vendredi 18 avril 2008

Bonjour ma colère




Télé Poche
27 mars 1984
Je tiens à prendre la défense de M. Gainsbourg à propos du billet qu’il a brûlé et qui a révolté tant de personnes. Mon mari est ouvrier et cinq cents francs représentent beaucoup pour nous, mais ce geste fait partie des libertés que ce monsieur puisse s’offrir. Quant au fait de voir s’envoler cet argent en fumée, ne croyez-vous pas que ce « petit billet » est une goutte d’eau comparé à ceux gaspillés pour « La minute de M. Cyclopède ». Ça me révolte et c’est un scandale car ce n’est pas l’argent de M. Gainsbourg, mais celui de tous les contribuables.

Mme R. Maryse, 51 – Reims
Télé Poche du 27 mars 1984




Bonne Soirée
3 mai 1984

Une lectrice choquée


Voilà des années que j’achète chaque semaine votre magazine ; chez le marchand de journaux parce que la poste ne le livre pas toujours intact. Je le lis de la première page à la dernière. Je le trouve varié et intéressant, et jusqu’ici j’avais considéré qu’il était le meilleur magazine de la famille le trouvant objectif et de bon conseil. Et voilà qu’à ma grande surprise j’y trouve (n°3243 du 6 avril) un article concernant Pierre Desproges. Ne voulant cependant pas être sectaire, j’en ai pris connaissance. Dès le premier mot, la première phrase, j’étais révoltée : « Dans la vie, clame Desproges, il faut choisir. Comme disait Himmler en quittant Auschwitz pour la Hollande, on ne peut pas être à la fois au four et au moulin ». Ce monsieur n’a que le blasphème à la bouche, il ne respecte rien. Je suppose qu’il a dû énormément souffrir dans la vie pour avoir ainsi en lui tant de rancœur, mais vous, faites-nous au moins grâce de sa prose la plupart du temps complètement idiote. Je suis âgée, mais j’ai eu une vie intéressante et bien remplie. Veuve de journaliste, j’ai après la mort de mon mari fait seize spectacles et ai terminé ma vie active comme secrétaire du docteur Moatti, qui publie actuellement dans votre revue une série d’articles. J’ai beaucoup voyagé et ne suis nullement intolérante cependant Desproges est plus que je ne peux en supporter. J’évite comme la peste « La minute de Monsieur Cyclopède » à la télé, mais là, il suffit de changer de chaîne. Faudra-t-il changer de revue pour ne plus le voir sur les pages de mon magazine préféré ? Excusez cette diatribe, mais je pense que vos lectrices ont dû avoir en majeure partie la même opinion. Comment les ferventes de Joëlle Rabette, Jacqueline Bus et autres pourraient-elles supporter ce monsieur ?

Mme S.D.,75019 Paris

Le Rouergat
20 juin 1986
Nous avons vu aussi...
Pierre Desproges tout seul en scène
(samedi, 20.35, FR3).

Avec quoi ce monsieur a-t-il choisi de nous faire rire ? Ca ne vole pas bien haut : des allusions plus ou moins vachardes (aux Juifs, résistants, collabos…), des coups de griffes ou insultes (contre Louis Leprince-Ringuet, par exemple), quelques égratignures autour de Dieu ou la première communion, des phrases clichés de style pub, des gros mots et grossièretés. Guère de quoi rire…


AVANT-PREMIÈRES
Par
Colette Boillon



vendredi 11 avril 2008

La "the Lala"



En trente ans de temps, bâtir une humanité sans faille, tremper le caractère sans jamais blinder la sensibilité, dire merci le plus naturellement du monde, aiguiser l'humour comme un couteau qu'on lance au coeur du cynisme, enseigner l'exigence et la valeur des gens qui comptent à tous les gens qui comptent.

A se cotoyer longtemps, à faire d'une amitié une évidence, on pourrait oublier sa chance d'avoir pu parler d'une sainte famille.
Et puis on n'oublie rien.
De
la découverte d'un titi parisien qui paume son flingue à la contemplation de la première sieste d'une petiote, on garde tout, on avale l'avenir pour en chérir le souvenir.

lundi 24 mars 2008

Deux voies de mémoire



Dans pas longtemps, amis libertaires et progressistes, on va morfler.
Souvenez-vous... le 29 avril 2007. Il y a un an, il y a un siècle, il y a une éternité.
Un candidat ruisselant de sueur appelait à la liquidation d'un esprit.

Ca ne se passait pas en Russie, ni en Corée du Nord, ce n'était pas à Cuba ni au Venezuela. C'était ici même pendant un temps démocratique unique en son genre : la campagne présidentielle.
Le candidat de la droite refaisait l'histoire en relisant la prose d'Henri Guaino : les gamins qui n'avaient pas encore les cheveux longs et qui occupaient la Sorbonne étaient désignés comme les responsables de tous les maux de la France de 2007 : crise de l'école républicaine, capitalisme financier devenu incontrôlable, règne du cynisme, de la flambe et du fric.

On nous avait habitué au discours classique sur les pertes de valeurs morales qui auraient abaissé le rang d'une France toujours moins folle de la messe. Mais voilà qu'on reproche désormais aux enfants de mai de favoriser ce qu'ils n'ont eu de cesse de critiquer.
Quel que soit ce qu'on affirme, il semble que ce n'est plus la cohérence du propos qui importe mais le volume sur lequel il est prononcé. Ce soir-là, le chef de la droite a hurlé des contresens aussi fort que ses proches conseillers ont haï le courant d'air du mouvement de mai. Ils ont détesté la critique de l'ordre établi, la quête des idéaux, les impertinences surréalistes, les revendications sociales et d'une manière générale l'immense bordel hétéroclite d'aspirations d'alors. Comme souvent, la droite a réagi en châtiant et en vomissant ce qu'elle ne comprenait pas.

Elle l'a si peu compris que presque 40 ans plus tard, l'accusé est tout trouvé pour les échecs à venir déjà prévisibles en avril 2007.
Crise de l'école : mai 68.
Capitalisme fou : mai 68.
Parachutes dorés : mai 68.
Waterloo, Dien Bien Phu, Alésia, Schumacher qui dégomme Battiston, Kennedy abattu à Dallas, la disparition des dinosaures, tout ça, ce sera peut-être bientôt la faute à Cohn-Bendit.
D'affirmations péremptoires et infondées en indignations privilégiant raccourcis percutants plutôt qu'analyses complètes, on falsifie l'Histoire et les idées en les simplifiant jusqu'au non-sens. Au fil des jours, il est de plus en plus question de changer la France dans son avenir en maquillant son passé.

lundi 17 mars 2008

Du jour en pleine nuit

La joie était grande hier soir, place Saint-Corentin, à Quimper.
Il y faisait jour. Des notes de musique qui font balancer les hanches émanaient de chaque pavé.
Tête en arrière, tête en avant, tête à gauche et tête à droite (mais pas trop).

Le nouveau souffle, c'est aussi une guitare sensuelle à contre-temps qui s'abandonne dans un tourbillon de bonheur difficilement explicable.


Banquet - Bloc Party
envoyé par musiclivesat

Erratum - On me prie d'insérer que ce n'est pas la guitare qui est à contre-temps mais bien les charlestons de la batterie. Vous me direz, ça dépend de quel endroit dans la mesure on part, mais en fait non.
Toujours est-il que la guitare, c'est plus sexy que les charlestons, mais ça l'est moins qu'une écharpe de maire.
Bisou et remerciement au rectificateur, grand guide bienfaiteur de ma conscience musicale.