mercredi 28 novembre 2007

Dans la matrice



Ainsi le Président a profité de son voyage en Chine pour potasser des mesures à destination du pouvoir d'achat...

On avait dû mal comprendre lorsqu'il s'était enorgueilli d'être le candidat du pouvoir d'achat, car en réalité, c'est aujourd'hui que les choses sérieuses commencent.

Jusque là, tout un pays a été victime d'une hallucination collective.
Les choses se sont déroulées comme si les français avaient été les jouets d'une manipulation leur ayant fait gober que les promesses de pouvoir d'achat et la libération des heures supplémentaires, jusque là enserrées dans un carcan socialo-communiste, avaient eu un lien. L'autre répondant à l'une.

Alors quoi...
Faille spatio-temporelle ?
Bug d'une interface informatique qui aurait aspiré nos perceptions ?
Si les français attendent des réponses économiques et sociales, il n'apparaîtrait cependant pas inutile de les éclairer sur ce gigantesque mirage dont ils ont été les victimes pendant la campagne et durant les mois qui ont suivi.

Car là est bien le mystère.

Tout laisse à penser qu'on ne nous a jamais promis que gagner plus était une simple question de volonté.

Les heures supplémentaires défiscalisées n'ont jamais eu pour objectif d'augmenter le pouvoir d'achat.

Il n'y a jamais eu de loi TEPA.

samedi 24 novembre 2007

Brassens submergé



La plage de Sète va-t-elle disparaître ?

En transition du journal de 14 heures et de l'émission CO2 mon amour, la journaliste n'a rien trouvé de mieux après la litanie des mornes nouvelles, que de nous asséner le coup de grâce assassin.
Plage de Sète : tout un écosystème menacé par la disparition de dunes, une côte qui recule inexorablement devant la mer sans marée, des milliards de grains de sable qui ne s'aggloméreront plus en châteaux.

Sète n'est pas la seule plage menacée, loin de là. Mais aujourd'hui, il en va de la tombe imaginaire du sétois.
Imaginaire, mais très concrète pour qui s'est abandonné au rythme lancinant et fatal de la Supplique.
Alors, on imagine la croix du poète se dresser puis se coucher pour l'ultime bonheur post-hume avec les jeunes femmes prenant la butte pour oreiller, les pieds dans l'eau. Après quoi, la tombe rejoindrait définitivement les vieux amis dauphins qui remplaceraient les amis qui s'abritaient autrefois sous le pin parasol.

En bien d'autres endroits de France et d'ailleurs, les océans grignotent plages et falaises avec un appétit que l'on jugerait insatiable. Les hommes vont peut-être parvenir à dessiner le monde et les continents, mais sous l'empire de quelle folie tiennent-ils le crayon ?
Bientôt Quimper sur Plage ?

...
...

Si, oui... Où c'est qu'on met les parkings ?

mardi 20 novembre 2007




Les Cèdres,
12 mars 1986,
Chroniques de la Haine Ordinaire



Nous irons au Mexique pour voir trembler la terre quand les fêlés du ballon s'éjaculent des vestiaires.

Nous irons à Rio compter les enfants pauvres avant d'aller danser en bermuda résille.

Nous irons à Moscou faire de la planche à voile sur la Moskova bleue à portée des étoiles.

Nous irons à New York sucer des sorbets mous au fond d'un taxi jaune derrière un nègre roux.

Nous irons à Jérusalem comme à Berlin nous lamenter au pied du mur.

Nous irons à Colombey en chemise au nouveau son des deux églises.

Nous irons à Vichy dans la rue maréchale goûter les eaux thermales avec Anne-Sophie.

Nous irons, mon colon Bigeard, filmer l'ultime colon bêcheur à Colomb-Béchar...

Nous irons au fond du désert compter les bouts d'hélicopère oubliés cet hiver sous la poussière automobile.

Nous irons à Cuba pêcher la Langouste, nous irons à Lorient pêcher le hareng.

En revenant de Glasgow, nous irons à Bruxelles-Grand-Place baiser en parachutistes à l'hôtel Amigo dans la chambre à trois glaces, go.

