jeudi 5 juin 2008

Com'




Quelle est la différence entre un texte de loi sur lequel on ne communique pas et un texte de loi sur lequel on communique bien ?

Aucune.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, un texte créant une norme juridique n'est en aucun cas modifié par la façon qu'on a d'en parler. Par exemple, si l'on décide de dilapider 14 milliards d'euros dans un Etat quasiment en faillite, vous pourrez communiquer autant que vous voulez, et même avec beaucoup de talent (si tant est qu'on puisse en reconnaître aux professionnels de la communication) le résultat restera que 14 milliards d'euros ont été prélevés sur le budget de l'Etat, et que ceux-ci n'iront pas soulager le pouvoir d'achat de nombreux français modestes ou pauvres.

Et pourtant... depuis qu'un publicitaire poitevin a jugé bon de raffariner à tout va, on voudrait nous faire croire que les réformes sont principalement tributaires de la communication qui les accompagne... On notera la disparition des termes "information" et "pédagogie" au profit de celui qui fait vendre des lessives.

Pour faire directement référence à la pseudo-séance d'autoflagellation élyséenne du mois d'avril, comment ne pas voir que rien n'est véritablement remis en cause. Si le principal protagoniste sans rolex a passé son temps à se reconnaître des erreurs, c'était finalement pour ne rien renier sur le fond... puisque seule la forme était à revoir.

Le papounet de Jean considère que son action a été bonne mais qu'elle n'a pas été correctement interprétée. Or, promettre que le cap ne change pas en parallèle d'une reconnaissance de fautes de communication, c'est un peu nous dire "on a été bons, le problème c'est que vous ne comprenez rien". La drôle d'impression, le sentiment diffus qui montait au cours de l'entretien était bel et bien que plus le Président se chargeait artificiellement de fautes, plus il semblait nous dire à tous que nous serions bien inspirés de faire un petit effort afin de mieux saisir les louables intentions qui étaient les siennes et celles de son collaborateur préféré. On n'avait peut-être jamais autant fait remarquer aux citoyens à quel point ils ne méritaient pas leur monarque.

vendredi 23 mai 2008

Royal Rumble



On nous l'avait promis. Tout devient possible.
Tout, partout, sur tous les thèmes, en même temps, n'importe quand, n'importe comment, quitte à provoquer le brouillage de l'information, quitte à noyer l'ensemble dans la plus grande des confusions afin de ne surtout pas permettre la lisibilité du scénario qui nous permettrait de comprendre le dénouement de l'histoire.

De couacs en chaos, de contre-pieds en admonestations diverses, il est toujours aussi compliqué de s'habituer au régime qui s'est ouvert depuis un an. Et d'ailleurs, est-il possible de s'habituer au déséquilibre permanent quand il apparaît comme étant une méthode assumée de gouvernement ?

Le Parti Socialiste semble s'être mis au diapason du bordel tous azimuts. C'est du moins ce que les journalistes se plaisent à dire. Souvent à raison d'ailleurs...
La guerre des chef(e)s qui semble s'annoncer pourrait fort bien être regrettable tant la sanguinolence ne pourra rien apporter à la gauche française. On peut toutefois s'interroger sur ce qui anime la réflexion des plus brillants éditorialistes prompts à ironiser sur les combats d'égos alors que les questions posées aux responsables socialistes au cours des interviews radiophoniques matinales ne visent qu'à entretenir voire attiser ce Royal Rumble politique en feignant d'inviter à s'en offusquer.

jeudi 8 mai 2008

24 heures ni-ni



C'est toujours de grands moments que l'on vit lorsqu'on défile.
Les émotions sont décuplées dès lors que l'on se joint à une cause que l'on connaît peu et que l'on découvre sur le terrain militant.

Le 29 mars dernier, plusieurs associations se sont retrouvées à Paris sous la bannière du collectif "ni pauvre ni soumis". Des dizaines de milliers de personnes ont défilé afin que l'Allocation Adultes Handicapés devienne autre chose qu'une initiation à la survivance et aux débuts de mois difficiles.

