lundi 22 décembre 2008

La République des Bleus - Episode 4 : de 1987 À 1997




L'après-1986 est rude.
Jacques Chirac singe Thatcher et Reagan pour le plus grand malheur des français qui le lui feront bien payer par la suite.

Pourtant...
M
algré la nouvelle victoire de François Mitterrand en 1988, la gauche a mal à Jean Jaurès. Economie plus que ralentie, affaires judiciaires pas rigolotes, la vie quotidienne que l'on relate aux infos est largement aussi triste qu'une équipe de France qui se ridiculise malgré ses éléments brillants.
Pour couronner le tout, la camarde assène le coup de grâce en dehors de tout esprit de sportivité au plus rigolo des limousins sous le prétexte qu'il se serait un peu trop moquée d'elle... l'idiote...

Le point d'orgue du malheur en bleu est atteint en 1993. Le football hexagonal est atteint par les affaires, et dans une ambiance délétère, l'équipe de France sort piteusement vaincue de la course à la qualification pour la coupe du monde des Z'tats-Unis. Pour certains, Kostadinov m'a tuer (pour d'autres c'est Ginola, mais bon...).

En 1996, François Mitterrand passe l'arme à gauche (décidément très accueillante en la matière). Pour autant, le Parti Socialiste ne meurt pas et en cette année travaille et précise son programme pour les élections alors prévues en 1998. La bande à Aimé Jacquet fait de même. Si elle ne remporte pas le Championnat d'Europe des Nations 96, elle pose toutefois les jalons pour les prochaines échéances en ses terres. Alors que la sinistrose avait la vigueur d'un typhon, par le travail et le courage, tout ou presque est là pour redonner un peu de couleurs au pays.

jeudi 11 décembre 2008

Bernard Vendetta





Alors que la direction du Parti Socialiste se met en place, le retour a une lecture plus variée de l'actualité après l'incroyable focalisation médiatique sur le poing et la rose laisse réellement dubitatif. De psychodrames en contradictions, de boulettes en âneries pitoyables, la majorité politique nationale actuelle continue de se rouler dans le ridicule et dans l'absurde.
Oh, certes, il faut savoir se regarder la tonsure avant d'épouiller celle des voisins. Alors commencons par là, ce sera rapide : le PS est réellement rassemblé. Pourtant, on pourrait me rétorquer qu'il existe des oppositions coriaces à la direction fraîchement élue. Ce à quoi il est tellement évident de répondre tends l'oreille mon ami, et dis-moi si l'aigreur n'a pas un accent plus prononcé encore que celui de Schivardi ?

De l'autre côté, les cadors de l'ouverture ne cessent de se renier. Encore que bien peu de personnes ne pouvaient s'étonner du départ de Jean-Marie Bockel, Bernard Kouchner s'asseoit sur ses principes passés comme un vieux schnock sur ses passions adolescentes. La Realpolitik est devenue son seul référentiel d'action et de discours : une obsession inquiétante. Les propos à l'adresse de Rama Yade étaient bien évidemment tactiques et visaient essentiellement à la décrédibiliser suite à ce qui apparaît comme un camouflet pour sa majesté en plaqué or.

Il revenait visiblement au ministre de tutelle de s'exprimer sur cette "affaire" mais on ne peut que constater que les rangs des porte-flingue du président sont fort bien pourvus en pseudo "hommes de gauche".

Je me souviens pourtant bien des sourires en coin de ceux-là qui se présentaient comme les poils à gratter du gouvernement, ceux qui seraient là pour que la voix de la gauche ne soit pas oubliée, ceux qui tenteraient d'infléchir la politique depuis l'intérieur, même que les sceptiques allaient bien voir c'qu'y z'allaient voir, nom d'un p'tit bonhomme... Mais le symbole même de l'ouverture est devenu bien pire qu'un faire-valoir.
Au-delà du rôle qu'on lui prête (siphonner le réservoir électoral de la gauche), Kouchner est passé au rang de serviteur des colères et caprices présidentiels, quitte à franchir la ligne jaune un jour de date anniversaire.






NB - la grossière erreur volontaire concernant le nombre de députés MODEM garnissant les bancs de l'Assemblée de la précédente note était bien à entendre comme un quolibet à inscrire dans le seul cadre du processus du congrès du PS. Le crabe présente ses excuses à toute autre personne qui se serait sentie blessée par cette boutade qui ne lui était pas destinée et lui adresse ses chaleureuses pensées.

mardi 25 novembre 2008

Après les éléphants




On ne peut pas reprocher le manque de clarté de la décision des militants.

Ils se sont exprimés les 6, 20 et 21 novembre. Leurs votes n'ont pas permis de dégager de message clair si ce n'est qu'ils se sont tourné à 71% vers ceux qui souhaitaient que le PS ne soit pas un parti de supporter ni un partenaire amené à s'allier avec le MODEM (ce parti si incontournable qu'il n'a pas de député).

Ségolène Royal et ses amis ont depuis décidé de ruer dans les brancards qui soutenaient des militants meurtris mais survivants. Plutôt que de choisir l'apaisement, ils ont préféré montrer qu'ils avaient fait semblant de souhaiter un congrès serein et que celui-ci n'aurait obtenu le label "utile" qu'à la seule condition qu'ils en soient sorti vainqueurs absolus.

Ségolène Royal a perdu. Pense-t-elle pour autant avoir tellement perdu qu'elle puisse même y laisser sa dignité ? C'est pour le moment le chemin que ses lieutenants empruntent. En feignant la révolte et l'indignation, ils instrumentalisent la colère de militants déçus et, après s'être attribué le terme de "rupture", se dirigent vers une voie de manipulation de l'opinion et des émotions, celle qu'ils villipendaient quand elle desservait les socialistes et les habitants de notre pays en 2007. Ionesco aurait quasiment pu en faire le sujet d'une pièce...


mardi 18 novembre 2008

Jeudi (et peut-être même vendredi)



Notre responsabilité sera grande jeudi (et peut-être même vendredi). Cette fois ce sont des noms que nous glisserons dans l'urne.
Au plan local, je ferai totale confiance à Marc Coatanéa pour prendre la succession de notre premier secrétaire fédéral Jean-Jacques Urvoas.

Au plan national, nous choisirons qui sera notre visage et qui sera notre voix pour les années à venir au sein de la gauche française. La personne qui y sera désignée sera chargée de rassembler la gauche. Elle aura un rôle considérable pour sortir le parti d'une paresse intellectuelle chronique. C'est selon ces critères que je me déterminerai jeudi (et peut-être même vendredi).