Nous irons au fond des Carpates pour frissonner au loup-garou et voir s'enfiler les blattes dans le cimetière aux hiboux.

Nous irons à Tananarive, pour voir si ta nana revient.

Nous irons un de ces jours, c'est sûr, mon amour, avec l'AS Oradour aux Jeux d'été d'Hiroshima.

Nous irons à Pékin pour bouffer chez Maxim's et pour voir si la Chine commence à s'habiller Cardin.

Aux heures méditerranéennes, nous irons à Ibiza défoncer des Norvégiennes en chantant Mélissa.

Nous irons au sud du Portugal où chaque été des Anglais vieux viennent se shooter au Gardénal dans des palais ignominieux.

Nous irons au bout du monde. Et jusqu'à Paris-sur-Seine, où la Tour est folle, et la Joconde en bois, ce qu'on sait peu.


Nous irons au bout du monde, mais...


Nous n'irons plus au Liban, les cèdres sont coupés, les enfants que voilà ne savent plus chanter.


Plus qu'un choix



Les militants quimpérois vont choisir. Dans deux jours, ils glisseront dans l'urne prévue à cet effet le nom de celle ou de celui qu'ils souhaiteront voir concourir à l'exaltante aventure que constitue la campagne municipale.

Tous les socialistes de cette section ont eu l'occasion de cotoyer et d'écouter Armelle Huruguen, Marc Andro et Bernard Poignant. En chacun d'eux vibre Quimper, sa culture, son histoire, ses quartiers. Aujourd'hui, il nous est demandé qui aura à engager son avenir. Qui amorcera le changement.

Armelle et Marc aiment leur ville et l'ont prouvé à maintes reprises en tant qu'élus. Leur contact et leur discours auront été éminemment enrichissants. Désireux que leur travail s'exprime encore à l'avenir pour le bien de Quimper, mon choix se porte cependant sur Bernard Poignant.


Fort d'une expérience incontestable, doté d'une vision ambitieuse et généreuse de sa ville, pétri de pédagogie et résolument ouvert d'esprit, Bernard peut être le maire qui saura faire vivre l'alchimie d'une équipe municipale.

Plus qu'un choix, une chance.
Il assumera cet avenir immédiat qui nous engagera pour les temps les plus éloignés.

jeudi 15 novembre 2007

Sacs non fournis

Mardi soir, l'association la Liberté de l'Esprit avait invité Noël Mamère afin de contribuer à la conférence mensuelle présentée depuis fort longtemps par l'association.
L'éduc au PS et l'éléphant rose se sont fait les relais de cette soirée sympathique et plutôt instructive qu'on s'intéresse un tant soit peu à la pensée politique. Le souci de Noël Mamère de toujours placer l'homme au coeur de l'enjeu du combat pour l'environnement ne pouvait que convaincre, si besoin était, de tenir pour acquise l'urgence de la préservation des équilibres naturels.

Ce n'est pas ce que semblaient penser deux des personnes présentes au moment de l'échange traditionnel entre la salle et l'intervenant.

L'un émettant d'abord plus que des doutes sur la responsabilité des hommes dans le bouleversement climatique avant d'avancer l'hypothèse que le réchauffement climatique n'était peut-être pas si mauvais pour la planète.
Amis de la bonne conscience, bonsoir.

L'autre n'hésitant pas à voir un lien entre combat pour la planète et combat pour l'interdiction de l'IVG.
Amis du prétexte nauséabond, bonne nuit.


lundi 12 novembre 2007

Foot culture



J'en vois déjà qui ricanent suite à la lecture du titre...

Pourtant, il y aurait tant à dire sur la culture football. Car culture foot, il y a. Et si l'évocation du mot "Bernard Mendy" ou de "Jack Kachkar" ne provoque pas chez vous de rires aussi fournis que la lecture du titre, c'est que cette culture vous a irrémédiablement échappé.
CQFD.