Certes, la question du handicap et d'une manière générale les situations de santé précaire ne peuvent se réduire au montant d'une allocation financière. Les enjeux d'accessibilité à une citoyenneté pleine et entière sont des questions que l'on ne peut bien sûr pas écarter. Elles infusent au contraire toute l'action de l'ensemble des personnes présentes ce jour-là à Paris. Il suffit tout bonnement de comprendre à quel point un simple trottoir mal conçu est un frein à la plus élémentaire des libertés de circulation. Ceci étant, le quotidien de l'ensemble des personnes présentes ce samedi ensoleillé de mars et de toutes celles absentes faute de pouvoir s'y rendre est désormais devenue telle que le réexamen substantiel plutôt que symbolique de l'AAH permettrait une immédiate quoiqu'insuffisante petite bouffée d'oxygène.

De part les rencontres et les échanges, qu'ils aient été brefs ou prolongés, la journée fut inoubliable, forte et riche d'êtres humains tous tendus vers un idéal d'égalité et de citoyenneté à venir mais à provoquer.

vendredi 18 avril 2008

Bonjour ma colère




Télé Poche
27 mars 1984
Je tiens à prendre la défense de M. Gainsbourg à propos du billet qu’il a brûlé et qui a révolté tant de personnes. Mon mari est ouvrier et cinq cents francs représentent beaucoup pour nous, mais ce geste fait partie des libertés que ce monsieur puisse s’offrir. Quant au fait de voir s’envoler cet argent en fumée, ne croyez-vous pas que ce « petit billet » est une goutte d’eau comparé à ceux gaspillés pour « La minute de M. Cyclopède ». Ça me révolte et c’est un scandale car ce n’est pas l’argent de M. Gainsbourg, mais celui de tous les contribuables.

Mme R. Maryse, 51 – Reims
Télé Poche du 27 mars 1984




Bonne Soirée
3 mai 1984

Une lectrice choquée


Voilà des années que j’achète chaque semaine votre magazine ; chez le marchand de journaux parce que la poste ne le livre pas toujours intact. Je le lis de la première page à la dernière. Je le trouve varié et intéressant, et jusqu’ici j’avais considéré qu’il était le meilleur magazine de la famille le trouvant objectif et de bon conseil. Et voilà qu’à ma grande surprise j’y trouve (n°3243 du 6 avril) un article concernant Pierre Desproges. Ne voulant cependant pas être sectaire, j’en ai pris connaissance. Dès le premier mot, la première phrase, j’étais révoltée : « Dans la vie, clame Desproges, il faut choisir. Comme disait Himmler en quittant Auschwitz pour la Hollande, on ne peut pas être à la fois au four et au moulin ». Ce monsieur n’a que le blasphème à la bouche, il ne respecte rien. Je suppose qu’il a dû énormément souffrir dans la vie pour avoir ainsi en lui tant de rancœur, mais vous, faites-nous au moins grâce de sa prose la plupart du temps complètement idiote. Je suis âgée, mais j’ai eu une vie intéressante et bien remplie. Veuve de journaliste, j’ai après la mort de mon mari fait seize spectacles et ai terminé ma vie active comme secrétaire du docteur Moatti, qui publie actuellement dans votre revue une série d’articles. J’ai beaucoup voyagé et ne suis nullement intolérante cependant Desproges est plus que je ne peux en supporter. J’évite comme la peste « La minute de Monsieur Cyclopède » à la télé, mais là, il suffit de changer de chaîne. Faudra-t-il changer de revue pour ne plus le voir sur les pages de mon magazine préféré ? Excusez cette diatribe, mais je pense que vos lectrices ont dû avoir en majeure partie la même opinion. Comment les ferventes de Joëlle Rabette, Jacqueline Bus et autres pourraient-elles supporter ce monsieur ?

Mme S.D.,75019 Paris

Le Rouergat
20 juin 1986
Nous avons vu aussi...
Pierre Desproges tout seul en scène
(samedi, 20.35, FR3).

Avec quoi ce monsieur a-t-il choisi de nous faire rire ? Ca ne vole pas bien haut : des allusions plus ou moins vachardes (aux Juifs, résistants, collabos…), des coups de griffes ou insultes (contre Louis Leprince-Ringuet, par exemple), quelques égratignures autour de Dieu ou la première communion, des phrases clichés de style pub, des gros mots et grossièretés. Guère de quoi rire…


AVANT-PREMIÈRES
Par
Colette Boillon