Jeudi, j'espère que Martine Aubry sera en tête de nos suffrages. Son parcours et son action illustrent ce qui m'a fait aimer ce parti et son histoire et ce qui m'y fit adhérer en 2006. Mais loin de se reposer sur ses lauriers, elle a déjà entamé le chantier de la mise au travail. Celui-ci était nécessaire car depuis fort longtemps nous n'avons pas suffisamment réfléchi et parce que la réflexion sur notre parti ne peut se réduire à la lecture arithmétique de résultats de premier tour d'une élection présidentielle.

Martine s'adresse aux attentes sociales des français en leur proposant un projet de société plutôt qu'en agitant des gadgets, elle ne cède pas à la démogagie sécuritaire, elle est ambitieuse pour l'Europe et elle travaillera vraiment avec tout le monde dans et en dehors du parti.
Je cocherai la case en face de son nom ce jeudi (et peut-être même vendredi).

jeudi 13 novembre 2008

Comme un voile




Après un article écrit au lendemain du vote socialiste sous le coup du courroux, il est temps de revenir sur ce qui cristallise une opposition que certains qualifient à tort de façade.


La question du rapport au Modem est au coeur du congrès qui s'annonce. Un certain nombre de soutiens des motions A, C et D (et probablement B et F) interpellent les supporters de la motion E (qui était la seule à compter deux premiers signataires ex-aequo, on comprend mieux pourquoi dorénavant, mais est-ce étonnant de renier sa parole quand cette fâcheuse tendance est édifiée en stratégie) sur ce qu'entend éventuellement effectuer Ségolène Royal vis à vis du Modem en général et de Bayrou en particulier.


Qu'un certain nombre de camarades ayant fait le choix du renouveau et de la refondation en optant pour la motion de celle qui fut ministre dès 1992 au sein du gouvernement Bérégovoy soient totalement sincères dans le rejet d'un contrat de gouvernement avec le Modem est parfaitement envisageable, compréhensible et même rassurant. En revanche, ceux-là même ne sont toujours pas capables d'expliquer pourquoi Madame Royal, candidate à la Présidence de la République désignée par le vote des militants socialistes (à 60.62%) :

. a nié la pertinence du projet socialiste voté par les militants (à 85%)

. a émis l'hypothèse de nommer François Bayrou premier ministre en cas de victoire.


Autant de couleuvres que les militants ont du avaler les unes après les autres sans jamais avoir à donner leur opinion par rapport à des positions politiques pour lesquelles l'ex-candidate n'a jamais ressenti le besoin d'éclaircir les choses une bonne fois pour toutes alors même que l'occasion lui en est donnée dans la mesure où elle se positionne pour infléchir la ligne socialiste pour les prochaines années.


Plutôt que de saisir l'occasion de le faire durant cette période charnière pour l'avenir du Parti Socialiste (à défaut de l'avoir fait auparavant), la motion E choisit de railler toutes ces légitimes inquiétudes. Que ses partisans ne s'étonnent pas si certains militants interprètent ce non-choix comme une promesse dont il faudra tirer toutes les conséquences le 20 novembre.

Sauvons la statistique publique




Sans concertation préalable, la Présidence de la République et le gouvernement ont décidé au cours de l’été de créer un « Pôle National de la Statistique Publique » à Metz. Présenté comme une création et un regroupement, ce projet est en fait un démantèlement d’activités déjà existantes, qui vise à compenser la fermeture des casernes de Metz. Nous protestons contre cette décision précipitée qui menace l’efficacité et la qualité du service statistique public, indispensable au débat démocratique.

Ou quand Nicolas Sarkozy dit modernisation et pragmatisme, il faut entendre casse publique et improvisation...

Si le sujet vous importe et si vous voulez rester mon copain, je vous invite donc vivement à signer la pétition à votre disposition ici : http://sauvonslastatistiquepublique.org/
Vous y trouverez également tout plein d'explications sur les enjeux de la préservation de la statistique publique.

vendredi 7 novembre 2008

WTF ?




Mais qu'est-ce qui leur a pris ?
Qui sont ces pseudo-modernistes qui ont pris le pouvoir dans l'une des plus cruciales institutions de l'Europe ?

Comment peut-on à ce point s'asseoir sur une histoire aussi prestigieuse que délicieusement pourvoyeuse de rêves ?
Par quelle étonnante vue de l'esprit ont-ils pu s'imaginer que nous étions tous devenus, petits ou grands, des individus aspirant aux couleurs criardes et aux dessins plus enfantins qu'un album de coloriage premier âge ?


Ils ont tué Kinder Surprise. Quand ça ? Je l'ignore. Toujours est-il que les surprises qu'on nous réserve dorénavant dans les oeufs chocolatés sont devenues d'ignobles petits jouets brillants et colorés aux formes débilisantes. La plupart d'entre eux ressemblent à s'y méprendre aux personnages mal dessinés des plus mauvais dessins animés que TF1 réserve à nos têtes blondes et brunes. Fut un temps où ceux-ci contenaient des trésors à assembler et qui demandaient un minimum de concentration afin que l'aile de l'avion ne soit pas salement orientée au risque de manger le premier building venu.


Tout cela est terminé puisque les pièces les plus difficiles à élaborer requièrent au grand maximum trois manipulations, et encore ! avec un détrompeur au cas où vous mettriez le bras gauche du pirate à droite et le bras droit au milieu du front.

Et quand bien même... Qui est-il le concepteur de ce jouet pas rigolo pour s'autoriser à empêcher un enfant (ou un socialiste) à élaborer un petit monstre de sa propre conception ?

En ayant cherché à s'adresser au plus large public possible monsieur l'ingénieur des jouets Kinder surprise a bien dénaturé ce que le jouet Kinder représentait pour les enfants qui deviendraient grands et pour les grands qui se rappellent qu'enfants, ils voulaient devenir grands.

mardi 4 novembre 2008

ça va trancher




Les feux allumés récemment contre la motion D sont étonnants. Ils mettent le plus souvent en exergue la discipline au sein du parti. Souvent incohérents, lorsqu'ils viennent de François Hollande (celui par qui était dépositaire de l'exemplarité dans notre parti), ils deviennent franchement drôles lorsqu'ils viennent de celles et ceux qui ont choisi la motion E comptant dans ses rangs celui qui a tellement bafoué le Parti Socialiste qu'il aurait bien aimé en changer le nom et celle qui a avoué ne pas croire au projet présidentiel choisi massivement par les militants.