Le monde de l'édition française, notamment, commence enfin à reconnaître cette culture puisqu'elle laisse le champ à une vraie exploration du phénomène football. Les anglais connaissent ceci depuis fort longtemps, dans un pays où il paraît inconcevable que chaque individu n'ait pas de club de coeur à perpétuité. Le phénomène s'est accéléré en France après la Coupe du Monde 98. Comme si devant l'arrivée de nouveaux supporters marquetés, les amoureux du ballon rond de toujours avaient ressenti le besoin de redéfinir leur passion et de la mettre en mots avec tout ce qu'elle peut avoir de significatif sur leur façon d'appréhender le monde.

Ainsi Pierre-Louis Basse, auteur d'un livre sur Guy Mocquet avant que celui-ci ne détrône Che Guevara au hit-parade de l'insoumission chic, décrit la fin d'une illusion dans Séville 82 : un souffle de jeunesse virevoltant et inventif qui se heurte à un mur de brutalité réaliste. François Bégaudeau, en nous exhortant à Jouer Juste, vit quant à lui la philosophie d'un entraîneur de football comme la métaphore d'une façon d'aimer en allant droit au mur.

Cette dimension, jusqu'alors effleurée par la presse française, prend son essor avec la naissance d'un mensuel (voir ci-contre) tourné vers la thématique foot dans tous ses aspects : du tableau noir à la musique, du cinéma aux frasques de nos bipèdes en short préférés.
N'y est jamais négligée la tentative d'expliquer ce qui se passe dans les tribunes des stades.
Les tribunes naissent, vivent, évoluent et parfois meurent. On peut n'y voir qu'un troupeau d'écervelés beuglants... Pourtant, la population qui y prend place n'est pas monolithique, tout comme la constitution des spectateurs de Santiago Bernabeu, à Madrid, ne relève pas de la même histoire sociologique que celle du stade San Paolo, à Naples.

Parler de culture football, enfin, c'est aussi beaucoup parler de nostalgie. Comme si ce qui nous amenait au football, ce qui forge notre âme d'éternel gamin ne collait plus avec beaucoup des choses qui se déroulent sous nos yeux. Comme si tout cela était allé trop loin sans avoir pris la peine de nous laisser monter dans le wagon.

mercredi 7 novembre 2007

Culture, confiture, cyanure



Cédric Klapisch s'est fendu d'un article dans Le Monde. Il tire la sonnette d'alarme suite à une recommandation du Président de la République à sa ministre de la culture, Christine Albanel :
"La démocratisation culturelle, c'est veiller à ce que les aides publiques à la création favorisent une offre répondant aux attentes du public."


Une phrase a priori banale mais loin d'être innocente et dénuée de sens. Elle semble considérer que les formes d'expression culturelles en marge ou simplement un peu confidentielles n'aient plus droit de cité dans les budgets publics si elles ne sont pas économiquement auto-suffisantes. Au delà de l'aspect mécaniquement absurde, cette considération touche directement à ce qu'évoque Guillaume Bachelay lorsqu'il considère qu'un siècle après la séparation de l'Etat et de l'Eglise, le temps est venu d'un autre partage, d'une autre laïcisation entre ce qui relève du marché, du profit, du court terme, et ce qui n'en relève pas - la santé, l'éducation, la culture, l'énergie, l'environnement.

Un thème déjà évoqué brillamment par Monsieur l'éduc au PS, qui s'inquiétait à fort juste raison de la montée d'une opposition entre culture de masse et culture de l'élite, y compris à gauche. Plus que jamais, nous devons affirmer que la culture a cette particularité : elle s'adresse à ce qui nous est intime. C'est tout autant notre coeur que notre tête qu'elle vise à ébranler, à titiller, à amuser, à explorer, à éclairer.
Le coeur et la tête de chacun... autant de cibles à qui les cultures s'adressent. Seule la diversité des expressions artistiques a donc un sens puisqu'elle est la conséquence du caractère unique de chaque être.

La démocratisation culturelle, c'est considérer que, sans avoir aimé un film, on doit se battre pour que chacun puisse être en condition de le voir.

mardi 6 novembre 2007

lundi 5 novembre 2007

Ouverture



2003 a vu débouler dans nos oreilles deux drôles de minettes. Deux soeurs, pas siamoises pour un sou, mais qui ont à voir de près avec les félins. Cocorosie démarrait sa carrière et se posait là comme quelque chose qu'on attendait sans même y avoir jamais pensé.

