jeudi 19 juin 2008

Un caillou dans la chaussure



Voilà un film qui a su se faire attendre. Comme souvent dans ces cas-là, l'effet des vases communiquants des émotions pourrait faire son oeuvre destructrice de plaisir. Par un étrange phénomène, l'attente suscitée par un film peut être inversement proportionnelle au plaisir qu'on aura à le visionner.

Ici, l'attente est gigantesque.

D'abord, parce que c'est Kusturica, l'orfèvre bordélique de l'onirique.

Enfin, parce que c'est le héros de millions de gamins, au-delà même de ce que put être Indiana Jones, plus adulé que le Che, plus oecuménique que Jésus-Christ, c'est Maradona... ou Diego... ou Diego Armando... ou la main de Dieu, ou le Pibe de Oro... ou le pourri qui a marqué de la main... ou le génie qui a planté le but du siècle.

Le sale petit gosse de l'autre pays du football sud-américain n'avait pas besoin de se rappeler au bon souvenir de qui que ce soit. D'une manière ou d'une autre il vibre en quiconque fait du football un art à part et en chaque enfant qui frotte son nez morveux du revers de la main avant de se ruer sur ceux qui l'importunent.
Souvent, Maradona s'est battu, plusieurs fois il a dépassé les bornes, parfois il est allé trop loin.
Si malgré tous les excès, il emporte l'adhésion, c'est parce que Maradona n'aurait pas dû exister. Il est une anomalie dans l'évolution du football, il est poil à gratter pour tout apparatchik d'un sport qui aspire à la respectabilité sans aspérités.

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