lundi 6 août 2007

A mort le Tour



En ce premier week-end d'août, c'est la reprise de la Ligue 1 Orange de football. Il était temps. Autour des machines à café, les discussions purement sportives vont pouvoir reprendre et évacuer tout ce qui n'est pas conforme à l'esprit de Coubertin.

Car cet été, immanquablement, pour peu que le sujet de conversation s'empare du Tour de France, c'est illico un sourire cynique qui s'affichait sur les visages des co-papoteurs. Les blagues entendues jusqu'à l'indigestion il y a dix ans (saluons Richard Virenque pour sa contribution acharnée au renouvellement du genre comique) pouvaient ressortir du frigo.

Bien sûr, il serait inutile de nier l'évidence (re-bonjour Richard), là n'est pas l'objet du propos. Seulement voilà, tout s'est passé comme si beaucoup de gens n'attendaient que ça et c'est avec des blagues teintées de méchants sarcasmes qu'inévitablement, le sujet était abordé.

Il y a même eu une jubilation à peine feinte qui a suivi les révélations égrenées chaque jour sur le Tour. C'est ainsi qu'on a pu voir dans le journal de 13 heures d'une chaîne de télévision publique un présentateur assaillir de questions toujours plus agressives l'un des organisateurs du Tour de France. Ce speaker relatait des événements de course en mélangeant les noms des coureurs et en s'empêtrant dans la chronologie des étapes (par exemple, il parlait d'un coude à coude dans une ultime ascension entre Contador et Vinokourov, alors que ce dernier se traînait à plus de vingt minutes de là). Il n'avait visiblement pas travaillé son sujet et on a pu le comprendre quand il est apparu évident que l'unique travail de la rédaction était en réalité d'amener l'organisateur du Tour invité du JT à lui faire dire que LE TOUR DE FRANCE EST MORT. C'est assez agaçant de voir que l'argent de la redevance télévisée est utilisé pour pratiquer les méthodes sensationnalistes de médias que l'on prend grand soin d'éviter habituellement. L'acharnement quand l'actualité accable suffisamment une cible facile, telle semble être la règle.

Mais le Tour est terminé désormais. Rideau. D'ici le prochain scandale où l'on se contentera de nous présenter du fait, rien que du fait, mais encore et toujours sans nous livrer le contenu d'un contexte sportif qui ne tolère plus la contre-performance et n'admet que l'excellence.

Car le grand cirque du cycle aura bien lieu l'année prochaine (
malgré les vraies fausses solutions suscitées par des quotidiens qui cherchent à doper leurs ventes du mois de juillet), d'ici-là, nous pourrons donc nous consoler avec un vrai sport vertueux duquel, en plus, la France a été championne du monde avec des joueurs au-dessus de tout soupçon.

jeudi 2 août 2007

L'écran de fumée


Clearstream par ci, Clearstream par là.
A intervalles réguliers, on en aura mangé du Clearstream.
Nicolas Sarkozy qu'on tente de mouiller.
Villepin qui souhaiterait l'éclabousser, incité par le chef de la bande de vilains garnements, le Président de la République d'alors.
Et vas-y que le nom du compagnon de la ministre de la défense serait apparu dans les listings truqués et v'là-t-y pas qu'en fait elle était peut-être au courant de la machination depuis le début...

Voilà qui fait beaucoup de mal à la République. Et là, il ne s'agit même pas de songer un instant aux conséquences pour les personnes physiques-protagonistes-serviteurs de l'Etat. Non, l'enjeu est de se soucier de la République elle-même. Après que le génial inventeur du septennat "2+5" (sur lequel pesaient d'immenses soupçons d'ordre judiciaire) soit réélu par le fait d'un scénario électoral catastrophe en 2002, après qu'un ministre de l'intérieur se soit mis à gigoter frénétiquement pour régler les problèmes de ses collègues (qu'ils soient de sa compétence ou pas), voilà que les plus hautes autorités de l'Etat, à pures fins électoralistes, nous jouaient une pièce bien avalissante avec pour décor les plus hauts lieux de pouvoir politique de ce pays.