Ces reproches (les leurs, les miens) sont devenus cosmétiques car anachroniques. Dans deux jours, les socialistes auront tout loisir de s'exprimer dans les urnes. Nous devrons par la suite faire avec, en connaissance de cause. Un choix en faveur d'une motion n'interdit pas un intérêt nourri pour d'autres textes. Faire confiance à Martine Aubry et à sa démarche de réel rassemblement c'est aussi porter l'espoir que d'autres camarades viendront grossir les bancs d'un Parti à nouveau au travail.

vendredi 31 octobre 2008

Encyclopédie socialiste syndicale et coopérative de l'Internationale Ouvrière - 1




Comme Marcel Déat, Adéodat Compère-Morel tournera bien mal dans le courant des années 30. Avant d'être séduit par le néo-socialisme, il fut un socialiste actif et fort observateur du développement du parti. Un ami cher m'a offert le tome 1 de l'ouvrage intitulé Encyclopédie socialiste syndicale et coopérative de l'Internationale Ouvrière - La France socialiste.
Compère-Morel (alors guesdiste) demanda à Hubert-Rouger, député, de rédiger un travail consistant en l'étude de l'histoire du mouvement socialiste du point de vue des Fédérations. Un chapitre concernant notre belle finistérienne éclaire un peu plus ce que fut la consolidation de l'idée socialiste dans notre département.
Fédération du FINISTERE
La fédération du Finistère, qui a pris en si peu de temps un si rapide développement, est une des plus jeunes du Parti et on peut dire d'elle qu'elle n'a connu qu'une organisation nationale : la Section Française de l'Internationale Ouvrière.
Il convient cependant de relever les premières traces et les premières tentatives d'organisation ouvrière à Brest.
Dans cette dernière ville, un groupe important fut constitué dès 1894, qui comptait parmi ses militants Albert Wilm, et qui organisa des causeries et des conférences socialistes fort suivies.
A Lambezellec il existait également un petit noyau de socialistes qui firent élire dès 1884 le cotoyen Gouzie conseiller municipal.
Il existait également un groupement à Morlaix adhérent au P.O.F. * et fondé en 1900, faisant partie de la Fédération de Bretagne comprenant les départements des Côtes-du-Nord, Finistère, Ille-et-Vilaine, Loire-Inférieure et Morbihan, jusqu'en 1907 où les groupes respectifs de chaque département fondèrent des fédérations distinctes.

En 1904, la liste républicaine socialiste est élue tout entière à Brest. Ce fut un retentissement considérable dans toute la région; elle était composée d'éléments divers et hétérogènes; le citoyen Aubert fut nommé maire, les adjoints furent : Vibert, unifié puis dissident; Litalieu (unifié); Dr Gourivaud, radical; Goude, unifié; Robert, radical.
Une lutte très âpre et sans ménagement fut entreprise contre le Conseil municipal par les autorités et par la presse bourgeoise coalisée contre les élus ouvriers; toutes leurs déclarations, tous leurs actes furent odieusement travestis et dénaturés; cette violente campagne ne tardait pas à produire ses fruits; elle amena une scission au sein du Conseil et, en 1908, la liste ouvrière fut battue.
Des groupes se sont formés à Quimper, à Brest, à Douarnenez, à Lambezellec, tous adhèrent à la Fédération de Bretagne et ce n'est qu'en 1907 qu'ils forment, avec ceux de Rebecq-Kerhiron, Landerneau, Saint-Marc, Carhaix, une Fédération distincte qui tint son Congrès fondateur en novembre 1907, à Morlaix. En tout 250 cotisants.
* POF : Parti Ouvrier Français, fondé par Jules Guesde et Paul Lafargue

lundi 27 octobre 2008

Le riquiqui




Le débat sur la prolongation de la présidence française de l'Union Européenne semble avoir trouvé du crédit. C'est d'ailleurs devenu sujet de polémique et de débat.
Pourtant, personne ne méconnaît la règle qui veut que cette présidence "tourne" tous les six mois selon une rotation qui place les Etats de l'Union sur un strict pied d'égalité.
Après que l'idée ait été lancée comme une boutade, elle revient sous une forme maquillée : une présidence d'un gouvernement de l'eurogroupe.
Le fantasme perdure pourtant : Sarkozy, chef de l'Europe.

La crise aurait ainsi changé la donne. L'actuel Président des européens (qui ne méritaient pas cela) serait assez indispensable pour que l'on détourne la règle de droit (et son esprit), seule garantie de toute société contre l'arbitraire.
Celui-là aurait tout compris de la crise et des dérives qui l'ont entraînée ("écoutez son discours de Toulon" nous conseillent les pantins chevelus de l'UMP). C'est pourtant le même homme qui proposa à la France pendant sa campagne présidentielle de prendre exemple outre-atlantique. C'est le même homme qui a omis de compter l'Europe sociale et les efforts pour davantage d'harmonisation fiscale parmi les priorités de la présidence française de l'Union Européenne.

Une fois que le désastre est présent, il y a toujours des doigts pour désigner les fous qui nous conduisent dans le mur. Il s'agit alors d'être le plus vite possible un accusateur, pour ne pas être soi-même accusé. L'opportunisme et l'hypocrisie comme outils d'un putsch petit bras.

jeudi 9 octobre 2008

La République des Bleus - Episode 3 : de 1979 à 1986




A l'aube des années 80, la France de gauche se prépare à construire ses plus beaux souvenirs de joie collective.
En janvier 1981, François Mitterrand est investi candidat du PS pour les élections présidentielles. Quelques mois plus tard, les chars soviétiques promis aux rues de Paris laissent place jusqu'au Panthéon à des milliers de mains prolongées d'une rose.
L'euphorie qui suit la victoire n'est pas déçue.
Les réformes si longtemps attendues trouvent enfin les femmes et les hommes qui les mèneront à bien.
La bouffée d'oxygène est enivrante et totale. Le "tournant" sera aussi brutal que la hanche de Schumacher.

Séville - 1982 - la chaleur est étouffante et le spectacle étourdissant. Les Bleus de Platini et Hidalgo virevoltent et créent les conditions d'un tourbillon de football offensif. L'élimination des bleus en demi-finale (seulement ignorée des indécrottables méconnaisseurs de la baballe universelle) est une déflagration dans le coeur des amoureux d'un idéal. Ces mêmes là, intimement blessés par les chocs successifs continueront malgré tout d'aller à l'idéal.
Car malgré le tournant, la gauche reste au pouvoir, debout face à une droite déjà bien de droite et presque unanimement anti-européenne. En 1984, sous les yeux de François Mitterrand, Platini soulève la Coupe d'Europe des Nations au coeur d'un Parc des Princes plus douillet et consensuel que jamais.

1986 marque le coup d'arrêt d'une génération vouée à l'imagination malgré (toutes proportions gardées) un coup d'éclat brillant face au Brésil du Docteur Socrates. Encore une fois, face à l'Allemagne, mais cette fois sans lutter, l'Equipe de France rend les armes.
La France tout court, elle, passe quoi ? L'arme à droite.

mercredi 1 octobre 2008

"Que dit la Bourse aujourd'hui ?"




