mercredi 4 mars 2009

Bernard ponce


Bernard Accoyer était l'invité de France Inter ce matin. On ne dira jamais assez l'importance de ces moments durant lesquels les ondes s'invitent dans nos oreilles en nous proposant d'y installer unetelle ou untel. Quelle que soit la radio qui a nos préférences matinales, ce moment tout particulier des questions aux invités peut parfois conditionner notre journée. Autant le dire, le Président de l'Assemblée Nationale m'a mis de fort mauvaise humeur.

J'avais pourtant décidé de laisser en ma couche la désagréable impression g
énérée par son attitude durant les débats sur la restriction du droit d'amendement. Sa partialité d'alors contrastait avec les vieux barons du gaullisme à qui il succédait, pour lesquels la fonction prenait le pas sur les querelles partisanes.
Des femmes et hommes politiques d'aujourd'hui se distinguent en ce que nombre d'entre eux prêtent le flanc aux poncifs éculés. Sans succomber aux brèves de comptoir ou aux clichés réacs et populistes, ils ont tendance à rabâcher des idées toutes faites qui sont le fruit d'un point de vue subjectif plutôt que la présentation d'une vérité intangible. Ainsi, Monsieur Accoyer, interrogé sur le parlementarisme en général et en France en particulier, n'a pas manqué de cautionner la perpétuelle prise en main du pouvoir par l'exécutif en tirant à vue sur deux macchabées déjà froids : les Troisième et Quatrième Républiques.

Pour ceux que l'histoire du droit constitutionnel passionne autant que l'histoire du zéro, sachez que communément, la Troisième République et son successeur, la Quatrième, sont rien que des régimes tout nuls parce qu'instables parce que les parlementaires faisaient rien qu'à faire valser les portefeuilles ministériels. Or,
il existe aujourd'hui des outils juridiques permettant de tempérer les excès d'hier ayant contribué aux renversements de gouvernement incessants qui posent tant de soucis aux obsédés de la Cinquième. Pourtant lorsque vous évoquez le souhait que le parlement soit revalorisé, il n'est pas rare que l'on vous réponde par un grand cri d'effroi en hurlant que "douxenfantjésusvousn'ypensezpas, que faîtes-vous donc de la 3° et de la 4° Républiques".

Comme si elles étaient des tâches dans notre histoire... comme si Aristide Briand, Raymond Poincaré, Emile Combes et Waldeck-Rousseau étaient des figures à rayer... Ces deux régimes parlementaires, morceaux clés de notre démocratie, portent leur part de désagréments, mais quelle lumière nous ont-ils apporté : assise républicaine du régime, laïcité, libertés publiques, création de droits sociaux incontournables, reconstruction après le désastre de 39-45, concrétisation de l'idée européenne.

Ceux qui poussent des cris épouvantés en évoquant cette part de notre histoire constitutionnelle sont pourtant supposés connaître tous les bénéfices d'un régime parlementaire qui rend possible le débat national. Il est bien étrange d'y préférer le caporalisme d'un régime qu'un homme seul infléchit par sa seule pratique du pouvoir et de la vie.
Surtout lorsque l'on préside l'Assemblée Nationale.

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