On en oublierait presque le véritable fond de l'affaire. Quels seraient donc ces fameux comptes dont on aurait voulu attribuer l'usage à Nicolas Sarkozy ? Car ici , bien plus que dans le combat de coqs que se livrent tous ceux-là, se situe le réel intéret de l'histoire...
C'est à ce stade qu'il faut citer Denis Robert. Denis Robert est journaliste et a enquêté sur un système financier gigantesque et pourtant mal connu. Ce système s'appelle la compensation ou clearing. A l'origine, il s'agit d'un procédé permettant aux banques d'opérer des transactions en cercle fermé, à savoir entre elles. Les organismes offrant cette prestation, peu nombreux, sont en quelque sorte des banques de banques. Ceci n'a rien de répréhensible en soi.
Ernest Backes, qui a travaillé pour la CEDEL (ex-Clearstream), l'une de ces sociétés de compensation, a affirmé l'existence dans son ex-entreprise de comptes non publiés et tenus secrets desquels on aurait pu effacer toute trace de transaction, permettant donc techniquement un système massif d'évasion fiscale et de blanchiment d'argent. Denis Robert affirme avoir eu accès à ces comptes dont il affirme que, de facto, ils ne seraient pas réservés aux seuls établissements financiers... Depuis, Clearstream conteste farouchement ces allégations et contribue fortement à résorber le chômage dans le milieu des avocats d'affaires.

La mise à disposition de tels procédés auprès de personnes tant morales que physiques aurait de quoi laisser songeur. De nombreux magistrats se sont plaints de l'opacité qui règne dans le milieu financier. Que l'on s'en félicite ou qu'on le déplore, que l'on souhaite ou pas lui imposer davantage de régulation, la globalisation financière investit toujours plus ce monde. A aucun titre elle ne doit pouvoir échapper au peu de règles existant à ce jour.

samedi 28 juillet 2007

Un temps pour tout


Un soir, je me décide enfin à prêter l'oreille.
Le voilà... c'est celui-ci... le morceau dont on m'a parlé.
Il faut d'abord contempler son titre, froid et exotique à la fois : Olsen Olsen.
On m'a promis monts et merveilles de cette chanson de huit minutes. Huit minutes, pas moins.
Voilà qui pourrait rebuter. Huit minutes, à l'heure où les ondes FM ne tolèrent guère autre chose que le sacro-saint 3mn30s... Alors oui, huit minutes, c'est très long. Si vous avez déjà essayé de regarder pendant autant de temps l'émission "Attention à la marche", vous en conviendrez plus encore, huit minutes, c'est très, très long. A peu près autant, d'ailleurs, que quatre minutes d'Elsa et Glenn Medeiros... (coucou les copains) Mais quand on a réussi à suivre une étape de plaine de première semaine du Tour de France sans s'endormir on peut se considérer comme prêt à affronter bien des épreuves.

On aurait en effet bien tort de se priver de certains genres de huit minutes quand tant d'autres nous ont pourri la vie, un 6 mai avant 20 heures. Sans parler des dix cinq ans qui suivront...

D'abord, il y a la batterie qui fait peur, solennelle et fataliste, puis la basse, métallique et déterminée, vite rejointe par un son de guitare trafiqué qui ne parvient pas vraiment à rassurer étant donné que la voix ne tarde guère à apporter sa touche apeurée. Mais la première impression que cet assemblage procure est trompeuse, car très vite c'est finalement la sérénité qui pointe le bout de son nez, un bien-être qui peu à peu va muer en jubilation.
Oui, parfois, des femmes et des hommes nous prouvent qu'il faut savoir laisser le temps nous emmener par la main, lui qui se révèle un excellent guide pour nous surprendre et nous enchanter.

Le culte agité du tout-plus-vite-plus-fort-plus-efficace est consacré et peut-être bientôt constitutionnalisé, mais il a l'éclat d'un bijou toc. Je le sais, ce sont les Sigur Ros qui me l'ont révélé.

mercredi 25 juillet 2007

Si loin, si proche

A l'articulation de ces deux derniers siècles, alors que pour certains les dimanches se suivaient et se ressemblaient, d'autres vivaient leur dernier spectacle de magie collective. Ils assistaient (et s'en doutaient-ils alors ?) aux dernières esquisses d'un concept qu'on jugerait bientôt désuet.

Sur un fond vert : des lignes et des courbes blanches qui se croisent, des courses de bonshommes jaunes au bout des trajectoires blanches, des courses-leurres qui semblent faire fi des trajectoires blanches mais qui rendent fous leurs vis à vis, adversaires d'un soir.

Ces adversaires patienteront avant de pouvoir mettre le pied sur le ballon, ils attendront ce moment où l'atmosphère générale sera devenue si individualiste qu'elle en sera irrespirable pour les amoureux, utilisateurs d'espaces.