Chaque soir, chaque matinée, un speaker de l'information tel Moïse descendant du Sinaï nous annonce ce qu'a dit la Bourse.

A cette interrogation cruciale, trois réponses invariables :
- ça va mieux
- on sait pas faudra attendre demain
- ça va pas du tout.
Pour qui ? Comment ? Pourquoi ?

En réalité, personne ne le sait. Personne ne peut réellement dire ce qui se passe en ce moment. On peut vous donner les causes, objectives, du pataquès mondial : les subprimes et tout le toutim. Mais personne pour nous expliquer le plus délirant paradoxe que le monde ait connu durant plusieurs décennies.

Cette Bourse est communément présentée à tout apprenti lycéen comme un indicateur de santé. Un cliché à l'instant T du tour de biceps de l'économie mondiale.
Avec les multiples soubresauts qu'elle a connu, on peut douter du caractère véritablement musculeux dudit biceps. Tout laisse en réalité penser qu'il ne serait finalement qu'affaire de gonflette au mieux, d'illusion d'optique au pire. Le décrochage entre le fonctionnement de la finance internationale et la réalité économique est aujourd'hui tel que la Bourse est désormais observée comme un dieu tout puissant et autonome, tantôt punisseur (pour tout le monde), tantôt rétributeur providentiel (pour certains), plutôt que comme une véritable information économique.

Les commentateurs chargés de nous éclairer sont quant à eux aussi inspirés qu'un oracle aviné de Delphes. La déconnection du marché vis à vis de la réalité les conduit à l'exercice périlleux de prédire un avenir totalement inimaginable puisque basé sur des signaux totalement irrationnels. Les voilà donc se démentant de jour en jour, affirmant le lendemain le contraire de ce qui était assuré la veille la main sur le coeur.

A l'origine, l'économie, c'est une activité humaine qui consistait à produire et à échanger des biens auxquels ont ensuite été ajoutés les services, afin de satisfaire des besoins humains. Des chambres de compensation aux flux financiers décidant de l'avenir de femmes et d'hommes, qu'est devenue la part de l'Homme dans cette activité supposément humaine ?

mercredi 24 septembre 2008

Mon socialiste




Quand on est jeune militant et qu'on est parvenu à ne lire qu'une copieuse biographie entre deux campagnes électorales, on reste, du coup, durablement imprégné de la vie et des mots du monument que le biographe Jean Lacouture passe au crible.

De monument, Léon Blum n'en a pourtant pas le physique. Il ne dispose pas non plus de l'ampleur vocale souvent prêtée au monstre Jaurès.

Pourtant il n'est guère d'autre moyen de juger l'homme et son parcours. Du critique littéraire brillant au successeur de Jaurès, du gardien de la vieille maison à l'accusé-accusateur de Riom, Léon Blum a jalonné son parcours d'un courage véritable qui ferait passer Bruce Willis pour Francis Perrin.

Face aux agressions et à la haine, devant les camarades tentant l'aventure totalitaire, face aux accusations protéiformes, l'homme restera humble et debout jusque sur son lit de Jouy-en-Josas.

Alors qu'approchent les dernières pages d'une vie considérable, la conscience que l'on est sur le point de perdre un camarade que l'on connaissait peu malgré les livres d'histoire enserre la gorge. C'est sonné que l'on achève la dernière ligne mais plus convaincu que jamais que le combat choisi est bien le sien.

* bébé renvoyé aux camarades Typhaine, Matthieu et Karim.

vendredi 5 septembre 2008

Regarde derrière toi



Le crabe et le surimi ne sont pas peu fiers d'avoir été invités par le majestueux albatros à écrire quelques mots sur un éminent socialiste passé. La démarche est intéressante, et aux yeux d'un néo-adhérent, peut-être indispensable.

On a parfaitement le droit d'entrer au PS en étant convaincu de tomber sur une équipe de bras cassés, d'apparatchiks molassons, de brontosaures à peine déstalinisés ou de sociaux-traîtres patentés. On a aussi le droit de se rendre compte que l'on s'est trompé pour peu que l'on daigne prêter l'oeil et l'oreille aux "anciens". Pour cela, encore faudrait-il que d'éminents prétendants aux couronnes ne flattent exagérément l'égo des purs non encore souillés par les prétendues malfaisances politicardes.

Je lis, j'entends, dans les journaux, dans ma section, qu'il faudrait faire preuve d'inventivité, de modernité. Trop souvent, cette urgence à penser l'avenir est non seulement un poncif rabaché au point de devenir une fin en soi ultime, mais elle est de surcroît interprétée comme une nécessité d'oublier. Le passé du PS serait devenu trop poussiéreux pour qu'on ait quoi que ce soit à en apprendre. Pourtant, lire l'histoire de ceux qui ont fait ce parti c'est apprendre beaucoup sur ce que nous vivons et même sur qui nous sommes, à titre collectif et individuel. Faire table rase, c'est se priver d'une nourriture indispensable pour ne pas tomber dans les bras du premier démagogue venu ou du dernier causeur à la mode.

A suivre, la fameuse bafouille.

lundi 1 septembre 2008

La République des bleus - épisode 2 : de 1958 à 1978



Après 1958, la France s'ennuie. Les droites succèdent aux droites à la tête de l'Etat.

Claude François, Guy Lux, Mireille Mathieu, Michel Sardou, Johnny Halliday. La France a des renforts aux coudes de ses pull-overs et préfère Intervilles aux Shadoks.

L'équipe de France, quant à elle, sombre dans une léthargie qui durera presque vingt ans. Elle est dans cet intervalle incapable de passer les quarts de finale d'une quelconque compétition internationale. Le supporter de football se réfugie alors dans la bien plus palpitante opposition entre les ouvriers Verts stéphanois et les libertaires Canaris nantais.

En 1977, toutefois, les bleus se qualifient pour la Coupe du Monde qui aura lieu en 1978 en Argentine. 30 ans avant Pékin, on (surtout Rocheteau en fait) se pose alors la question du boycott du régime de Videla. Finalement, les français se rendront bel et bien dans ce qui n'était pas encore l'autre pays de Florent Pagny.
En 1978, les français se rendent également aux urnes et la gauche a bon espoir de progresser fortement. Le score réalisé est historique pour le Parti Socialiste et pour l'ensemble de la gauche. La droite, qui craignait très fort une défaite, sait qu'elle risque de ne plus en avoir pour très longtemps tant le nouveau souffle est puissant.