Des bruits de rideaux que l'on tire, des boîtes à musique, des pianos de bébés, un chant de coq mal enregistré, on met très vite des images sur les sons qui nous parviennent. Alors qu'elles livrent petit à petit leurs morceaux enregistrés dans des pièces minuscules, elles dessinent de leurs doigts fins des scènes oniriques tantôt oppressantes, toujours intimistes. Dans ce drôle de souk, les voix des soeurs se mêlent et le chaos né des bruits étranges prend un autre sens, tous les éléments composent alors un art cohérent, délicat et très fragile. Ce sentiment traverse aussi bien leur premier disque, La Maison de Mon Rêve, que leur second, Noah's Ark, sur lequel figure le splendide Beautiful Boyz, en duo avec l'androgyne elvisien d'Antony and the Johnsons.



Coco et Rosie ont sorti cette année leur troisiéme opus. Il ne faut pas se le cacher, on a beau s'être régalé sur les premiers albums, on craint la lassitude dans un genre à l'équilibre si précaire.
Que nenni ! The Adventures of Ghosthorse ans Stillborn a mis d'énormes coups de maillet dans les murs qui servaient de studio d'enregistrement. Le son qui nous parvient désormais est plus chargé en oxygène que les poumons de quinze Jacques Mayol. Empruntant nettement plus aux rythmes hip-hop, elles élargissent leur palette comme une promesse d'un jeu toujours plus audacieux.
Un tournant risqué, un virage réussi, mais une fidélité à ce qui ont fait d'elles des déjà grandes. Après leurs atmosphères confinées, elles ont su nous montrer comment on pratiquait l'ouverture en intelligence et en sensibilité mais sans jamais rien céder de ses propres idéaux.


jeudi 1 novembre 2007

Légitimédiation



Les trompettes de la communication veulent nous faire croire que les pouvoirs du Parlement sortiraient renforcés des pages du rapport du comité Balladur. Ces éminents représentants, dont on sait qu'ils étaient pour la plupart notoirement favorables à une présidentialisation du régime, nous l'ont claironné sur toutes les ondes, tous les tons et à toutes les sauces.

Selon ses membres, le comité n'aurait fait que prendre acte de certains usages concernant le pouvoir réel du Président de la République, seul vrai chef de l'exécutif en temps de concordance des majorités

Deux solutions étaient dès lors envisageables.
Soit le comité, comme une chambre d'enregistrement, ménageait et confortait le rôle du Président en inscrivant les faits dans le droit.
Soit il corrigeait la perversité de l'usage du pouvoir en clarifiant les rôles de chacun des acteurs politiques dans la Constitution.
Comme certains préconisent la légalisation du dopage dans le sport au motif que celui-ci se banalise, le comité a choisi la première option, celle de la présidentialisation, notamment en réorientant, dans le texte, les pouvoirs principaux du gouvernement vers le Président lui-même. Il a donc considéré que le gouvernement aurait moins de légitimé que le Président de la République, papounet médiatique d'une nation toujours plus infantilisée... Je ne crois cependant pas me souvenir que le gouvernement de Lionel Jospin ait été soupçonné d'une quelconque illégitimité à côté d'un Président pourtant élu depuis moins de deux ans...

Car là est bien le problème, en identifiant le Président comme responsable de la définition de la politique de la Nation, le comité semble considérer comme peu probable l'hypothèse de la cohabitation, faisant fi de l'éventualité d'une crise politique, que le score de François Bayrou à l'élection présidentielle rend pourtant largement du domaine du possible dans les années à venir (fin du système bipolaire, émergence d'un centre déterminant pour l'identification des forces gouvernantes). D'autre part, la possibilité offerte au pouvoir législatif de contrôler l'action du gouvernement au point de pouvoir le démettre n'a de sens que dans la mesure où cet organe collégial est le véritable maître des décisions politiques.
En réalité, si on ne retire rien du pouvoir du Parlement (on en rajoute même un peu), on lui nie par la bande la possibilité d'une sanction politique à l'encontre de l'initiateur des politiques exercées.