mercredi 24 septembre 2008

Mon socialiste




Quand on est jeune militant et qu'on est parvenu à ne lire qu'une copieuse biographie entre deux campagnes électorales, on reste, du coup, durablement imprégné de la vie et des mots du monument que le biographe Jean Lacouture passe au crible.

De monument, Léon Blum n'en a pourtant pas le physique. Il ne dispose pas non plus de l'ampleur vocale souvent prêtée au monstre Jaurès.

Pourtant il n'est guère d'autre moyen de juger l'homme et son parcours. Du critique littéraire brillant au successeur de Jaurès, du gardien de la vieille maison à l'accusé-accusateur de Riom, Léon Blum a jalonné son parcours d'un courage véritable qui ferait passer Bruce Willis pour Francis Perrin.

Face aux agressions et à la haine, devant les camarades tentant l'aventure totalitaire, face aux accusations protéiformes, l'homme restera humble et debout jusque sur son lit de Jouy-en-Josas.

Alors qu'approchent les dernières pages d'une vie considérable, la conscience que l'on est sur le point de perdre un camarade que l'on connaissait peu malgré les livres d'histoire enserre la gorge. C'est sonné que l'on achève la dernière ligne mais plus convaincu que jamais que le combat choisi est bien le sien.

* bébé renvoyé aux camarades Typhaine, Matthieu et Karim.

vendredi 5 septembre 2008

Regarde derrière toi



Le crabe et le surimi ne sont pas peu fiers d'avoir été invités par le majestueux albatros à écrire quelques mots sur un éminent socialiste passé. La démarche est intéressante, et aux yeux d'un néo-adhérent, peut-être indispensable.

On a parfaitement le droit d'entrer au PS en étant convaincu de tomber sur une équipe de bras cassés, d'apparatchiks molassons, de brontosaures à peine déstalinisés ou de sociaux-traîtres patentés. On a aussi le droit de se rendre compte que l'on s'est trompé pour peu que l'on daigne prêter l'oeil et l'oreille aux "anciens". Pour cela, encore faudrait-il que d'éminents prétendants aux couronnes ne flattent exagérément l'égo des purs non encore souillés par les prétendues malfaisances politicardes.

Je lis, j'entends, dans les journaux, dans ma section, qu'il faudrait faire preuve d'inventivité, de modernité. Trop souvent, cette urgence à penser l'avenir est non seulement un poncif rabaché au point de devenir une fin en soi ultime, mais elle est de surcroît interprétée comme une nécessité d'oublier. Le passé du PS serait devenu trop poussiéreux pour qu'on ait quoi que ce soit à en apprendre. Pourtant, lire l'histoire de ceux qui ont fait ce parti c'est apprendre beaucoup sur ce que nous vivons et même sur qui nous sommes, à titre collectif et individuel. Faire table rase, c'est se priver d'une nourriture indispensable pour ne pas tomber dans les bras du premier démagogue venu ou du dernier causeur à la mode.

A suivre, la fameuse bafouille.

lundi 1 septembre 2008

La République des bleus - épisode 2 : de 1958 à 1978



Après 1958, la France s'ennuie. Les droites succèdent aux droites à la tête de l'Etat.

Claude François, Guy Lux, Mireille Mathieu, Michel Sardou, Johnny Halliday. La France a des renforts aux coudes de ses pull-overs et préfère Intervilles aux Shadoks.

L'équipe de France, quant à elle, sombre dans une léthargie qui durera presque vingt ans. Elle est dans cet intervalle incapable de passer les quarts de finale d'une quelconque compétition internationale. Le supporter de football se réfugie alors dans la bien plus palpitante opposition entre les ouvriers Verts stéphanois et les libertaires Canaris nantais.

En 1977, toutefois, les bleus se qualifient pour la Coupe du Monde qui aura lieu en 1978 en Argentine. 30 ans avant Pékin, on (surtout Rocheteau en fait) se pose alors la question du boycott du régime de Videla. Finalement, les français se rendront bel et bien dans ce qui n'était pas encore l'autre pays de Florent Pagny.
En 1978, les français se rendent également aux urnes et la gauche a bon espoir de progresser fortement. Le score réalisé est historique pour le Parti Socialiste et pour l'ensemble de la gauche. La droite, qui craignait très fort une défaite, sait qu'elle risque de ne plus en avoir pour très longtemps tant le nouveau souffle est puissant.

Les âmes et les jambes sont défaites de peu mais ne tarderont pas à retrouver tout l'allant nécessaire car si l'histoire retient avant tout l'élimination, les scores et le jeu développé livrent un lot indubitable de motifs d'espoirs de lendemains qui chantent.