Les âmes et les jambes sont défaites de peu mais ne tarderont pas à retrouver tout l'allant nécessaire car si l'histoire retient avant tout l'élimination, les scores et le jeu développé livrent un lot indubitable de motifs d'espoirs de lendemains qui chantent.

mercredi 9 juillet 2008

Célébrons




Cette année, la France n'a rien gagné. Avec une forme d'impatience, des millions de supporters, pour l'occasion, ont guetté le succès attendu. 10 ans après, l'obligation de victoire tombait quasiment sous le sens.
Hélas, le fiasco fut total. Le flop, retentissant. Par la suite, on alla même jusqu'à parler de honte et à réclamer des têtes. Ou plutôt une tête. Une seule : celle du Ray-man. Comme si l'insuccès avait été le produit soudain d'un sabordage en règle d'une fête déjà écrite, comme si les conditions de la victoire avaient été détruites minutieusement et consciemment par l'homme à la tête de l'armada prétendument invincible. Il fallait n'avoir pas vu les indices de l'après-9 juillet 2006 pour imaginer qu'un tel succès n'était pas plausible.

Les célébrations récurrentes sont-elles devenues si jurisprudentielles pour que les faits tels qu'ils apparaissaient deviennent moins probants qu'une certitude d'inéluctabilité d'un événement festif ?


Fort heureusement, un autre événement est venu tirer les médias de la morosité. Le champagne avait à peine eu le temps de réchauffer que l'occasion de le sabrer s'est enfin présentée. Et pour d'excellentes raisons de surcroît. Pour une femme généreuse et aux combats dans laquelle la France et ses valeurs se reconnaissent tant.
Rien ou presque n'est venu gâché la jolie fête. Ni une radio suisse persifleuse, ni une ex-candidate à la présidence trop encline à la suspicion de récupération, ni les réserves que d'aucuns émettront sur la mise en avant excessive d'une puissance transcendantale (quand dans le même temps, on réfute toute crédibilité à l'hypothèse du rôle d'une somme d'argent, bien matérielle) ne viendront tempérer l'enivrant événement perpétuel.
Vive Dieu, vive la France.
A vous Cognacq-Jay, à vous les studios.

dimanche 29 juin 2008

Au bout du compte


- Nous sommes à la fin d'un cycle politique. Celui qui a été ouvert au congrès d'Epinay doit se clore maintenant, pour en commencer un nouveau. L'union de la gauche de François Mitterrand, telle qu'elle a été conçue dans les années 1970, puis la gauche plurielle de Lionel Jospin servent de socle, mais ne suffisent plus.
extrait de Si la gauche veut des idées - lemonde.fr du 26 06 2008


- Ma conviction, c'est qu'au XXIe siècle, être libéral et socialiste, c'est totalement incompatible
Le Figaro - 26 05 2008

- 'Non , non, ne montez pas, il y a du monde dans la rue.' J'ai François Bayrou au téléphone. Il est là haut chez lui et moi, je suis en bas dans la voiture. Je n'en reviens pas. Au dernier moment, François Bayrou refuse de me recevoir. Comme un amoureux qui craint la panne ou comme un adultère risqué. (...) 'Mais c'est vous qui me l'avez proposé. Il faut bien se parler puisque le téléphone n'est pas sûr.' J'insiste. Nous sommes en début de semaine. J'ai proposé à François Bayrou de venir à Matignon si je suis élue. DSK ayant déserté le champ de bataille, je me suis tout naturellement tournée vers lui. (...)
Ma plus belle histoire, c'est vous - cité par Rue 89 le 03 12 2007


François Bayrou est-il solube dans l'anti-libéralisme ?

mercredi 25 juin 2008

La République des bleus - épisode 1 : 1958


Il fallait rebondir sur l'une des notes de ce drôle d'animal qu'est l'éduc au ps.

Il évoquait les parallèles troublants existant entre l'Equipe de France de football masculine et les trajectoires politiques de notre pays.

Souvent abordé par d'excellents magazines (So Foot,etc.) ou par d'excellents chroniqueurs (l'éduc au ps), il est temps de développer ce sujet auprès de tous les camarades que le sujet football n'intéresse pas sous un angle qui puisse leur paraître digeste à défaut d'être réellement digne d'intérêt.
La première étape de la démonstration se déroule en 1958.

Certes, la gauche est alors bien moribonde puisqu'elle voit l'ombre gigantesque du Général fondre sur la République dans un tourbillon irrépressible. C'est la crise algérienne qui provoque ce retour à la Zidane. Lasse du régime parlementaire qui ne sait plus jouer collectif, la France a besoin de l'homme providentiel pour se relever et redresser la tête. Le retour est savamment orchestré en coulisses dès le 13 mai 1958 par le putsch des généraux d'Alger, la nomination de Charles de Gaulle au poste de Président du Conseil de l'agonisante IVème est pour bientôt.

13... c'est également le nombre de buts inscrits par l'autre homme providentiel de la France en cette année 1958.
Just Fontaine profite de la blessure de l'attaquant titulaire René Bliard pour établir un record inégal(able)é.
Grâce à lui (mais aussi au fils d'immigré polonais Raymond Kopa), la France parvient à se hisser jusqu'aux demi-finales de la Coupe du Monde organisée en Suède.
Elle ne devra son élimination qu'à la rencontre d'une équipe qui marche alors sur l'eau, à la virtuosité atavique et emmenée par un futur ministre des sports :
Roselyne Bach ... le grand Pelé.

jeudi 19 juin 2008

Un caillou dans la chaussure



Voilà un film qui a su se faire attendre. Comme souvent dans ces cas-là, l'effet des vases communiquants des émotions pourrait faire son oeuvre destructrice de plaisir. Par un étrange phénomène, l'attente suscitée par un film peut être inversement proportionnelle au plaisir qu'on aura à le visionner.

Ici, l'attente est gigantesque.

D'abord, parce que c'est Kusturica, l'orfèvre bordélique de l'onirique.

Enfin, parce que c'est le héros de millions de gamins, au-delà même de ce que put être Indiana Jones, plus adulé que le Che, plus oecuménique que Jésus-Christ, c'est Maradona... ou Diego... ou Diego Armando... ou la main de Dieu, ou le Pibe de Oro... ou le pourri qui a marqué de la main... ou le génie qui a planté le but du siècle.

Le sale petit gosse de l'autre pays du football sud-américain n'avait pas besoin de se rappeler au bon souvenir de qui que ce soit. D'une manière ou d'une autre il vibre en quiconque fait du football un art à part et en chaque enfant qui frotte son nez morveux du revers de la main avant de se ruer sur ceux qui l'importunent.
Souvent, Maradona s'est battu, plusieurs fois il a dépassé les bornes, parfois il est allé trop loin.
Si malgré tous les excès, il emporte l'adhésion, c'est parce que Maradona n'aurait pas dû exister. Il est une anomalie dans l'évolution du football, il est poil à gratter pour tout apparatchik d'un sport qui aspire à la respectabilité sans aspérités.

jeudi 5 juin 2008

Com'




Quelle est la différence entre un texte de loi sur lequel on ne communique pas et un texte de loi sur lequel on communique bien ?

