreuses personnes au moment de manipuler la quatrième de couverture du quatrième tome du Combat Ordinaire. Alors que prendra fin une campagne électorale, il faudra bien se consoler du petit vide intérieur qui suit. Un monde de couleurs pourra y contribuer grâce à l'épilogue d'une bande dessinée au scénario a priori banal : la vie, en toute beauté et dans sa plus simple cruauté.

Le Combat Ordinaire - Manu Larcenet - Dargaud


Le Combat Ordinaire nous autorise à espionner l'intimité de Marco, photographe en proie aux doutes.

Dans un monde de droite décomplexée, Marco a tout d'un ringard. Ainsi, place-t-il certaines valeurs au-dessus de l'ardente soif de réussite professionnelle.
Non content de ne pas avoir un profil qui ferait passer JR Ewing pour un compagnon d'Emmaüs, il pousse le vice jusqu'à aimer la compagnie des chats, rester fidèle aux Clash et photographier les visages des ouvriers des chantiers navals.

Il est comme ça Marco. Il n'échappe à rien de tout ce qui est précieux. Il a ses névroses, ses crises d'angoisse, ses colères, ses égoïsmes. Par quelques pages introspectives, qui encadrent des instants de vie souvent cocasses (voire franchement hilarants) et parfois bouleversants, on redécouvre toute la complexité des sentiments qui nous animent et des contradictions intimes qui s'entrechoquent entre cortex et artères pour le plus grand bonheur des fabricants d'antidépresseurs.
Larcenet met en place un miroir magique. Les mots de Marco ne sont pas les nôtres, mais ils ont la faculté de nous révéler ceux qui nous appartiennent. Autant de mots comme des images, qui sont nos armes pour être à la hauteur de nos combats ordinaires.

mardi 9 octobre 2007

Wide shut



A bien y regarder, les débauchages effectués par Sarkozy et sa clique ne sont que couverture ou réconfort d'une politique.

Couverture, on le savait déjà. Ainsi en va-t-il de
Fadela Amara et de Martin Hirsh au sujet desquels j'attends encore qu'un journaliste pose la question institutionnellement incontournable de la solidarité gouvernementale.
Mais réconfort, je l'ai entendu plus rarement.

Jack Lang, au nom de l'ouverture et de l'éclatement des frontières politiques est appelé dans une commission de réflexion sur la révision de la Constitution. Jack Lang, comme le nouveau Président stagiaire, est un fervent partisan du régime présidentiel. Comme si la Vème République ne permettait pas déjà, de facto, une ultra-présidentialisation... Bien évidemment, Jack Lang a accepté, et peut-on sérieusement le lui reprocher ? Pas vraiment, même si l'on peut être convaincu qu'il s'égare (au gorille). Mais peut-on parler d'audace lorsque, sur un sujet précis, on fait appel à quelqu'un de la même obédience que soi ?

Il en va un peu de même concernant le choix de Bernard Kouchner au ministère des Affaires Etrangères.
Appeler à ce poste un Pierre Lellouche light, quelle audace pour un Président qui vient s'excuser de l'arrogance française auprès des hautes autorités texanes...

Pourtant, on s'obstine à nous présenter les choses de façon binaire, en dehors de tout approfondissement idéologique. Puisque X a sa carte à gauche, le faire rentrer dans un gouvernement de droite = ouverture. Oserait-on aller jusqu'à parler d'ouverture si Georges Frêche était appelé au ministère de l'Immigration et de l'Identité Nationale ? Oui, probablement. Pourtant... je vous fais juge.

En fait d'ouverture, c'est bien de béton idéologique qu'il s'agit.

mardi 2 octobre 2007

Socialiste



Ainsi, nous devrions avoir honte d'être ce que nous sommes et ne plus afficher le caractère socialiste de notre pensée.

Une année à peine après mon adhésion, on me propose de changer l'en-tête de la carte que je conserve précieusement dans mon portefeuille aux côtés des documents marqués du sceau de la République.
Comme si cette adhésion ne signifiait rien. Changer le nom de ce parti ce serait agir comme si l'histoire et la pensée de ceux qui ont construit les identités socialistes n'étaient que mille feuilles sans cohésion, sans logique, sans qu'il y ait de valeurs communes.
Le nom de notre mouvement annonce par lui-même ce qui soude ses adhérents, il n'est pas un habillage lexical qui fluctue au gré des modes. Dire que l'on est socialiste, c'est déjà annoncer les valeurs qui lient nos pensées. Si celles-ci apparaissent ringardes aux yeux des citoyens, à nous de reconquérir le terrain par la persuasion plutôt que par la substitution de valeurs qui ne sont pas les nôtres. Non seulement nos valeurs sont excellentes, mais en plus, elles sont sexy.
Dire que l'on est socialiste, c'est déjà annoncer la couleur.

Pourquoi renoncer à le dire, sinon à ne plus l'être.