Aucune.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, un texte créant une norme juridique n'est en aucun cas modifié par la façon qu'on a d'en parler. Par exemple, si l'on décide de dilapider 14 milliards d'euros dans un Etat quasiment en faillite, vous pourrez communiquer autant que vous voulez, et même avec beaucoup de talent (si tant est qu'on puisse en reconnaître aux professionnels de la communication) le résultat restera que 14 milliards d'euros ont été prélevés sur le budget de l'Etat, et que ceux-ci n'iront pas soulager le pouvoir d'achat de nombreux français modestes ou pauvres.

Et pourtant... depuis qu'un publicitaire poitevin a jugé bon de raffariner à tout va, on voudrait nous faire croire que les réformes sont principalement tributaires de la communication qui les accompagne... On notera la disparition des termes "information" et "pédagogie" au profit de celui qui fait vendre des lessives.

Pour faire directement référence à la pseudo-séance d'autoflagellation élyséenne du mois d'avril, comment ne pas voir que rien n'est véritablement remis en cause. Si le principal protagoniste sans rolex a passé son temps à se reconnaître des erreurs, c'était finalement pour ne rien renier sur le fond... puisque seule la forme était à revoir.

Le papounet de Jean considère que son action a été bonne mais qu'elle n'a pas été correctement interprétée. Or, promettre que le cap ne change pas en parallèle d'une reconnaissance de fautes de communication, c'est un peu nous dire "on a été bons, le problème c'est que vous ne comprenez rien". La drôle d'impression, le sentiment diffus qui montait au cours de l'entretien était bel et bien que plus le Président se chargeait artificiellement de fautes, plus il semblait nous dire à tous que nous serions bien inspirés de faire un petit effort afin de mieux saisir les louables intentions qui étaient les siennes et celles de son collaborateur préféré. On n'avait peut-être jamais autant fait remarquer aux citoyens à quel point ils ne méritaient pas leur monarque.

vendredi 23 mai 2008

Royal Rumble



On nous l'avait promis. Tout devient possible.
Tout, partout, sur tous les thèmes, en même temps, n'importe quand, n'importe comment, quitte à provoquer le brouillage de l'information, quitte à noyer l'ensemble dans la plus grande des confusions afin de ne surtout pas permettre la lisibilité du scénario qui nous permettrait de comprendre le dénouement de l'histoire.

De couacs en chaos, de contre-pieds en admonestations diverses, il est toujours aussi compliqué de s'habituer au régime qui s'est ouvert depuis un an. Et d'ailleurs, est-il possible de s'habituer au déséquilibre permanent quand il apparaît comme étant une méthode assumée de gouvernement ?

Le Parti Socialiste semble s'être mis au diapason du bordel tous azimuts. C'est du moins ce que les journalistes se plaisent à dire. Souvent à raison d'ailleurs...
La guerre des chef(e)s qui semble s'annoncer pourrait fort bien être regrettable tant la sanguinolence ne pourra rien apporter à la gauche française. On peut toutefois s'interroger sur ce qui anime la réflexion des plus brillants éditorialistes prompts à ironiser sur les combats d'égos alors que les questions posées aux responsables socialistes au cours des interviews radiophoniques matinales ne visent qu'à entretenir voire attiser ce Royal Rumble politique en feignant d'inviter à s'en offusquer.

jeudi 8 mai 2008

24 heures ni-ni



C'est toujours de grands moments que l'on vit lorsqu'on défile.
Les émotions sont décuplées dès lors que l'on se joint à une cause que l'on connaît peu et que l'on découvre sur le terrain militant.

Le 29 mars dernier, plusieurs associations se sont retrouvées à Paris sous la bannière du collectif "ni pauvre ni soumis". Des dizaines de milliers de personnes ont défilé afin que l'Allocation Adultes Handicapés devienne autre chose qu'une initiation à la survivance et aux débuts de mois difficiles.

Certes, la question du handicap et d'une manière générale les situations de santé précaire ne peuvent se réduire au montant d'une allocation financière. Les enjeux d'accessibilité à une citoyenneté pleine et entière sont des questions que l'on ne peut bien sûr pas écarter. Elles infusent au contraire toute l'action de l'ensemble des personnes présentes ce jour-là à Paris. Il suffit tout bonnement de comprendre à quel point un simple trottoir mal conçu est un frein à la plus élémentaire des libertés de circulation. Ceci étant, le quotidien de l'ensemble des personnes présentes ce samedi ensoleillé de mars et de toutes celles absentes faute de pouvoir s'y rendre est désormais devenue telle que le réexamen substantiel plutôt que symbolique de l'AAH permettrait une immédiate quoiqu'insuffisante petite bouffée d'oxygène.

De part les rencontres et les échanges, qu'ils aient été brefs ou prolongés, la journée fut inoubliable, forte et riche d'êtres humains tous tendus vers un idéal d'égalité et de citoyenneté à venir mais à provoquer.

vendredi 18 avril 2008

Bonjour ma colère




Télé Poche
27 mars 1984
Je tiens à prendre la défense de M. Gainsbourg à propos du billet qu’il a brûlé et qui a révolté tant de personnes. Mon mari est ouvrier et cinq cents francs représentent beaucoup pour nous, mais ce geste fait partie des libertés que ce monsieur puisse s’offrir. Quant au fait de voir s’envoler cet argent en fumée, ne croyez-vous pas que ce « petit billet » est une goutte d’eau comparé à ceux gaspillés pour « La minute de M. Cyclopède ». Ça me révolte et c’est un scandale car ce n’est pas l’argent de M. Gainsbourg, mais celui de tous les contribuables.

Mme R. Maryse, 51 – Reims
Télé Poche du 27 mars 1984




Bonne Soirée
3 mai 1984

Une lectrice choquée


Voilà des années que j’achète chaque semaine votre magazine ; chez le marchand de journaux parce que la poste ne le livre pas toujours intact. Je le lis de la première page à la dernière. Je le trouve varié et intéressant, et jusqu’ici j’avais considéré qu’il était le meilleur magazine de la famille le trouvant objectif et de bon conseil. Et voilà qu’à ma grande surprise j’y trouve (n°3243 du 6 avril) un article concernant Pierre Desproges. Ne voulant cependant pas être sectaire, j’en ai pris connaissance. Dès le premier mot, la première phrase, j’étais révoltée : « Dans la vie, clame Desproges, il faut choisir. Comme disait Himmler en quittant Auschwitz pour la Hollande, on ne peut pas être à la fois au four et au moulin ». Ce monsieur n’a que le blasphème à la bouche, il ne respecte rien. Je suppose qu’il a dû énormément souffrir dans la vie pour avoir ainsi en lui tant de rancœur, mais vous, faites-nous au moins grâce de sa prose la plupart du temps complètement idiote. Je suis âgée, mais j’ai eu une vie intéressante et bien remplie. Veuve de journaliste, j’ai après la mort de mon mari fait seize spectacles et ai terminé ma vie active comme secrétaire du docteur Moatti, qui publie actuellement dans votre revue une série d’articles. J’ai beaucoup voyagé et ne suis nullement intolérante cependant Desproges est plus que je ne peux en supporter. J’évite comme la peste « La minute de Monsieur Cyclopède » à la télé, mais là, il suffit de changer de chaîne. Faudra-t-il changer de revue pour ne plus le voir sur les pages de mon magazine préféré ? Excusez cette diatribe, mais je pense que vos lectrices ont dû avoir en majeure partie la même opinion. Comment les ferventes de Joëlle Rabette, Jacqueline Bus et autres pourraient-elles supporter ce monsieur ?

Mme S.D.,75019 Paris

Le Rouergat
20 juin 1986
Nous avons vu aussi...
Pierre Desproges tout seul en scène
(samedi, 20.35, FR3).

Avec quoi ce monsieur a-t-il choisi de nous faire rire ? Ca ne vole pas bien haut : des allusions plus ou moins vachardes (aux Juifs, résistants, collabos…), des coups de griffes ou insultes (contre Louis Leprince-Ringuet, par exemple), quelques égratignures autour de Dieu ou la première communion, des phrases clichés de style pub, des gros mots et grossièretés. Guère de quoi rire…


AVANT-PREMIÈRES
Par
Colette Boillon



vendredi 11 avril 2008

La "the Lala"



En trente ans de temps, bâtir une humanité sans faille, tremper le caractère sans jamais blinder la sensibilité, dire merci le plus naturellement du monde, aiguiser l'humour comme un couteau qu'on lance au coeur du cynisme, enseigner l'exigence et la valeur des gens qui comptent à tous les gens qui comptent.

A se cotoyer longtemps, à faire d'une amitié une évidence, on pourrait oublier sa chance d'avoir pu parler d'une sainte famille.
Et puis on n'oublie rien.
De
la découverte d'un titi parisien qui paume son flingue à la contemplation de la première sieste d'une petiote, on garde tout, on avale l'avenir pour en chérir le souvenir.

lundi 24 mars 2008

Deux voies de mémoire



Dans pas longtemps, amis libertaires et progressistes, on va morfler.
Souvenez-vous... le 29 avril 2007. Il y a un an, il y a un siècle, il y a une éternité.
Un candidat ruisselant de sueur appelait à la liquidation d'un esprit.

Ca ne se passait pas en Russie, ni en Corée du Nord, ce n'était pas à Cuba ni au Venezuela. C'était ici même pendant un temps démocratique unique en son genre : la campagne présidentielle.
Le candidat de la droite refaisait l'histoire en relisant la prose d'Henri Guaino : les gamins qui n'avaient pas encore les cheveux longs et qui occupaient la Sorbonne étaient désignés comme les responsables de tous les maux de la France de 2007 : crise de l'école républicaine, capitalisme financier devenu incontrôlable, règne du cynisme, de la flambe et du fric.

On nous avait habitué au discours classique sur les pertes de valeurs morales qui auraient abaissé le rang d'une France toujours moins folle de la messe. Mais voilà qu'on reproche désormais aux enfants de mai de favoriser ce qu'ils n'ont eu de cesse de critiquer.
Quel que soit ce qu'on affirme, il semble que ce n'est plus la cohérence du propos qui importe mais le volume sur lequel il est prononcé. Ce soir-là, le chef de la droite a hurlé des contresens aussi fort que ses proches conseillers ont haï le courant d'air du mouvement de mai. Ils ont détesté la critique de l'ordre établi, la quête des idéaux, les impertinences surréalistes, les revendications sociales et d'une manière générale l'immense bordel hétéroclite d'aspirations d'alors. Comme souvent, la droite a réagi en châtiant et en vomissant ce qu'elle ne comprenait pas.

Elle l'a si peu compris que presque 40 ans plus tard, l'accusé est tout trouvé pour les échecs à venir déjà prévisibles en avril 2007.
Crise de l'école : mai 68.
Capitalisme fou : mai 68.
Parachutes dorés : mai 68.
Waterloo, Dien Bien Phu, Alésia, Schumacher qui dégomme Battiston, Kennedy abattu à Dallas, la disparition des dinosaures, tout ça, ce sera peut-être bientôt la faute à Cohn-Bendit.
D'affirmations péremptoires et infondées en indignations privilégiant raccourcis percutants plutôt qu'analyses complètes, on falsifie l'Histoire et les idées en les simplifiant jusqu'au non-sens. Au fil des jours, il est de plus en plus question de changer la France dans son avenir en maquillant son passé.

lundi 17 mars 2008

Du jour en pleine nuit

La joie était grande hier soir, place Saint-Corentin, à Quimper.
Il y faisait jour. Des notes de musique qui font balancer les hanches émanaient de chaque pavé.
Tête en arrière, tête en avant, tête à gauche et tête à droite (mais pas trop).

Le nouveau souffle, c'est aussi une guitare sensuelle à contre-temps qui s'abandonne dans un tourbillon de bonheur difficilement explicable.


Banquet - Bloc Party
envoyé par musiclivesat

Erratum - On me prie d'insérer que ce n'est pas la guitare qui est à contre-temps mais bien les charlestons de la batterie. Vous me direz, ça dépend de quel endroit dans la mesure on part, mais en fait non.
Toujours est-il que la guitare, c'est plus sexy que les charlestons, mais ça l'est moins qu'une écharpe de maire.
Bisou et remerciement au rectificateur, grand guide bienfaiteur de ma conscience musicale.

vendredi 14 mars 2008

Conseils de lectures utiles et agréables

free music


Une fois n'est pas coutume, le crabe chausse ses lunettes sur le bout du nez, il invite Bukowski et Cavanna, il inflige la dictée à des milliers d'enfants qui préféreraient gambader dans les folles prairies de l'insouciance des plaines de jeux et se fait Bernard Pivot.

Aujourd'hui, deux lectures utiles qui permettront de briller en société en toutes circonstances et même à côté des plus éminentes autorités d'un pays occidental champion hors catégorie des droits de l'Homme et de la fabrication de fromage.

Tout d'abord, que serions-nous sans un outil pédagogique tel qu'une bonne vieille Constitution de la Vè République. Il en existe même certaines qui sont commentées article par article.
Voilà bien des pistes afin de connaître les conditions du bien-vivre en société républicaine et d'éviter les gesticulations juridiques superflues.

Enfin, un ouvrage moins connu, mais tout aussi utile pour qui a du chemin à faire sur la route qui le mène à une certaine forme de distinction. C'est de Robert Gordienne, ça s'intitule Dictionnaire des mots qu'on dit gros, de l'insulte et du dénigrement et c'est aux éditions Hors Commerce.
Après une telle lecture, il vous sera tout à fait accessible de déverser votre courroux mal canalisé de façon répétée et variée. Du plus commun au plus précieux vocabulaire, du mépris le plus classieux au langage de charretier, l'insulte parfaite n'aura plus de secret pour vous.

mercredi 27 février 2008

Malgré tout, par François Bégaudeau




Voici un article paru dans Le Monde, rédigé par l'écrivain François Bégaudeau.

Malgré tout

LE MONDE | 25.02.08 |

Cela fait longtemps qu'on a décidé de continuer malgré tout. Longtemps qu'on a prolongé le contrat, reconduit un pacte conclu dès l'enfance. C'était à la fin des années 1980, un doute s'insinuait dans une religion jusque-là infaillible. D'autres passions entraient en concurrence avec celle du foot. Politique, rock, livres. La tentation était grande de renier ses premières amours, d'autant que la mariée commençait à s'enlaidir. En France, le règne du Tapie de Marseille succédait à celui du Bordeaux de Bez - du beau monde -, pendant que la formation à la française commençait à standardiser des profils de joueurs laborieux qui, la décennie suivante, solderaient définitivement la déjà présomptueuse appellation de Brésiliens d'Europe ; ailleurs, les stades recueillaient et condensaient la violence sociale sécrétée par la crise durable ; l'Allemagne remportait une Coupe du monde sinistre en battant une Argentine tenant jusqu'au bout le pari de laisser le ballon circuler dans les pattes de l'adversaire, loin de son génie Maradona.
On décida donc de continuer. On en fut gratifié. A côté des enveloppes dans le jardin, du grand bazardage de la notion d'équipe par la montée en puissance des agents, à côté des cris de singe et des saluts fascistes, on vit le Milan AC réinventer le jeu, le FC Nantes offrir un crépuscule splendide à sa politique de formation, les grandes équipes sud-américaines s'appuyer à nouveau sur leur suprématie technique. On vit des joueurs beaux, vifs et lumineux comme jamais, comme s'il était possible, en ce sport, de hisser toujours plus haut la barre de l'excellence. On ne regretta pas d'avoir continué.

Depuis quelque temps, il redevient difficile d'aimer. Je ne parle pas du dopage universel, de la conversion définitive des joueurs à la langue de bois ou des milliards exponentiels en circulation dans les clubs. Si ce n'était que ça, on aurait abandonné depuis longtemps - fin des années 1980, oui.

LENTE DÉPROLÉTARISATION

Ce qui inquiète et attriste, c'est de voir un sport populaire se priver de peuple. Les stades que projettent d'édifier les grands clubs français à grand renfort de capitaux privés (pourquoi pas) seront sans doute magnifiques, accueillants, confortables, modernes. Mais à coup sûr ils sentiront moins la bière et le saucisson. Comme en Angleterre il y a une quinzaine d'années, le prix des billets rebutera et tout simplement refoulera les spectateurs working-class. Ce qui se passe sous nos yeux ? Conformément à une tendance plus générale, la lente mais sûre déprolétarisation d'un sport de prolétaires.

C'est par les vestiaires et le tunnel que les prolos continuent à s'introduire dans un lieu qu'on leur interdit, à y arborer des gueules pas possibles, des gueules de Ribéry et de Gallardo. Divertissement à l'usage bientôt strict de la bourgeoisie, le foot est encore joué et dominé par des gars d'en bas. C'est pour ça qu'on l'aime encore. Malgré tout.
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François Bégaudeau est écrivain. Il a publié plusieurs ouvrages consacrés ou inspirés du football, comme Jouer juste (2003) et Le Sport par les gestes (2007). Jusqu'à la fin de la saison, il portera son regard aiguisé sur le plus populaire des sports.

Article paru dans l'édition du 26.02.08. (sans la photo, bien sûr...)

jeudi 21 février 2008

Cantonales que l'amour

Mon premier est l'une des communes du canton 2 des élections ayant trait à la vidéo qui suit.
Mon second est le type d'élection se déroulant les 9 et 16 mars, étant entendu qu'il ne s'agit pas du crucial rendez-vous municipal (votez Quimper, un nouveau souffle).
Mon tout est un calembour lamentable évoquant le plus extraordinaire des joueurs ayant évolué à Manchester United.




La jolie musique, c'est Jenny Gillepsie interprétant Bradforton que l'on peut retrouver là : MP3 #158 Jenny Gillespie - Bradforton

mardi 19 février 2008

Les guitares



Les guitares

Les forêts indécises
Telles de noirs vaisseaux
S'esclaffent dans la brise
En laissant dans leurs eaux
Mille baisers lancés
Du haut des bastingages
Les cris d'oiseaux mêlés
Au tango des nuages
Suiv' comme celles d'une main
La ligne du sillage
Le roulis du destin
Fait le bruit que ferait
Le silence en chemin
Sous la houle des forêts

Que chantent les guitares, les guitares, les guitares
Que chantent les guitares, les guitares, les guitares
Que chantent les guitares et la voix du vent fou
Qui rend saoul dans le soir
Que chantent les guitares

En glissant sur la coque
L'écume fredonne
L'histoire le patchwork
Des femmes et des hommes
De ces gars de ces brunes
Ces matins et ces soirs
Quand la corne de brume
Fait danser les mouchoirs
Le bateau appareille
Sur le ciel reflété
Où se noie le soleil
Qui transperce d'archets
La musique qui sommeille
Dans le creux des forêts

Que chantent les guitares, les guitares, les guitares
Que chantent les guitares, les guitares, les guitares
Que chantent les guitares et la voix du vent fou
Qui rend saoul dans le soir
Que chantent les guitares

Comme un navire sombre
Descend la nuit alors
Dans cette marée d'ombre
Les bois rêv' des doigts d'or
Ceux qui donneront des ailes
Par le feu des accords
A leur mi chanterelle
Que les femmes dans les îles
Ecouteront vibrer
En repeignant leurs cils
Avant de chavirer
Dans l'eau d'une autre histoire
Qu'un jour je vous dirai
Mais c'est une autre histoire

paroles : Benoît Morel, musique : La Tordue